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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mardi, 11ème semaine du temps Ordinaire.

Dans la suite du dépassement de la loi du talion, Jésus reprend le précepte de l’amour du prochain que formulait le livre du lévitique (Lv 19, 18) : « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi ».
Mais comment comprendre la « haine » de l’ennemi d’autant plus qu’elle est absente de la Bible ? Elle est en fait à entendre dans le sens sémite d’« aimer moins ». Autrement dit, « tu haïras ton ennemi » signifie « tu n’as pas à aimer ton ennemi ». Le précepte sous-entend ici que cet ennemi qui est le mien est avant tout celui de Dieu. Du coup, c’est témoigner de l’amour de Dieu que de haïr ceux qui en sont ses ennemis. C’est d’ailleurs dans ce sens que la communauté essenienne de Qumrân, au temps de Jésus, se faisait un devoir d’« aimer tous les fils de lumière » et de « haïr tous les fils des ténèbres ».

A partir de là, on comprend mieux les paroles de Jésus : « Eh bien moi, je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est dans les cieux ». Jésus nous invite en fait à revoir notre position face à ceux que nous classons comme ennemis de Dieu et que nous nous sentons obligés de ne pas aimer pour honorer Dieu.
Jésus nous remet en question sur ce point en nous dévoilant l’attitude même de Dieu qui se comporte envers eux comme un Père qui dispense à tous sans discrimination les biens de sa création. Du côté de Dieu, il n’y a donc pas d’ennemi. C’est nous qui avons inventé cette catégorie. Et il nous faut reconnaître ici que c’est souvent à partir de nous-mêmes et à partir de ce que nous avons subi d’un tel que nous le classons parmi les ennemis de Dieu. Du côté de Dieu qui est « amour » (1 Jn 4,16), comment pourrait-il subsister un iota de haine pour ceux qu’il a créés ? Ce serait pour lui aller contre sa nature.

Jésus nous révèle qu’aimer l’ennemi c’est, en vrai fils, se modeler sur l’agir du Père. Jésus nous invite à laisser à Dieu seul le soin de juger l’autre. Prier pour le persécuteur prend alors non pas la couleur de l’injustice mais d’une forme d’amour ouverte sur l’espérance d’un changement.
La justice nouvelle à laquelle nous appelle Jésus dépasse la stricte logique du « donnant, donnant », connue du publicain comme du païen. « Si vous aimez ceux qui vous aiment quelle récompense aurez-vous ? Les publicains n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » Ces paroles doivent résonner en nous dans toute leur radicalité. Prétendre être chrétien va jusque là.

« Seigneur, donne-nous de ne pas désespérer devant nos résistances à aimer et à pardonner. Pour les vaincre, nous voulons te contempler et nous appuyer sur toi, qui fus le premier à vivre les béatitudes dans toute leur exigence. Sur la croix, victime de l’injustice la plus grande que l’on puisse imaginer, tu n’as manifesté aucune haine, aucune violence, aucune révolte. Mais tu prononças ces simples mots avant un ultime acte d’amour dans le don de ta vie : ‘Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font’. Voilà quelle est la perfection attendue des fils : la miséricorde étendue jusqu’à l’amour de l’ennemi. Sur la croix, Jésus, Fils unique du Père, tu nous en as livré les clés. Béni sois-tu ! »


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