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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mercredi, 9ème semaine du temps ordinaire

Les sadducéens refusent de croire que les morts ressuscitent, sous prétexte que la Thora – c’est-à-dire le Pentateuque - n’en fait pas mention. Par contre les pharisiens, suivis en cela par la majorité des juifs de l’époque de Jésus, enseignaient la foi en la résurrection. Jésus est donc sollicité pour prendre position au cœur d’un débat assez passionné, comme nous pouvons nous en rendre compte au chapitre 23 du livre des Actes, où Saint Paul tire astucieusement profit de cet antagonisme pour se soustraire à ses accusateurs.
L’argumentation des sadducéens s’apparente à un raisonnement par l’absurde : il s’agit de prouver la fausseté d’une hypothèse en poussant jusqu’au bout ses conséquences, et en montrant qu’elle conduit à un non-sens. Ils s’appuient sur le mariage du lévirat, tel qu’il est décrit en Dt 25,5s : le beau-frère ( le lévir) non marié est obligé d’épouser sa belle-sœur veuve, si son mari ne lui a pas donné de garçon. Les fils de cette union étaient considérés comme les fils du premier mari défunt. Les raisons de cette pratique étaient avant tout économiques et sociales : il s’agissait de trouver un héritier qui puisse porter la responsabilité du patrimoine familial laissé par le défunt.
La réponse de Jésus souligne l’étroitesse de vue de ses interlocuteurs, qui imaginent l’au-delà sur l’horizon de leurs traditions humaines, et par le fait même, réduisent l’espérance eschatologique à un simple prolongement de la vie terrestre. Une telle interprétation signifie à la fois « méconnaître les Ecritures et la puissance de Dieu ».
Notre-Seigneur commence par démontrer que les sadducéens « méconnaissent les Ecritures », car contrairement à ce qu’ils prétendent, celles-ci annoncent la résurrection, y compris dans les cinq premiers livres de la Bible, les seuls que reconnaissent ses contradicteurs. Jésus cite en effet le célèbre passage du Buisson Ardent au livre de l’Exode (Ex 3,1-6 ; 13-15) : « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants » ; ce qui implique que le Seigneur « ne peut abandonner son ami à la mort, ni lui laisser voir la corruption » (Ps 16[15], 10).
Les sadducéens « méconnaissent également la puissance de Dieu », puisqu’ils ne semblent pas croire que Dieu puisse réaliser une telle œuvre.
La leçon vaut aussi pour nous et nous interroge sur la manière dont nous lisons la Parole : l’interprétons-nous sur l’horizon de nos conception humaines de la vie et de la mort, ou nous laissons-nous « guider vers la vérité toute entière » (Jn 16,13) par l’Esprit Saint qui nous interprète les Ecritures ?
La foi en notre participation à la résurrection du Christ se fonde sur sa Parole, confirmée par le Père et attestée par l’Esprit. « Car Dieu nous a sauvés, et il nous a donné une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible à nos yeux, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté en détruisant la mort, et en faisant resplendir la vie et l’immortalité par l’Évangile » (1ère lect.).
L’objet de notre espérance n’est pas une simple survie, mais une action divine déconcertante, apparentée à une nouvelle création, qui réalisera pour nous « ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1 Co 2, 9).
Certes l’homme sera toujours masculin jusque dans son corps glorieux, et la femme sera toujours son vis-à-vis complémentaire qui suscitera son émerveillement comme au matin de la Genèse (Gen 2, 23). L’amour sera même plus brûlant que jamais en leur cœur, selon le dessein originel du Créateur. Mais l’état de l’humanité glorifiée ne nécessitera plus la procréation au sens où nous la vivons dans notre condition terrestre. L’homme et la femme s’aimeront en Dieu, qui leur donnera part dans l’Esprit à la fécondité de son amour divin.
Forts de cette promesse, « tendons vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. Quand paraîtra le Christ notre vie, alors nous aussi, nous paraîtrons avec lui en pleine gloire » (Col 3,1-4).

« Seigneur, ”vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel” (Ps 122), car de toi vient le salut. Réveille en moi le don que j’ai reçu au baptême (cf. 1ère lect.) : que ton Esprit de sainteté illumine mon intelligence pour que je puisse discerner tes appels, et qu’il fortifie ma volonté pour que je puisse y répondre généreusement : “je suis sûr qu’il est assez puissant pour sauvegarder ma foi jusqu’au jour de ta venue” (Ibid.) ; car tu n’es pas un Dieu des morts qui m’aurait donné un Esprit de peur, mais le Dieu des vivants, qui donne à ses enfants un esprit de force, d’amour et de raison. »


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