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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mercredi, 8ème semaine du temps ordinaire

Il s’agit de la troisième – la plus longue – annonce de la Passion. Jésus énumère en détail les souffrances qu’il aura à endurer très prochainement : le récit précise en effet que le Seigneur précède les disciples dans sa montée vers Jérusalem. Ils le suivent, « effrayés » : comment ne pas nous reconnaître dans ce groupe d’hommes et de femmes, qui, hésitants, mettent leurs pas dans ceux du Christ marchant vers sa Passion ?
Le contraste entre les paroles de Jésus et l’intervention de Jacques et de Jean est flagrant : soit ils n’ont pas entendu ce que le Maître vient de dire, soit ils refusent d’entendre et fuient dans de futiles questions de préséance, pour écarter les sombres perspectives que Jésus vient de leur faire entrevoir pour la troisième fois. Quoi qu’il en soit, leur intervention trahit les espoirs purement terrestres que nourrissent encore les Douze, dans la perspective de l’instauration prochaine du Royaume messianique qu’ils imaginent selon des critères tout humains.
Délicatement, Jésus souligne leur ignorance des voies de Dieu - « Vous ne savez pas » - et les ramène à la dure réalité qui attend ceux qui veulent lui emboîter le pas. Certes Jacques et Jean se disent prêts à affronter l’épreuve - « boire à la coupe » et « recevoir le baptême » ne pouvait avoir que ce sens -, mais dans la perspective d’une victoire finale et d’une glorification terrestre. Comme ils ne semblent pas conscients de la présomption de leur intervention, Jésus n’insiste pas. Sa réponse peut être interprétée comme une allusion au témoignage suprême qu’ils auront à rendre un jour, lorsque l’Esprit les aura remplis de sa force ; mais elle est surtout une leçon pour les disciples de tous les temps : la mise à disposition de nos vies doit être inconditionnelle ; pour suivre le Christ, il nous faut renoncer à tout projet, sauf celui de servir Dieu en accomplissant sa volonté. Toute autre motivation - fût-elle d’un strapontin dans le ciel - est indigne du vrai disciple, car elle reviendrait à utiliser Dieu comme un moyen pour rejoindre une fin de glorification personnelle.
La demande des deux frères provoque du remous dans l’équipe ; aussi Jésus élargit-il son enseignement. Partant de leurs préoccupations - être considérés comme des « chefs », « commander en maîtres » ; être perçus comme des « grands » ; « faire sentir leur pouvoir » - il énonce en contre-point la loi fondamentale de la communauté des disciples : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous ». Le motif de ce paradoxe n’a rien de démagogique : il n’y a pas d’intention « cachée » derrière ce précepte ; la raison est uniquement l’imitation du « Fils de l’homme » qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir ». Notre seule gloire est de pouvoir servir Dieu et nos frères, dans la désappropriation la plus complète des fruits de notre engagement, à l’image du Fils de l’homme, qui pousse la gratuité du service jusqu’à « donner sa vie en rançon pour la multitude ».

« Seigneur, que ton programme est exigeant ! Rien d’étonnant qu’il suscite en nous de telles résistances - à l’image de celles que les Onze ont éprouvées avant nous. Pourtant nous le croyons : “ce qui nous a libérés de la vie sans but que nous menions, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ; mais ton sang précieux, toi l’Agneau sans défaut et sans tache” (cf. 1ère lect.). Aussi nous t’en prions : envoie sur nous ton Esprit, afin que nous trouvions en lui la force du consentement, et que nous te laissions disposer de nous selon ton bon vouloir. »


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