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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

lundi, 9ème semaine du temps ordinaire

Après avoir refusé de répondre à leur question, Jésus poursuit néanmoins le dialogue avec les « chefs des prêtres, scribes et anciens », dans l’espoir d’ouvrir leurs yeux sur l’ambiguïté de leur comportement. Notre-Seigneur leur présente une parabole, dont le sens ne pouvait pas leur échapper, comme le confirme d’ailleurs l’évangéliste en finale de notre péricope : « Ils avaient bien compris que c’était pour eux que Jésus avait dit cette parabole ». Mais alors qu’ils ont perçu ce que le Seigneur insinue à leur propos, paradoxalement, en « cherchant à l’arrêter », ils confirment ce qu’il vient de suggérer !
Nous touchons ici un trait saillant de toute parabole : elle manifeste la vérité en arrachant le voile de notre hypocrisie ; elle étale au grand jour nos intentions inavouables et nous oblige à nous situer par rapport à celui dont elle révèle la présence cachée.
En leur signifiant qu’il avait percé leurs intentions meurtrières, Jésus n’entend pas enfermer ses interlocuteurs dans leur malveillance ; il les invite tout au contraire à réfléchir à ce qu’ils sont en train de comploter ; il leur offre une dernière chance de s’arracher à l’engrenage de la violence qui sera bientôt irréversible ; il les appelle à ne pas se laisser vaincre par le mal, qui finit toujours par engloutir ceux qui l’utilisent.
Mais en quoi cette parabole nous concerne-t-elle ?
Certes, nous n’avons nullement l’intention d’assassiner l’héritier du Royaume afin de nous saisir de l’héritage ; mais il y a bien des manières d’imiter ces vignerons ingrats. Refuser d’écouter ce que le Père nous dit par ses envoyés, les prophètes ; ne pas respecter les Paroles de « son Fils bien-aimé » qui vient accomplir leurs enseignements ; mépriser les conseils de l’Eglise, dispensatrice de toutes grâces ; et prétendre néanmoins avoir droit au salut : voilà un comportement qui ressemble étrangement à celui des personnages mis en scène par Jésus.
Chaque fois que nous prétendons être des justes tout en marchant sur d’autres chemins que celui de l’Evangile tel que nous le propose l’Eglise, nous nous comportons d’une manière tout aussi insensée que ces hommes qui « jettent hors de la vigne » celui qui en est le propriétaire. En prétendant disposer par nous-même du don de Dieu, plutôt que de le recevoir à chaque instant avec reconnaissance, nous trahissons une suffisance qui étouffe l’amour, et nous exclut de fait du salut.
Mais le refus de la dépendance filiale ne tarit pas pour autant la charité divine : là où le péché abonde, la grâce surabonde. Lorsque Jésus demande : « Que fera le maître de la vigne ? », on peut imaginer qu’il parcourt du regard ses interlocuteurs, puis verbalise ce qu’il vient de lire sur leur visage : « “Il viendra, fera périr les vignerons et donnera la vigne à d’autres” ; c’est cela n’est-ce pas ? Croyez-vous que le sang des meurtriers puisse racheter celui du “Fils bien-aimé” ? Pensez-vous vraiment que le Seigneur se laisse entraîner dans la spirale de la violence ? » Navré de l’endurcissement de leurs cœurs, Jésus les invite à faire mémoire de la promesse : « N’avez-vous pas lu ce passage de l’Ecriture : “la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire” ? »
Non la violence meurtrière n’aura pas le dernier mot : la pierre rejetée sera érigée au matin de Pâques comme pierre d’angle d’un édifice non fait de mains d’hommes. L’Eglise est le nouveau peuple de Dieu à qui celui-ci ne confie pas, mais donne sa vigne, comme un Père donne ses biens en partage à ses fils. Telle est « l’œuvre du Seigneur, une merveille sous nos yeux ». De ce salut, nul n’est exclu, pas même les vignerons homicides, car la vengeance du Dieu consiste à triompher de la haine par la miséricorde, et à faire jaillir des cœurs les plus endurcis la source vive de l’amour. Le saint n’est toujours qu’un pécheur pardonné, c’est-à-dire un pécheur qui s’est ouvert au don de la grâce par-delà les refus accumulés ; un fils égaré qui s’est laissé réconcilier avec son Père, et s’est livré au feu de sa charité.

« Seigneur, “nous avons bien compris que c’est pour nous que tu as dit cette parabole”. Ne permet pas que “nous te laissions et nous nous en allions” loin de toi, cherchant à t’éliminer de notre vie, pour éviter d’avoir à nous convertir. Arrache-nous à l’illusion de la toute-puissance, qui nous fait miroiter un salut que nous pourrions obtenir par nous-même, hors de toi et sans toi. Et ouvre nos yeux à la merveille de ton œuvre, toi qui nous sauves en te servant de notre malice comme d’un réceptacle pour ta miséricorde. »


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