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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

mardi, 10ème semaine du temps ordinaire

Le sel n’est pas que le condiment qui relève la saveur des aliments : il est aussi ce qui les conserve. Avant l’apparition des frigos, on enduisait les denrées périssables de sel pour ralentir leur dégradation inévitable. Plus radicalement encore : le sel a rapport à la vie ; il fait partie des aliments indispensables. Il suffit de se rappeler la « marche du sel » entreprise par Gandhi, pour prendre conscience de son importance vitale.
Mais pourquoi Jésus précise-t-il : « vous êtes le sel de la terre » ? Renseignements pris, il semble qu’en Palestine, on ajoutait du sel au fumier pour servir d’engrais. Cette expression signifierait donc que le disciple est la condition de la fécondité de la terre, entendons : du monde. Le chrétien possèderait une sagesse qui seule peut féconder les efforts des hommes en les orientant vers Dieu. Sagesse discrète, sans éclat, car le sel, tout comme le levain, demeure invisible. Sagesse discrète également quant à sa quantité : les aliments trop salés sont franchement immangeables. Le sel est donc un serviteur qui doit savoir se tenir à sa place, même si son ministère est indispensable. Il est au service des aliments qu’il conserve et dont il relève le goût, et plus radicalement encore : au service de la vie, dont il est un élément irremplaçable. Lorsque Jésus affirme : « Vous êtes le sel de la terre », il nous invite à nous mettre au service, discret et efficace, de nos frères, afin qu’ils puissent jouir de la vie que Dieu leur donne.
Essayons de préciser ce ministère ; notre verset fait immédiatement suite aux Béatitudes, en particulier celle des persécutés qui clôture la liste. Tout porte dès lors à penser que la sagesse dont il est question est celle de la Croix glorieuse. Sans cette sagesse qui ouvre sur l’espérance de la vie éternelle, les efforts que nous déployons en cette vie demeurent stériles et vains, car tout est emporté par la mort qui survient à son heure. Ce qui empêche les hommes de savourer la vie, c’est la peur de la mort qui couvre chaque jour de son voile de deuil. Mais pour celui qui est initié au mystère de Pâques, la vie est libérée de cette angoisse qui la stérilise. Etre sel de la terre signifie donc être témoin de l’espérance pascale au cœur d’un monde qui occulte la mort précisément parce qu’elle lui rappelle le caractère éphémère de la vie.
Il est évidemment impossible que le sel s’affadisse ; pourtant Jésus suggère que le chrétien, lui, puisse perdre sa sagesse : devant les persécutions, il peut apostasier, choisir de prolonger sa vie dans ce monde plutôt que de tout miser sur le Royaume à venir. Un tel disciple perdrait sa saveur, c’est-à-dire ne servirait plus à rien, il deviendrait insignifiant pour les hommes. Et la présentation que Jésus en fait semble bien suggérer que c’est la pire des choses qui puisse lui arriver.
Sévère avertissement qu’il nous faut bien entendre : le chrétien affadit est le chrétien tiède qui accepte les compromissions avec le monde, se coule dans la mentalité du temps et démissionne de sa mission ; celui qui, pour éviter toute critique, raillerie ou questionnement, évite soigneusement de reconnaître son appartenance au Christ et de vivre les valeurs évangéliques proclamées dans les Béatitudes.
« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. » Si le sel se mêle aux aliments de manière invisible, la lumière, elle, ne se cache pas : elle se montre. Jésus précise d’ailleurs que cette lumière, se sont les bonnes œuvres que nous accomplirons devant les hommes, et qui conduisent à « rendre gloire à votre Père qui est aux cieux ». C’est la première occurrence de l’expression « votre Père » sur les lèvres de Jésus. Notre témoignage discret, mais savoureux et lumineux de l’espérance pascale, a pour mission principale de rappeler aux hommes que leur vie ne trouvera pleinement son sens que dans la reconnaissance de la paternité divine, et l’accueil de la vie immortelle qu’il offre dans l’Esprit à ceux qui s’unissent par la foi à son Fils unique.

« “Seigneur, tu as mis à part tes fidèles” (Ps 4), non pas pour les isoler du monde, mais pour “faire briller sur eux ton visage”, afin que par toute leur vie, ils soient une vivante réponse à ceux qui demandent : “Qui nous fera voir le bonheur ?” (Ibid.) Donne-nous de nous établir fermement “dans la confiance”, sûrs que “la jarre de farine” de ta Parole “ne s’épuisera pas, et que le vase d’huile” de ton Esprit Saint “ne se videra pas, ainsi que tu nous l’as annoncé” par la bouche d’Elie ton prophète (cf. 1ère lect.). »


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