Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

Saint Charles Lwanga et ses compagnons, martyrs

« On envoya à Jésus des pharisiens et des hérodiens pour le prendre au piège ». Leur intention est clairement annoncée : ils ne viennent pas trouver Jésus pour qu’il réponde à leur question. Sur la question des impôts comme sur bien d’autres, ils ont déjà un avis arrêté. Ils n’attendent de Jésus ni de les enseigner ni de les aider à améliorer la justesse de leur position. Par leur question, ils espèrent seulement le pousser à l’erreur. Nous connaissons leur stratégie : ils posent une question fermée qui mettra nécessaire Jésus en tord. S’il répond « oui », les pharisiens se déclareront témoin d’un appel à la complicité avec l’occupant romain. S’il répond « non », les hérodiens crieront au révolutionnaire qui méprise l’autorité établie par la puissance romaine. Mais Jésus s’en sort en les plaçant devant Dieu seul, de telle manière qu’il provoque leur étonnement à tous. Saint Marc met bien en valeur de quelle manière Jésus désamorce habillement le piège.

Nous connaissons bien cette anecdote, pour l’avoir déjà entendue et méditée, et parce que la réponse de Jésus est devenue proverbiale. Mais nous devons nous poser la question : pourquoi méditer cet évangile ce soir ? En quoi cette question sur l’opportunité de payer l’impôt aux Romains nous instruit-elle ?

Pour y répondre, nous situer un peu à distance de la scène nous aidera peut-être. Nous prêterons alors mieux attention à la manière dont saint Marc souligne les enjeux de cette discussion. Il y a en effet énormément d’ironie dans cet échange.

D’abord, relevons l’hypocrisie des opposants au Seigneur. Elle est magnifiquement mise en scène et elle nous interpelle. Il y a en effet en nous des pharisiens et des hérodiens, c’est-à-dire des forces spontanément ennemies entre elles mais qui savent s’unir pour lutter contre l’homme nouveau. Il est possible de les reconnaître à leur discours. Un discours qui dit la vérité sans en avoir conscience. « Nous le savons tu dis toujours vrai » ; « tu enseignes le vrai chemin vers Dieu ». Effectivement, le Seigneur Jésus dit toujours vrai et il enseigne le vrai chemin vers Dieu ; mais ce qui est comique n’est pas que ces hommes disent la vérité sans s’en rendre compte, c’est qu’ils disent une phrase dont ils n’imaginent pas qu’elle puisse être vraie. Eux qui vivent dans le mensonge se moquent en évoquant quelqu’un qui dirait toujours vrai, convaincus que cela n’existe pas et qu’il faut être bien faible pour croire leur boniment. Méfions-nous de ces attitudes ou de ces pensées en nous qui proclament une vérité à laquelle ne correspond aucune implication existentielle : elles annoncent un complot intérieur contre l’homme nouveau.

D’ailleurs Jésus ne s’y trompe pas, il les reconnaît immédiatement. « Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? », répond-il pour dénoncer l’hypocrisie dont il n’est pas dupe.

Vient alors l’épisode la piécette. La question est de savoir à l’image de qui nous désirons être. Sur la monnaie romaine effet, il n’y avait pas que l’effigie de l’empereur : elle était aussi entourée de la mention : « Pontife Suprême », c’est-à-dire la plus grande puissance qui existe. Finalement, voilà le credo des opposants à Jésus.

La question nous rejoint donc des fondements de notre être spirituel. Est-ce l’image de l’homme que donne ce monde qui nous attire, celui qui se prétend radicalement autonome et puissant, ou bien désirons-nous vivre à l’image de notre Dieu, qui ne possède pas de monnaie frappée à la gloire de la puissance mais qui nous rappelle que nous sommes créés à l’image de Dieu.

Ainsi, la réponse qu’il fait est un résumé de sa mission. Il est venu rendre à César ce qui est à César, c’est-à-dire laisser le monde à son destin orgueilleux et morbide, et rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est-à-dire les hommes, façonnés à son image et portant, gravée dans leur cœur, sa loi d’amour. Telle est l’effigie que nous portons depuis le jour de notre baptême.

Par la maxime qu’il donne, Jésus nous renvoie donc à notre responsabilité, à nos propres choix. Certes, les pharisiens et les hérodiens sont stupéfaits par la démonstration d’une sagesse telle qu’il n’aurait pu imaginer qu’elle existe. Mais elle aurait dû ouvrir leur cœur à la foi. C’est encore un refus de se convertir que d’interpréter la victoire du Seigneur comme une défaite de ses projets artificiels.

Seigneur, donne-nous la sagesse qui permet de discerner les complots qui ne se trament dans nos cœurs à notre insu. Donne-nous d’être assez attirés par la lumière de la grâce baptismale qui brille en nous, pour que nous choisissions radicalement de te suivre, de changer notre façon de penser et de faire le choix de ton amour, à n’importe quel prix. Alors nous connaîtrons la joie d’être sauvés, nous nous découvrirons tels que nous sommes, à l’image de Dieu.


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales