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 - 26 avril 2024 - Bse Alida
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Homélie

11ème dimanche du temps Ordinaire.

Le terme « temps ordinaire » suggère la grisaille quotidienne, la monotonie d’une vie sans surprise, qui est le lot commun de la majorité d’entre nous. Pourtant, Dieu n’est pas absent de cette caravane humaine qui s’étire dans l’histoire, traînant la même lassitude, reproduisant les mêmes erreurs, tombant dans les mêmes égarements, générations après générations. Car le Seigneur est patient et fidèle ; il a « pitié de nous - littéralement « il est pris aux entrailles » - parce que nous sommes fatigués et abattus, comme des brebis sans berger ». Est-ce bien sous le regard de ce Dieu que nous avançons, d’un Dieu proche, maternel, ému de compassion devant le triste sort de ses enfants ; ou sommes-nous tributaires de la vision janséniste d’un Dieu lointain et culpabilisant, dont le doigt accusateur en rajoute encore au poids qui nous accable ?
Pour peu que nous ayons le courage du réalisme, nous savons bien que Saint Paul a raison : nous ne sommes « capables de rien », sinon de retomber sans cesse dans nos mêmes ornières. Certes à vue humaine, il y aurait de quoi se décourager ; et le nombre impressionnant et sans cesse croissant de suicides, vient tristement confirmer ce constat d’impuissance : nous sommes incapables de donner un sens à cette chienne de vie dont la plupart des jours se passent dans la souffrance. Comment tirerions-nous de nous-même ce « surcroît d’être » qui ouvrirait la porte à l’espérance ? Nous savons bien que c’est impossible, sans quoi il y a longtemps que notre humanité se serait arrachée à sa médiocrité.
C’est sur l’horizon de ce triste constat, que le cri des témoins de l’Evangile prend tout son sens et devient vraiment « Bonne Nouvelle ». Nous le croyons en effet, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les pécheurs que nous sommes (cf. 2nd lect.). Il nous a réconciliés avec son Père et nous a rendus participants de sa vie divine (cf. 2 P 1,4). Jésus nous a arraché à nos Egypte, nos terres d’aliénation, et il nous en arrachera autant de fois que nous retomberons, nous portant comme sur les ailes d’un aigle, pour nous amener jusqu’à lui (cf. 1ère lect.). « Oui le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge » (Ps 99) : tel est bien le cœur du message que Jésus nous a confié, et dont nous avons d’abord à vivre nous-mêmes, afin de pouvoir en devenir les témoins crédibles.
« La moisson est abondante » : elle s’étend à tous les hommes sans exception, car tous sont aimés du Père, qui veut en faire « un royaume de prêtres, une nation Sainte » (2nd lect.). Mais qui les rassemblera des quatre coins de la Terre où ils se sont dispersés ? Jésus seul en tant que Pasteur universel (cf. Jn 10,16), est accrédité pour cette œuvre grandiose ; mais il a voulu y associer tous ceux qui sont appelés à bénéficier de son salut ; à commencer par le peuple élu, car « les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance » (Rm 11,29). C’est donc vers « les brebis perdues d’Israël » que Notre-Seigneur envoie en priorité les douze Apôtres, pour préparer la mission universelle, qui sera le fruit du mystère pascal. Alors le temps sera venu où le Christ ressuscité enverra ses disciples vers « les autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie » (Jn 10,16) : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,18-20).
« Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission ». Sans attendre l’Ascension, Notre-Seigneur invite dès à présent ses amis - c’est-à-dire ceux à qui il a fait connaître tout ce qu’il avait appris de son Père (Jn 15,15) - à se mettre inconditionnellement au service de la libération et de la croissance de la vie de leurs frères, comme lui-même s’est livré pour chacun d’eux. Les pouvoirs que Jésus donne à ses Apôtres - expulser les esprits mauvais et guérir toute maladie et toute infirmité - découlent par anticipation de la Croix glorieuse, sur laquelle triomphera le Prince de la vie. Ces dons nous révèlent le visage de tendresse de notre Dieu et le sens de sa Passion prochaine : son seul souci est que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance. La séquence des œuvres à accomplir au nom du Seigneur nous invite à une lecture symbolique : une interprétation littérale aurait exigé en effet de mettre le pouvoir de ressusciter les morts en exergue, alors que Jésus ne le cite qu’en seconde position, entre celui de guérir les malades et de purifier les lépreux. Tout porte à penser qu’il s’agit plutôt d’une vigoureuse exhortation à nous mettre nous aussi généreusement au service de la vie, en combattant les œuvres de mort sous les multiples formes qu’elles prendront tout au long de l’histoire.
« Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement ». Avons-nous vraiment conscience d’être débiteurs de Dieu ? Nous ne pourrons vivre en chrétiens, c’est-à-dire dans la logique de l’Evangile, que dans la mesure où nous « établissons notre camp juste en face de la montagne » (1ère lect.) sur laquelle « Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils quand nous étions encore ses ennemis ». Car la Croix glorieuse est « la preuve » de l’amour de Dieu, de sa miséricorde qui nous sauve de la désespérance et nous libère de la préoccupation de notre propre salut, dont nous croyons que Jésus prend soin. Enracinés dans la certitude de la fidélité de Dieu, nous serons alors disponibles pour la mission que le Seigneur nous confie à nous aussi : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche », en faisant le bien sans compter.

« Père, dans cette Eucharistie tu nous fais entendre ta voix et tu renouvelles pour nous ton Alliance (cf. 1ère lect.) ; donne nous de trouver dans ce mémorial de la Passion de ton Fils, l’assurance de ton amour indéfectible et la force d’y répondre généreusement. Nous te prions, toi “le Maître de la moisson, d’envoyer des ouvriers pour ta moisson” afin que ta grâce se répande sur “la terre entière”, et qu’avec tous les hommes nos frères, nous devenions pour toi “un royaume de prêtres, une nation sainte” (cf. 1ère lect.), te “servant dans l’allégresse” et te louant par nos “chants de joie” (cf. Ps 99).


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