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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

11e dimanche du Temps Ordinaire

« Jésus, voyant les foules, eut pitié d’elles - littéralement « il est pris aux entrailles » - parce qu’elles étaient fatiguées et abattues, comme des brebis sans berger ». Qui ne se reconnait dans cette image ? L’expression « temps ordinaire » - dans lequel nous sommes entrés depuis quelques semaines - suggère la grisaille quotidienne, la monotonie d’une vie qui pèse de tout le poids des soucis, des épreuves et des souffrances, qui sont notre lot quotidien. A cela s’ajoute que nous avons tous fait la triste expérience de n’être « capables de rien », sinon de retomber sans cesse dans nos mêmes ornières…
A vue humaine, il y aurait vraiment de quoi se décourager ; et le nombre impressionnant et sans cesse croissant de suicides, vient tristement confirmer ce constat d’impuissance : nous sommes incapables de donner un sens à cette vie qui bien trop souvent nous accable. D’où tirerions-nous la force de l’espérance ? Si nous le pouvions, il y a longtemps que notre humanité se serait arrachée à sa médiocrité.

C’est sur l’horizon de ce triste constat, que le cri des témoins de l’Evangile prend tout son sens et devient vraiment « Bonne Nouvelle ».
Non : Dieu n’est pas absent de cette caravane humaine qui s’étire dans l’histoire, traînant la même lassitude, reproduisant les mêmes erreurs, tombant dans les mêmes égarements, générations après générations.
Nous le croyons en effet, Jésus est le Bon Berger (Jn 10) qui, au temps fixé par Dieu, a donné sa vie pour les pécheurs que nous sommes (cf. 2nd lect.). Il nous a ouvert le chemin vers le Père et nous a même rendus participants de sa vie (cf. 2 P 1,4). Notre-Seigneur nous a arraché à nos Egypte, nos terres d’aliénation, et il nous en arrachera autant de fois que nous retomberons, nous portant comme sur les ailes d’un aigle, pour nous amener jusqu’à lui (cf. 1ère lect.).
« Oui le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge » (Ps 99) : tel est bien le cœur du message que Jésus nous a confié, et dont nous avons d’abord à vivre nous-mêmes, afin de pouvoir en devenir les témoins crédibles.
« La moisson est abondante » : elle s’étend à tous les hommes sans exception, car tous sont aimés du Père, qui veut en faire « un royaume de prêtres, une nation Sainte » (2nd lect.). Le rassemblement de toutes les nations soul la houlette du Messie fait partie des signes de l’avènement du Royaume eschatologique. Jésus est le Pasteur universel (cf. Jn 10,16) accrédité pour cette œuvre grandiose ; mais il a voulu y associer tous ceux qui sont appelés à bénéficier de son salut ; à commencer par le peuple élu, car « les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance » (Rm 11,29). C’est donc vers « les brebis perdues d’Israël » que Notre-Seigneur envoie en priorité les douze Apôtres, pour préparer la mission universelle, qui sera le fruit du mystère pascal. Alors le temps sera venu où le Christ ressuscité enverra ses disciples vers « les autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie » (Jn 10,16) : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,18-20).
Cependant, sans attendre l’Ascension, « Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission ». Notre-Seigneur invite dès à présent ses amis - c’est-à-dire ceux à qui il a fait connaître tout ce qu’il avait appris de son Père (Jn 15,15) - à se mettre inconditionnellement au service de la libération et de la croissance de la vie de leurs frères. Les pouvoirs que Jésus donne à ses Apôtres - expulser les esprits mauvais et guérir toute maladie et toute infirmité - découlent par anticipation de la Croix glorieuse, sur laquelle triomphera le Prince de la vie. Ces dons nous révèlent le visage de tendresse de notre Dieu et le sens de sa Passion prochaine : son seul souci est que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance.
La séquence des œuvres à accomplir au nom du Seigneur nous invite à une lecture symbolique : une interprétation littérale aurait exigé en effet de mettre le pouvoir de ressusciter les morts en exergue, alors que Jésus ne le cite qu’en seconde position, entre celui de guérir les malades et de purifier les lépreux. La structure symétrique du verset fait comprendre que Jésus nous envoie guérir la lèpre du péché et ramener à la vie ceux qui sont esclaves du démon. Tels sont en effet les signes de l’avènement du Royaume eschatologique, dont nous avons à proclamer la proximité.
« Vous avez reçu gratuitement (le pardon) : donnez (le) gratuitement ». Avons-nous vraiment conscience à quel point nous sommes débiteurs de Dieu ? Nous ne pourrons vivre en chrétiens, c’est-à-dire dans la logique du pardon, que dans la mesure où nous gardons mémoire de la Passion bienheureuse de Notre-Seigneur, qui nous purifie du péché et nous arrache à la mort spirituelle à laquelle il conduit. C’est pourquoi nous sommes invités à « établir notre camp juste en face de la montagne » (1ère lect.) sur laquelle « Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils quand nous étions encore ses ennemis », donnant « la preuve » définitive de son amour, de sa miséricorde qui nous sauve.
Enracinés dans la certitude de la fidélité de Dieu, nous serons alors disponibles pour la mission que le Seigneur nous confie à nous aussi : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche », en faisant le bien sans compter.

« Père, dans cette Eucharistie tu nous fais entendre ta voix et tu renouvelles pour nous ton Alliance (cf. 1ère lect.) ; donne nous de trouver dans ce mémorial de la Passion de ton Fils, l’assurance de ton amour indéfectible et la force d’y répondre généreusement. Nous te prions, toi “le Maître de la moisson, d’envoyer des ouvriers pour ta moisson” afin que ta grâce se répande sur “la terre entière”, et qu’avec tous les hommes nos frères, nous devenions pour toi “un royaume de prêtres, une nation sainte” (cf. Ibid.), te “servant dans l’allégresse” et te louant par nos “chants de joie” (cf. Ps 99).


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