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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

mardi, 11ème semaine du temps ordinaire

Peut-être n’est-il pas inutile de préciser d’emblée les sources de la citation de Jésus… « Vous avez appris qu’il a été dit ». Rien n’est plus impersonnel. « Tu aimeras ton prochain » est évidemment une citation biblique, mais « tu haïras ton ennemi » n’en est pas une ! Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, la Bible invite toujours à ne pas dresser les barrières de la haine entre les hommes. Certes, il est possible de se rappeler quelques versets de psaumes à la formulation assez rude, mais ils le sont uniquement envers ceux qui attaquent Dieu. La haine qu’il convient alors d’éprouver, selon le livre des psaumes, est celle de l’ennemi de Dieu, la haine du péché. Nous venons d’ailleurs de lire le psaume 50 qui désigne clairement le péché comme ennemi de l’homme et de Dieu.

La première vertu de cet enseignement est donc de remettre en question les frontières qui nous permettent de distinguer les amis des ennemis. À considérer qu’il y ait des hommes que nous qualifions d’« ennemis » parce qu’ils sont ennemis de Dieu, il convient de regarder comment Dieu se comporte avec eux : il fait pleuvoir et donner du soleil sur leurs récoltes. Serions-nous meilleurs que Dieu, serions-nous plus apte que lui à exercer la justice ? Ne sommes-nous pas plutôt ses fils, qui devons vivre selon son enseignement, en calquant notre conduite sur la sienne ? Notre Dieu est le Dieu de miséricorde, il est le Dieu qui est Père. Comportons-nous en fils et laissons au temps de la miséricorde l’occasion d’engendrer des conversions chez ces « ennemis » avec qui Dieu prend patience.

Ces chemins sont ceux de la sagesse, mais ils peuvent nous conduire à prendre une certains distance (de protection) envers ces « ennemis ». Or cela ne correspond pas à la réalité. Nous sommes fortement impliqués dans notre rapport aux « ennemis ». Ils sont peut être les ennemis de Dieu, mais nous les percevons d’abord comme nos agresseurs. Nous rencontrons de l’opposition, de la méchanceté aussi, il peut arriver qu’on veuille explicitement nous nuire. « Eh bien moi je vous dis : aimez vos ennemis ». La parole de Jésus est cinglante et rejoint notre souffrance au cœur des injustices que nous subissons. Comment les vivre ?

En remarquant que ce commandement de Jésus vient avant la contemplation de la paternité de Dieu. Ce n’est pas parce que nous avons en Dieu un Père miséricordieux que nous trouverons la force de l’imiter. Au contraire, c’est en l’imitant que nous aurons la force de devenir et de rester ses fils ! « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent afin d’être vraiment les fils de votre Père ». Le but clairement exprimé est de devenir des fils.

Voilà qui renverse les traditions de la sagesse humaine. « Vous avez appris qu’il a été dit » disait Jésus. Eh bien, ces raisonnements sont à l’envers de la logique de l’évangile. Ce n’est pas à nous de nous faire solidaires de Dieu, mais nous avons à accueillir Dieu qui se rend solidaire de nous. « Nos ennemis » ne le sont pas parce que nous volons au secours de l’honneur de notre Dieu (quelle prétention…) : ils le sont parce qu’ils savent qu’en nous ils atteignent Dieu ! Nous sommes chrétiens, nous sommes des christs, donc l’ennemi de Dieu atteint sa cible en nous. Aussi, entrer dans la haine n’est pas nous opposer aux « ennemis », mais nous éloigner du Dieu d’amour, et donc donner victoire à l’Ennemi, en fortifiant le règne du péché.

Et Jésus d’insister : notre logique humaine ne mène à rien. Que peut-il nous revenir si nous nous contentons d’aimer nos amis et de haïr nos ennemis ? Au contraire, si nous nous conduisons en enfants de Dieu, nous visons la perfection qui est la sienne. « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Les enfants de Dieu sont donc ceux qui comptent sur sa grâce pour ne jamais être séparés de lui, ils choisissent d’aimer leurs ennemis pour témoigner que le Dieu visé en notre humanité par le péché, est le Dieu de Miséricorde, celui qui tient ouvert devant chacun de ses enfants le chemin du retour. A nous d’être les jalons de son amour sur ce chemin.


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