Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
Navigation: Homélie

 

Homélie

9e dimanche du Temps Ordinaire

Nous entrerons dans le thème de la liturgie de ce jour par les deux paraboles qui clôturent l’Evangile. Il s’agit en effet de la fin du discours sur la montagne ; aussi tout porte à penser que les dernières paroles de ce long enseignement ont une portée toute particulière.
Les deux hommes que Jésus met en scène, effectuent le même travail : tous deux bâtissent une maison. Au niveau de ce qui se voit, il n’y a pas de différence. Cette maison, c’est notre propre vie que nous avons à construire au jour le jour. Cependant le premier est qualifié de « prévoyant » parce qu’il fonde son projet sur le roc. De quel « roc » pourrait-il s’agir, sinon celui de la paternité divine, dont la révélation constitue le cœur du Sermon : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). En se reconnaissant fils, l’homme prévoyant accueille le sens de sa vie ; il manifeste concrètement cette filiation par son obéissance aux préceptes que Jésus lui révèle de la part du Père.
Le second est déclaré « insensé » parce qu’il ne fouille pas dans le sable de sa vie pour y découvrir le roc qui pourrait servir de fondation à sa maison. Son entreprise ne tient pas face aux intempéries, car la volonté propre de l’homme ne résiste pas à l’usure du temps et des épreuves. Ses œuvres sont éphémères comme tout ce qui n’a de racines qu’en ce monde : ciel et terre passeront, seule la Parole de Dieu subsistera à jamais.
Si la maison du premier demeure inébranlable c’est uniquement parce que le Seigneur lui-même est « le Rocher qui l’abrite, la maison fortifiée qui le sauve » (Ps 30). Cet homme qui a mis sa confiance dans le Seigneur ne sera pas déçu : « Heureux est l’homme qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau qui donne du fruit en son temps ». Jésus lui-même suggère le rapprochement avec le psaume 1 que nous venons de faire : il vient en effet de dire dans les versets qui précèdent immédiatement notre péricope : « C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. C’est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits, et que l’arbre mauvais donne des fruits détestables » (Mt 7,16-17). Si nous prenons à la lettre les deux images - celle de la maison et celle de l’arbre - il apparaît que nous ne pouvons porter de fruit durable en dehors d’une relation intime avec le Seigneur, qui assure la fécondité et la solidité de notre vie.
Il ne suffit cependant pas d’obéir servilement à un ensemble de préceptes pour attirer sur soi la bénédiction divine : « les commandements que je vous donne, précise le Seigneur par la bouche de Moïse, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme » (1e lect.). Il s’agit donc d’intérioriser la Loi, de la faire nôtre ; car ce qui est en jeu, ce n’est pas une obéissance formelle aux commandements, mais la fidélité à celui qui les donne. Le Seigneur annonce en effet la malédiction à ceux qui en refusant de « mettre en pratique ses décrets et ses commandements, abandonnent ses chemins, pour se mettre à la suite d’autres dieux » (Ibid.).
En nous efforçant d’obéir à la Parole, c’est notre attachement à la Personne de celui qui la prononce que nous manifestons. De même que Jésus demeure uni à son Père par une parfaite communion de volonté et d’amour, nous sommes invités à demeurer étroitement unis au Christ en accueillant sa Parole avec une pleine disponibilité intérieure. Le Royaume est présent au milieu de nous dans la Personne de Jésus. Il est la « porte étroite, le chemin resserré qui conduit à la vie » (Mt 7,14). Pour entrer dans le Royaume, il faut donc passer par lui, c’est-à-dire s’unir à lui dans l’amour et s’engager à sa suite sur le chemin de l’obéissance à la volonté du Père, qu’il nous révèle par sa Parole et son comportement. « Il ne suffit pas de me dire : “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux ». C’est ainsi que nous demeurerons en lui, comme lui en nous ; et « celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car en dehors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,4-5).
Hors de Jésus - lumière, nous errons en effet dans les ténèbres, car « tous les hommes sont dominés par le péché ; tous sont privés de la gloire de Dieu » (2e lect.), c’est-à-dire de la participation à sa vie. Mais « Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve » ; et cette justice de Dieu est donnée gratuitement à tous ceux qui mettent leur foi en Jésus Christ, et accueillent avec gratitude le fruit de la Rédemption qu’il a accomplie par l’offrande de son sang pour le pardon des péchés (cf. 2e lect.).
Construire notre vie sur le Roc, c’est référer toutes nos pensées, nos paroles et nos actions à l’événement du salut, par lequel, en épousant notre condition humaine jusque dans notre mort, le Christ nous offre, à chaque instant et en toutes circonstances, la bénédiction de sa présence indéfectible au cœur même de nos vies. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous invite avec insistance à « vivre dans le Christ, le Seigneur : soyez enracinés en lui, construisez votre vie sur lui ; restez fermes dans la foi » (Col 2,6-7). Une foi « agissant par la charité » (Ga 5,6) qui accomplit dans l’Esprit les œuvres que le Père attend de ses enfants.

« Seigneur, “sur ton serviteur que s’illumine ta face ; sauve-moi par ton amour” (Ps 30). En toi je prends refuge : veille sur moi, sois ma forteresse ; pour l’honneur de ton nom, conduis-moi et guide-moi. Renouvelle mon courage et fortifie-moi par ton Esprit, afin que je ne fléchisse pas sur le chemin de l’espérance. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales