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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

jeudi, 6ème semaine du temps ordinaire

L’évangile que nous méditons aujourd’hui est de première importance. Il est au cœur de l’évangile de Marc. Il pose la question de l’identité de Jésus.

Il nous semble pourtant que nous avons tous les éléments en main pour l’aborder sereinement, car nous savons bien qui est Jésus : il est le Christ, le Sauveur, notre Seigneur. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à avoir une idée juste sur cette question. Saint Marc, dès le premier verset de l’évangile, nous a dit que Jésus était Christ et Seigneur ; au jour du baptême, une voix venue du Ciel nous a dit qu’il était le « fils bien aimé », et même les esprits impurs savent : ils l’appellent « Saint de Dieu » et « fils de Dieu ».

Aussi bien renseignés, le risque pour nous est de regarder d’un peu loin la scène de Césarée de Philippe. Nous y apprenons en effet que tout le monde s’interroge : la foule, la famille de Jésus, les disciples eux-mêmes. Toutes les hypothèses sont entendues. Il serait Jean-Baptiste, ou Elie, ou un prophète tout au moins. Ces déclarations ne sont pas sans valeur, mais c’est de Pierre que vient la réponse attendue : « tu es le Messie ! ».

Cependant la distance que nous pourrions maintenir avec le texte est renforcée par l’attitude de Pierre. Son affirmation est belle, elle est juste, mais elle nécessite d’être purifiée. Sa réaction négative à l’annonce de la Passion montre en effet qu’il ne voit dans le messie que la dimension temporelle. Or, pour la première fois, Jésus évoque sa destinée. A l’annonce de son identité par ses disciples, l’avenir s’éclaire : il n’y a pas de messie qui ne passe par la mort. Il ne s’agit évidemment pas d’un simple supplément d’information. Cette annonce est un véritable enseignement (c’est d’ailleurs le mot choisi par Marc), et constitue le cœur de l’annonce chrétienne : le messie doit être rejeté, tué, et trois jours après ressusciter d’entre les morts.

Il me semble que cet élément peut être pour nous une porte d’entrée privilégiée dans cette page d’évangile. Le fait que le messie doive être rejeté ainsi est en effet le point sur lequel tous butent, saint Paul en témoigne : « nous, nous proclamons un christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens » (1 Co 1, 23). Ici nous pouvons facilement la tranquillité de notre savoir. Jésus est certes le Messie, mais un messie souffrant. Ainsi ébranlés nous entendrons mieux sans doute que le commandement du silence fait par Jésus nous concerne aussi.

En effet, si Pierre doit se taire et ne pas répéter que Jésus est Messie, ce n’est pas seulement parce qu’il n’a pas encore entièrement compris quel messie est Jésus. C’est parce que nous-mêmes ne pouvons entièrement le comprendre par les ressources de notre propre savoir. Pour découvrir le Messie, il faut percer l’énigme que scelle Jésus en ordonnant le silence. Comme il l’ordonne, il faut se mettre derrière lui pour découvrir où il va.

Pierre en effet n’est pas un homme imbu de désir de puissance et de gloire. Il est un homme de son temps. Un homme pour qui il est inconcevable de penser un Messie qui ne soit ni glorieux ni puissant. Personne à son époque n’imaginait autre chose. Saint Pierre a au moins le mérite de tenter de découvrir le sens de ce qu’il vit et de ce qu’il voit. Nous sommes nous aussi des hommes de notre temps ; des hommes qui ne peuvent imaginer certains aspects du visage du Messie ; des hommes qui ont à découvrir comment le Christ donne sens à leur vie.

Pour confesser avec fruit que Jésus est le Messie, nous devons entrer dans la contemplation de notre Seigneur. Nous devons le regarder en chemin vers Jérusalem, pour comprendre qu’il n’y a de rencontre avec le Christ que dans la faiblesse assumée, la vulnérabilité acceptée.

Marchons donc résolument à la suite de notre Seigneur. Notre savoir est clair : Jésus est le Messie, le fils du Dieu vivant, notre Sauveur. Suivons-le donc à Jérusalem. Suivons-le sur les chemins de sa Passion. Suivons-le dans la force de l’esprit que nous venons de recevoir. Nous pénètrerons ainsi l’énigme de sa véritable identité. Nous contemplerons le mystère de son cœur ouvert et offert. Alors nous pourrons le rencontrer et proclamer en vérité : « mon Seigneur et mon Dieu ».


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