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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

lundi, 11ème semaine du temps ordinaire

Dans le livre de la Genèse, nous entendons Lamek qui s’exprime ainsi devant ses femmes Ada et Cilla : « J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. C’est que Caïn est vengé sept fois, mais Lamek, soixante-dix-sept fois » (Gn 4, 23-24). L’Ecriture nous met ici face à la réaction spontanée de l’homme devant le mal qui lui est infligé : la vengeance, qui ne tarde pas à prendre des proportions démesurées.

Dans le livre de l’Exode, la loi du talion voudra limiter le déchainement de la passion vengeresse de l’homme et mesurer la juste compensation d’une offense : « Vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied » (Dt 19, 21). Un œil (et non pas deux !) pour un œil ; une dent (et non pas la mâchoire !) pour une dent abîmée… Mais une telle codification, si elle est déjà un progrès dans la compréhension de la justice, n’est pas pour autant assez puissante pour éliminer tout désir de vengeance du cœur d’un homme.

Jésus va aller plus loin. Prenant appui sur la loi de sainteté (cf. Lv 19, 17s), il va l’étendre au-delà des frères de race et commander de « ne pas riposter au méchant » (Mt 5,39). Au cœur de son discours sur la montagne, Jésus donne une orientation décisive à ceux qui ont choisi de vivre selon l’esprit des béatitudes et qui savent pertinemment que le coup rendu ne signifie pas la fin du conflit mais au contraire le début d’une réaction en chaîne où la violence appelle la violence.

« Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre » (Mt 5,39). Seigneur, faudrait-il supporter l’injustice ? Le Christ est le premier à avoir vécu les béatitudes. Dans les évangiles, le seul passage où il reçoit une gifle c’est devant le grand prêtre, après son arrestation (cf. Jn 18,22). Pourtant, à aucun moment de cet épisode, il ne tend l’autre joue. Nous inviterait-il donc à une attitude que lui-même n’a pas mise en pratique ?
Notons qu’en tout cas, Jésus ne renchérira pas par la violence. A celui qui vient de le frapper, il pose seulement une question : « Si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18,23). Jésus tend bien ici l’autre joue : celle de la vérité. Il renvoie celui qui l’a giflé à la vérité de son geste et derrière celui-ci à la vérité de sa personne. Autrement dit, Jésus n’invite pas à tolérer et à se taire devant l’injustice. Mais en même temps, Jésus ne refuse pourtant pas d’avancer plus avant dans le procès profondément injuste qu’on lui inflige. Pourquoi ? Parce qu’il nous a déjà accordé son pardon et parce qu’il n’est pas de plus grande expression de sa miséricorde pour nous que de donner sa vie pour nous au terme d’une passion profondément injuste.

Témoigner de Jésus ce n’est sans doute pas se taire devant la violence mais c’est aussi être prêt à la prendre sur soi jusqu’au bout. C’est être prêt à aller jusqu’à ce geste provocant et désarmant devant le violent de lui tendre l’autre joue. C’est être prêt à donner à celui qui veut nous l’arracher, ce que la loi interdit d’enlever au malheureux : son manteau (Mt 5,40).

L’exemple du Christ qui, « insulté, n’a pas rendu l’insulte » (1 P 2,23), nous bouleverse. En nous commandant de pardonner à nos ennemis, il nous invite à « être vainqueur du mal par le bien » (cf. Rm 12,21). La vraie justice fait la vérité dans la miséricorde.

"Seigneur, nous reconnaissons que nous avons encore beaucoup de chemin à faire mais nous ne désespérons pas. Sur cette route, toi-même nous a précédés. Convertis nos cœurs si souvent prompts à rendre le mal pour le mal et fais de nous de véritables apôtres de justice et de paix."


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