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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

mercredi, 11ème semaine du temps Ordinaire.

« Si vous voulez vivre comme des justes » : Jésus ne remet pas en cause les « exercices » juifs traditionnels de la pénitence - l’aumône, la prière et le jeûne ; tout au contraire, il les confirme comme des conditions nécessaires quoique non suffisantes de la justice. En effet, Jésus ne dit pas « pour vivre dans la justice » - car lui seul peut nous justifier - mais pour vivre « comme des justes », il faut au moins s’en acquitter.
Le « juste » doit être entendu ici comme celui qui pratique la vertu de « justice » ; celle-ci consiste à donner à chacun ce qui lui revient. Dans la prière je rends à Dieu l’adoration qui est due à lui seul ; par l’aumône je remets à mon prochain plus pauvre sa part du bien commun ; le jeûne me permet de me décentrer de moi-même, de relativiser mes exigences personnelles, en les situant à leur juste place sur l’horizon de mes devoirs envers Dieu et les autres. Ainsi, « donner à chacun ce qui lui est dû », revient à en rajouter à Dieu et au prochain, et à retrancher sur la part que je m’approprie habituellement.
Voilà pour le fond ; quant à la forme, Jésus demande que nous nous acquittions de ces devoirs dans la plus stricte discrétion, car privées de cette qualité qui leur est essentielle, ces œuvres ne seraient plus des instruments de justice. Ce que Jésus met en cause, c’est au fond la non-gratuité de l’action ostentatoire. Si j’accomplis les œuvres de pénitence avec le désir d’être remarqué - en multipliant les manifestations extérieures qui m’assurent de ne pas passer inaperçu - je n’offre rien ni à Dieu, ni à mon prochain, mais je prend prétexte du service de l’autre pour servir ma propre gloire : « Amen je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense ».
« Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi » : Jésus nous met en garde contre un subtil dédoublement de notre action : ce que nous surajoutons - « faire sonner de la trompette » - aux œuvres de justice - « faire l’aumône » - discrédite celles-ci en les détournant de leur finalité. Une telle action ne peut trouver sa récompense que là où elle la cherche : dans l’admiration du public devant lequel elle se donne en spectacle. Dieu ne saurait être complice de ce genre d’hypocrisie. Seule la charité donne du « poids » à nos actes ; or la charité est nécessairement désintéressée, gratuite. En pratiquant l’aumône, la prière et le jeûne, nous n’avons à faire valoir aucun droit à une récompense divine, puisque nous n’accomplissons que ce qui est « juste ». L’obéissance dans l’amour à l’appel de l’Esprit, qui nous parle par la voix de notre conscience, est à la fois notre motivation et notre récompense. Alors - et alors seulement - nous pourrons discerner notre « Père qui est présent dans le secret » et « voit » nos actions. « Il te le revaudra » : pouvons-nous concevoir un objet d’espérance plus désirable que celui d’être confirmés dans notre filiation divine ? Tel est le trésor, l’unique trésor, auquel Jésus voudrait que nous ayons accès en purifiant l’intention de nos actions même les meilleures.
L’enseignement de Jésus, nous ramène à l’essentiel de la simplicité évangélique à laquelle nous invite Saint Paul dans la première lecture. Cette « simplicité qui monte vers Dieu en action de grâce » consiste à donner « à pleines mains » et « joyeusement » aux pauvres, dans la certitude que Dieu, comme un Père attentif et bienveillant, « donnera toujours plus de fruit à ce que nous accomplirons dans une telle justice ».

« Seigneur donne-nous assez de foi et d’espérance, pour t’aimer par-dessus tout et aimer notre prochain par amour pour toi. Délivrés de la vaine gloire, nous pourrons alors vivre dans la liberté de la charité, comme il convient à des enfants du Père. »


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