Saint Marc, évangéliste

Jésus apparaît une dernière fois aux Onze réunis et les envoie pour porter à toute la création la Bonne Nouvelle du salut. Sur leur passage, leur parole sera attestée par des signes et des prodiges. La liste de ces prodiges que donne saint Marc regroupe tous ceux qu’on trouve décrits dans le livre des Actes des Apôtres.

Nous le savons, ces signes sont au service de la Parole et ne sauraient être recherchés pour eux-mêmes. S’il fallait encore prendre le soin de nous en convaincre, la première lecture suffirait amplement. Les apôtres que Jésus envoie ne sont pas des donneurs de leçon ni des individus doués de pouvoirs. Ce sont des frères qui ont choisi de se revêtir d’humilité dans les rapports les uns avec les autres. Ils se tiennent humblement sous la main puissante de Dieu. Autrement dit, les apôtres qui sont envoyés annoncer la Bonne Nouvelle à toute la création sont ceux qui, les premiers, ont choisi de s’exposer à la Parole qu’ils transmettent, ceux qui prétendent la laisser guider leur propre vie. Ils le font comme on met « un vêtement de travail », c’est-à-dire avec la conscience que la tâche demande un effort quotidien auquel on ne se dérobe pas. Il y a effort car se laisser façonner par la Parole n’est pas malheureusement pas naturel : c’est surnaturel.

Ce travail d’humilité, qui requiert sobriété et vigilance, rencontre nécessairement l’adversité et se mène dans la force de la foi : « le démon comme un lion qui rugit, va et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la foi ». La tactique du démon consiste à essayer de nous ébranler dans la foi et de nous détourner de l’humilité. « En effet Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce » ; maintenir l’homme dans l’orgueil le prive du salut offert. De même, l’Ennemi entretient-il un sentiment d’autonomie illusoire qui éloigne des chemins de la foi, car il est écrit : « celui qui refusera de croire sera condamné ».

Cette entreprise de séparation de l’homme et de Dieu est l’exact opposé du travail de la Bonne Nouvelle, qui est Parole de réconciliation. En demandant que la Bonne Nouvelle soit portée à toute la création, le Seigneur dévoile qu’il veut tout réconcilier avec lui et en lui, l’ensemble de l’humanité bien entendu, mais encore tous les êtres créés. Nous voyons qu’il compte sur nous pour un projet d’envergure ! Nous voyons aussi que l’effort fondamental que les témoins de la Parole ont a faire – et à vivre – est précisément un effort de réconciliation. En disant qu’il faut avoir accueilli la Parole pour porter la Parole, l’évangile nous dit qu’il faut être réconcilié pour ouvrir à la réconciliation.

Voilà qui met en exergue l’importance de notre propre travail d’unification. Jésus dit en effet : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné ». Voilà qui doit nous motiver à éviter à nos frères la condamnation. Il nous faut nous placer en situation de les convaincre d’entrer dans l’Alliance scellée par le sang du Christ. C’est-à-dire qu’il nous faut être de vivants exemples de l’œuvre de réconciliation de Notre Seigneur. La manière dont nous vivons la réconciliation offerte par le Christ est un signe pour ceux à qui le Seigneur nous envoie porter la Bonne Nouvelle.

Que cette eucharistie nous unisse davantage à notre Seigneur, que notre unité avec lui et entre nous manifeste aux yeux de tous la force de son amour et obtienne que toute la création accueille la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ.