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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

jeudi, 23ème semaine du temps ordinaire

Jésus ne nous demande pas de maîtriser la violence qui est en nous ni de renoncer à nous venger. D’autres le font. Il ne nous rappelle pas non plus que Dieu veut pardonner à tous les hommes. Nous le savons bien, nous qui avons déjà bénéficié de son pardon. Jésus va beaucoup plus loin : « aimez vos ennemis ». Assurément, cet amour dépasse nos capacités humaines !

Mais voyons la question du point de vue de l’humanité. La demande de Jésus apparaît alors très réaliste car elle tient compte du fait que dans le monde il existe trop de violence, trop d’injustice, et que par conséquent on ne peut dépasser cette situation qu’en lui opposant un plus d’amour, un plus de bonté. Ce « plus » vient de Dieu : sa miséricorde, faite chair en Jésus, qui seule peut faire basculer le monde du mal vers le bien, à partir de notre consentement à vivre ce commandement du Seigneur.

C’est à ce prix que nous sortirons du cercle vicieux de la violence qui tient l’humanité prisonnière. La vengeance appelle indéfiniment la vengeance et la surenchère de violence. Le Seigneur nous montre ainsi l’issue que nous cherchons : le pardon libère l’homme et rend possible l’exercice de la seule vraie justice : celle qui respecte la dignité de chacun, celle qui fonde la paix, celle que Dieu exerce et qu’il nous invite à exercer, en véritables « fils du Très-Haut ».

Il est pourtant une résistance à vaincre pour accomplir la volonté de notre Seigneur. Il demande en effet : « à celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre » (faut-il se résigner au mal ?), et encore : « ne réclame pas à celui qui te vole » (faut-il laisser le mal arriver à ses fins ?). Si nous comprenons bien qu’il nous faut renoncer à la rancune et à la vengeance, devons-nous accepter également de renoncer à la justice ?

Il n’en est pas question. Le pardon s’oppose bien à la rancune et à la vengeance, mais il ne s’oppose pas à la justice. Cependant la justice doit être complétée par le pardon qui guérit les blessures et qui rétablit en profondeur les rapports humains perturbés. Réclamer au voleur ce qu’il a pris est la simple justice. Ne pas le faire est lui apprendre, en transformant le vol en don, que le chemin de la fraternité est encore accessible et toujours préférable. A quoi bon voler celui qui est prêt à offrir et à accueillir ? A quoi bon se faire des ennemis quand la fraternité peut être vécue ? Pardonner construit donc une humanité plus profonde et plus riche, capable de refléter l’amour inconditionnel de Dieu pour les hommes. C’est aussi ce que nous laisse entrevoir Jésus quand il dit : « votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut ».

C’est ainsi qu’il nous faut accueillir l’affirmation de Jésus : « Donnez, et vous recevrez une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous ». Il ne s’agit pas de redouter que Dieu refuse de nous pardonner, nous avons expérimenté que son pardon est premier. Mais pardonner comme Dieu nous y invite, nous aide à pénétrer le mystère de son amour pour nous. C’est par le pardon que Dieu nous apprend à aimer comme lui-même aime. Nous aurons ainsi de moins en moins de mal à nous exposer à son pardon et à l’accueillir dans sa plénitude. La mesure dont nous nous servons pour les autres, servira aussi pour nous.

L’enseignement que nous donne Jésus en ce jour est donc radicalement nouveau et unique. Il est à lui seul une vraie révolution, la révolution de ceux qui choisissent de lutter contre le mal en n’utilisant que les armes de la vérité et de la charité. Ces moyens ne sont pas des moyens humains, ils ne sont accessibles qu’à ceux qui se confient eux-mêmes, uniquement et sans réserve, à la bonté miséricordieuse de Dieu. Aussi, Seigneur, donne-nous d’accueillir ton pardon de manière à ce qu’il renouvelle la face de la terre. Manifeste que nous sommes les « fils du Très-Haut ». Donne-nous d’être miséricordieux comme toi seul est miséricordieux.


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