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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

22e dimanche du Temps Ordinaire

Dans son encyclique Populorum progressio, le pape Paul VI affirmait : « Toute vie est une vocation » parce qu’elle est un appel : un appel à la sainteté c’est-à-dire un appel à vivre de la vie même de Dieu en étant totalement transfiguré par son amour, un appel à collaborer à son œuvre divine de salut en chaque homme, en somme un appel à vivre en Christ en qui nous communions à la plénitude de la divinité et en qui nous coopérons à l’œuvre divine de rédemption.

En tant qu’appel, la vocation invite à une réponse. Celle que le Seigneur attend de nous est une réponse de foi. Pierre, lui aussi, fut appelé par le Seigneur et sa réponse s’exprima dans cette confession admirable : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »
Mais Pierre ne perçut sans doute pas la portée de ses paroles. La suite du récit évangélique nous le montre. En effet, en ce moment crucial où il vient expressément d’obtenir de ses disciples et de Pierre en particulier la première profession de foi en sa messianité, Jésus fait la première annonce de sa Passion. Matthieu nous rapporte : « A partir de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter ». Au rôle glorieux du Messie, il vient ajouter le rôle douloureux du Serviteur Souffrant du livre d’Isaïe.

Jésus montre par là à ses disciples que s’engager à sa suite en réponse à son appel à partager sa vie implique le passage par la croix : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera. »
Ces propos de notre Seigneur furent tout autant incompréhensibles pour Pierre qu’ils peuvent l’être pour nous. Suivre le Christ pour accomplir sa vocation est crucifiant. Mais cela ne doit pas nous rebuter. En effet, nous devons voir les épreuves, souffrances et incompréhensions que nous traversons comme autant d’occasions d’entrer davantage dans la dynamique du don et de l’amour qui en fin de compte représente la dynamique propre à la vocation chrétienne. Dieu nous a créés pour l’amour, pour une communion d’amour avec lui. La vocation chrétienne ne consiste-t-elle pas précisément à passer de l’observance des commandements de la Loi divine à un niveau plus élevé de la donation de nous-mêmes à l’imitation de notre Seigneur Jésus-Christ ? La souffrance et les épreuves contribuent à cela en nous poussant à nous donner jusqu’au bout sans rien attendre en retour, gratuitement, comme Dieu l’a fait pour nous en son Fils.

Celui qui choisit délibérément de répondre à sa vocation ne manquera pas de connaître la persécution, la souffrance, voire même de se sentir peut-être abandonné de Dieu. Il se trouvera inévitablement écartelé entre le feu de l’appel de Dieu et la sagesse humaine qui ne manquera pas de lui montrer comme absurde la volonté de répondre à cet appel. C’est tout le débat intérieur que vit le prophète Jérémie, entre l’appel de Dieu qui le pousse à parler, et la sagesse humaine qui le pousse à se taire : "Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus profond de mon être. Je m’épuisais à le maîtriser, sans y réussir."

Il est consolant de voir que le feu de l’appel de Dieu demeure ici le plus fort. Mais il ne supprime pas pour autant l’épreuve qui purifie la vocation en la ramenant à ce qui en est son essence : Dieu lui-même. Pour ne pas abandonner la partie, il est important d’entendre ici l’exhortation de saint Paul : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour savoir reconnaître quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Cf. 2ème lecture).

Saint Paul nous invite à nous transformer en renouvelant notre manière de penser afin que nous soyons capables de reconnaître le projet de Dieu sur notre vie et ce au cœur même des épreuves. Juste avant d’ailleurs, il nous exhortait à offrir nos vies en sacrifice : « Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu ». Qu’est-ce sinon une invitation à reconnaître que le projet de Dieu passe par la croix. C’est bien là que nous ne devons pas modeler nos pensées selon l’esprit du monde. Nous tomberions alors dans le même piège que Pierre dans l’évangile et ferions obstacle à la volonté de Dieu, à notre vocation : « Passe derrière moi Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes » (Cf. Evangile).

Fondamentalement, répondre à sa vocation c’est perdre sa vie pour la trouver en Dieu : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera ». Pour accéder à la résurrection, il s’agit de passer avec Jésus à travers la mort : « Perdre sa vie pour la trouver ». Il n’y a pas d’autre chemin. Mais il ne s’agit de mourir pour mourir. Il s’agit de perdre sa vie à cause de Jésus autrement dit, il s’agit de risquer sa vie sur la personne même de Jésus-Christ non pas dans un volontarisme orgueilleux ou dans un acte de désespoir fataliste mais dans une humilité profonde qui consent à recevoir sa vie d’un Autre. Alors seulement, cette vie humaine prendra les couleurs de la vie éternelle, d’une vie qui n’a pas de prix parce qu’elle est divine. Alors seulement, notre vocation à communier à la vie divine se trouvera réalisée.

« Père, dans la force de l’Esprit Saint, donne-nous la grâce de consentir à ton dessein de salut tel qu’il se manifeste dans la vie de Jésus, ton Fils bien-aimé. Donne la grâce de ne pas réduire ton salut à nos vues humaines et de rendre vaine la croix de ton Fils.
Seigneur Jésus, donne-nous la grâce de répondre à notre vocation en nous dépossédant toujours plus de nous-mêmes pour nous recevoir de toi seul. Que les épreuves et les souffrances ne nourrissent en nous aucune révolte mais nous conduisent à nous unir toujours plus à toi dans un don toujours plus grand de nous-mêmes.
Tu nous appelles à la sainteté, à communier à ta vie divine en allant jusqu’au bout de l’amour. Toi qui es pur Amour, apprends-nous à aimer non pas pour être aimé, ni à aimer pour aimer mais à aimer (Cf. Saint Augustin). C’est bien là la vocation première et fondamentale à laquelle nous voulons répondre avec le secours de ta sainte grâce ! »


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