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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

lundi, 6ème semaine du temps ordinaire

« Cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire ». On comprend que Jésus soupire profondément : lui qui ne se lasse pas de faire le bien - il vient de multiplier les pains (Mc 8,1-10) - pour manifester aux hommes son amour, ne reçoit en réponse que déni, méfiance, soupçon. Les pharisiens avaient disparu de la scène ; sans doute pour se concerter et décider de la stratégie à mettre en place pour éliminer ce Rabbi de Nazareth dont l’influence leur fait de l’ombre. Survenant à l’improviste, ils « se mettent à discuter avec Jésus » : le verbe désigne une joute rationnelle comportant une certaine animosité. Leur but est de mettre Jésus « à l’épreuve », sous-entendu : dans l’espoir de le discréditer aux yeux de la foule. « Ils demandent un signe venant du ciel ». L’interpellation est d’autant plus surprenante qu’ils ont certainement entendu parler de la multiplication des pains. Si ils ont néanmoins une telle exigence, c’est donc qu’ils ne considèrent pas que ce miracle atteste le pouvoir divin de celui qui l’a posé ; ils n’interprètent pas ce signe comme « venant du ciel ». Ils veulent une preuve plus convaincante, qui manifesterait indubitablement que Dieu est à l’œuvre dans les faits et gestes de Notre-Seigneur.
Or une preuve contraignante n’est plus un signe car elle ne nécessite plus d’interprétation. La preuve s’impose à nous alors que le signe nous invite au risque de l’interprétation ; il sollicite un engagement personnel dans la recherche d’un sens possible ; par le fait même, le signe met en route sur le chemin de l’identification de Jésus. C’est précisément ce que repoussent les pharisiens. Ils prétendent le connaître et n’acceptent pas de sortir du périmètre de leurs aprioris. Aussi n’est-ce pas Jésus qui refuse de donner des signes mais « cette génération » qui refuse de reconnaître aux miracles qu’il accomplit, la valeur de signes.
Inutile de poursuivre un dialogue de sourd : Jésus préfère quitter les pharisiens, et « remontant dans la barque, il partit vers l’autre rive ». Cette dernière précision est sans doute significative. « L’autre rive » désigne le rivage au-delà de la mer - entendons au-delà de la mort - où Jésus ressuscité va accoster au matin de Pâques. Même la résurrection ne sera pas un « signe » pour les pharisiens, qui croiront avoir classé « l’affaire Jésus » le vendredi saint.
Deux univers se séparent : ce monde clos, refermé sur lui-même, sur son prétendu savoir, poursuit sa course sans but, ayant refusé la main tendue de celui qui lui ouvrait pourtant la porte de la vie ; mais pour ceux qui ont cru en lui, un autre monde a surgi, tout illuminé de la gloire du Seigneur ressuscité, qui les accompagne « tous les jours, jusqu’à son retour » (cf. Mt 28,20). Le premier monde fait chaque jour la une des journaux ; du second on ne parle pas, sauf quelques attardés qui, rassemblés en Église, font mémoire « d’un certain Jésus qui est mort, et qu’ils déclarent toujours vivant » (cf. Ac 25,19).
Pourtant dans le secret des cœurs et au cœur du monde, son Esprit poursuit son œuvre. A ceux qui l’accueillent, il enseigne les voies discrètes de l’amour, pour qu’à leur tour ils soient des signes vivants du Royaume de justice et de paix, que leur Seigneur a inauguré et leur a confié.

« Seigneur, donne-moi la sagesse de pouvoir lire les signes de ta présence dans les événements de ma vie. Accorde-moi de pouvoir me réjouir même dans les épreuves que tu permets pour “vérifier la qualité de ma foi, me conduire à la persévérance et à une conduite parfaite” (cf. 1ère lect.). Je pourrai alors te rendre grâce et te bénir, “trouvant ma consolation dans ton amour, selon tes promesses à ton serviteur” (Ps 118). »


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