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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

lundi, 14ème semaine du temps ordinaire

L’homme qui s’approche de Jésus est un chef. Il a l’habitude de commander et de gérer les situations difficiles ; il sait garder la tête sur les épaules dans les moments critiques et dire clairement ce qu’il convient de faire. Quand il arrive malheur à sa petite fille, il n’agit pas autrement : il va trouver Jésus, il lui annonce son diagnostic de la situation, « Ma fille est morte », il dit ensuite ce qu’il convient de faire en quelques mots précis auxquels on doit obéir, « viens lui imposer la main », alors la situation s’arrangera comme il l’a prévu, « elle vivra ».

Il parle avec une telle assurance, il a tellement l’habitude d’être suivi, qu’il ne vient à l’esprit de personne, pas même à nous, de mettre en doute ses paroles. Elles ne sont pourtant attestées par personne, saint Matthieu lui-même reste muet sur la question. Le seul à s’exprimer est Jésus, qui dit : « La jeune fille n’est pas morte : elle dort ».

Ceux qui l’entendent se moquent de lui. Il est toujours difficile de changer d’idée. Quand le diagnostic de la mort a été annoncé particulièrement : il s’agit en général d’un état durable… Nous-mêmes, ayant entendu l’affirmation du chef, nous-mêmes pourrions n’entendre dans les paroles du Seigneur qu’une annonce de sa victoire prochaine sur la mort ; certain de vaincre cet ennemi, Jésus emploierait la métaphore du sommeil pour voiler pudiquement la réalité détestable – et temporaire – de la mort d’une enfant.

Mais, quoiqu’il en soit de l’état de cette enfant, pourquoi Jésus se tromperait-il ? N’est-il pas capable, plus que tout autre, de discerner la réalité profonde de ce que nous vivons ? Pourquoi voudrions-nous que son adversaire de ce jour soit la mort, par opposition à la vie, quand Jésus lui-même explique son intervention comme le réveil d’un sommeil ? Tous ses gestes le montrent, il se conduit avec la fillette comme n’importe qui le ferait avec quelqu’un qui dort.

Cependant, l’important de cet évangile n’est sans doute pas de discerner si la jeune fille n’est pas morte mais seulement endormie ou si Jésus veut nous montrer que la mort n’est pas plus redoutable qu’un sommeil trop profond. Le geste que saint Matthieu met en valeur est celui de Jésus qui réveille…

Or nous montrer que Jésus peut réveiller quelqu’un sans même prononcer un mot, est également nous montrer qu’il y a dans l’homme une capacité d’écoute qui ne s’endort jamais, une aptitude au réveil que le Créateur a placée en nous pour nous permettre de participer activement à l’appel qui nous rend à la vraie vie. Quand bien même serions-nous morts, nous serions encore capables d’entendre l’appel à la vie que suscite la simple présence du Christ parmi nous.

Cet appel du Seigneur est donc plus qu’une voix qui traverserait les ténèbres, il est une rencontre librement consentie, une présence acceptée et recherchée. En présence de Jésus, qu’on se soit passivement laissé rejoindre ou qu’on ait cherché le Seigneur avec l’énergie du désespoir, notre être profond s’éveille, s’ouvre et s’épanouit. Quand Jésus lui prend la main, la jeune fille se lève et devient femme. Quand Jésus se laisse toucher, l’hémorragique, qu’il appelle « ma fille », retrouve une féminité accomplie. Toutes deux se trouvent debout, libres, épanouies, pour avoir accueilli dans sa densité la simple présence du Seigneur.

Voilà une page d’évangile qui doit ébranler nos diagnostics humains les plus sûrs. De l’une on disait qu’elle était morte, parce qu’elle était paralysée par les ténèbres ; de l’autre on disait qu’elle était perdue, parce qu’aucun remède n’existait contre son impureté. Autrement dit, les incapacités à vivre que nous distinguons en nous, désignent les lieux où nous n’avons pas encore accueilli la présence du Seigneur. Pour Jésus, rien n’est jamais ni perdu ni mort. Il peut tout sauver, pour peu qu’on lui permette de se faire proche.

Frères et sœurs, le Seigneur va maintenant se faire proche de nous au point de se rendre présent sur l’autel. Que par sa parole que nous venons de partager nos cœurs s’éveillent à cette présence qui renouvelle toute chose, que le sommeil profond où nous plongent nos habitudes, nos préjugés et nos peurs, se dissipe au lever du soleil de nos âmes. Le voici qui s’approche celui qui nous rend notre dignité de fils de Dieu. Accueillons-le ! Il vient nous réveiller, il vient nous relever, il vient nous ressusciter.


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