Homélie
Saints Philippe et Jacques, apôtres
Nous fêtons aujourd’hui saint Philippe et saint Jacques, apôtres du Seigneur. C’est l’occasion de méditer sur l’appel gratuit du Seigneur adressé à certains de ses enfants pour prendre conscience toujours plus profondément qu’à notre tour nous sommes nous aussi envoyés par lui pour témoigner de l’Evangile. Certes, nous ne pouvons nous comparer aux Douze mais il n’en demeure pas moins que le Christ par notre baptême a fait de nous des prophètes, témoins de la Bonne Nouvelle du salut.
Cette Bonne Nouvelle, cet Evangile, comme nous le rappelle saint Paul dans la première lecture, nous l’avons reçu tout comme les Corinthiens. C’est le dépôt de notre foi et l’Apôtre des Gentils nous invite à le garder fidèlement tel qu’il nous a été annoncé. Fêter les Apôtres, c’est revenir aux racines de notre foi pour être renouvelés dans notre appartenance au Christ et faire grandir l’authenticité de notre témoignage au cœur du monde.
Tout apôtre doit entrer dans une démarche de foi pure. Car seule la foi nous permet de reconnaître en Jésus « le chemin, la vérité, la vie » (Cf. Evangile) qui finalement résume bien la Bonne Nouvelle du Salut que l’apôtre est chargé d’annoncer.
En effet, ces trois paroles chemin, vérité et vie appliquées au Christ indiquent ces trois fonctions spécifiques de médiateur, de révélateur et de sauveur. Jésus est le seul capable de nous mettre en relation avec le Père (chemin), il est le seul qui manifeste en plénitude la vie et l’amour du Père pour tout homme (vérité), il est le seul qui communique au monde le salut qui est la vie même de Dieu (vie).
Combien est vraie cette parole de Jésus adressée à Philippe : « Qui me voit, voit le Père » (Cf. Evangile). Jésus renvoie au Père, Jésus conduit au Père car il ne fait qu’un avec le Père comme le Père ne fait qu’un avec lui.
Cette mutuelle immanence du Père dans le Fils et du Fils dans le Père ne peut être reçue que dans la foi. Voilà pourquoi Jésus exhorte Philippe à croire : « Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi », « Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi » (Cf. Evangile), ce qui revient à croire en la divinité de Jésus, Fils du Père.
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père » (Cf. Evangile). Ainsi de même que les œuvres et les paroles de Jésus sont œuvres et paroles du Père, le croyant accomplira les mêmes œuvres que Jésus voire même de plus grandes encore. Il ne s’agit pas ici d’opérer des miracles encore plus prodigieux que ceux de Jésus. Non, Jésus veut dire qu’une fois ressuscité et exalté à la droite du Père, celui qui mettra sa foi en lui pourra mener à leur accomplissement les signes qu’il a annoncés dans l’évangile : « donner la vie aux croyants » (Jn 17,2), « rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52) et triompher du monde (Jn 16,8-11).
Voilà la mission de l’apôtre qui repose sur sa foi en Jésus, Fils du Père, et par laquelle il coopère à l’action salvifique du Fils à savoir : réconcilier les hommes avec le Père pour jouir éternellement de sa vie divine.
L’efficacité de son apostolat, l’apôtre sait aussi qu’il aura toujours à la recevoir du Fils assis à la droite du Père : « si vous me demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai » (Cf. Evangile).
« Seigneur, daigne nous accorder, à l’exemple de tes saints apôtres Philippe et Jacques, de garder nos cœurs sans cesse tournés vers toi pour t’offrir ceux vers qui tu nous envoies afin que notre témoignage auprès d’eux puisse porter un fruit de salut pour la vie éternelle. Fortifie notre foi pour que déjà toute notre existence annonce que toi seul est le chemin, la vérité et la vie. C’est ce que nous avons reçu de toi et qu’à notre tour nous voulons transmettre au monde comme une parole d’espérance qui porte en elle le salut. »