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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Ephrem, diacre et docteur de l’Eglise,

L’objet du discours de Jésus est la justice qui permet d’entrer dans le Royaume des cieux. Il évoque différents cas qui relèvent de la justice des hommes et montre leur implication dans la justice du Royaume. Le dernier exemple a retenu notre attention : « accorde-toi vite avec ton adversaire … tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou ».

Que le Seigneur nous invite à nous accorder avec notre adversaire, indique deux choses : il y a des personnes que nous considérons comme des adversaires, et ces personnes sont des alliés potentiels. Le contentieux que nous avons à régler avec elles nous est décrit par un symbole économique. Il s’agit d’éviter de payer jusqu’au dernier sou.

Or, quand il s’agit de rapport entre les personnes, l’argent représente souvent pour la Bible un moyen de faire naître la culpabilité, ou de ralentir un récit qui quitte les chemins de la vérité pour ceux du mensonge. Bref, il est pour le lecteur le signal d’un danger d’égarement.

L’équation est donc clairement posée : il n’est pas possible de s’accorder avec son adversaire sans faire la vérité. Mieux, faire la vérité nous conduit à chercher la conciliation avec cet allié qui est devenu notre adversaire.

Le symbole de l’argent est destiné à nous piquer au vif, à nous stimuler dans une zone sensible. Quand il s’agit d’éviter de payer, nous mettons spontanément plus d’ardeur que lorsqu’il convient, au nom de l’évangile, d’initier un chemin de réconciliation. Le Seigneur veut nous faire comprendre où est notre intérêt. Il veut nous inviter à vaincre nos propres résistances en évoquant une certaine souffrance, celle de payer jusqu’au dernier sou.

Mais il convient de ne pas se contenter de cette lecture. Le texte présente une situation de rupture. Deux personnes, qui pourraient s’allier pour la construction du Royaume, sont sur le point de se séparer, de creuser entre elles la distance de la justice implacable des hommes. L’homme se fait son propre juge et condamne son frère. La motivation que Jésus suscite est de nous placer en situation de victime. C’est nous qui allons en prison, et non pas notre adversaire. Il exclut donc que nous puissions tirer quelque bénéfice de cette attitude. Soit nous perdons effectivement la face, éventualité symbolisée par l’humiliation et la souffrance de la prison, soit nous nous révélons être le bourreau impitoyable de notre frère.

Autrement dit, le chemin de la discorde, s’il semble d’abord le plus satisfaisant à notre amour propre, s’avèrera toujours le plus douloureux pour nous-même.

Jésus, nous venons de le dire, nous donne aujourd’hui des clés pour entrer dans le Royaume des Cieux, c’est-à-dire des moyens concrets pour faire advenir le Royaume parmi nous. Le chemin qu’il nous indique n’est pas seulement celui où l’on renonce à ses prétentions, mais il est chemin de guérison. S’accorder avec son ennemi n’est ni une stratégie ni un calcul, c’est accorder un pardon qui n’écrase pas, c’est dire une parole qui fait l’unité, c’est poser un geste qui rend la vie.

Jésus nous en montre l’exemple unique et rédempteur. A nous qui nous sommes montrés ses adversaires, il propose de devenir ses alliés. A nous qui avons voulu accabler Dieu pour toutes les limites que nous n’acceptons pas, il propose la plus belle parole de conciliation : « ceci est mon corps, livré pour vous ».


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