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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

mardi, 34ème semaine du temps ordinaire

Les cinq derniers jours de l’année liturgique, l’Eglise nous invite à tourner nos regards vers le terme de l’histoire. Pour soutenir notre méditation, elle nous propose les paroles mystérieuses adressées par Jésus à ses disciples concernant la fin des temps. Ces passages annonçant cataclysmes, guerres et autres tragédies sont à interpréter en tenant compte du genre littéraire apocalyptique emprunté par Notre-Seigneur pour exprimer son message. Car le but de ces annonces terrifiantes n’est pas de faire un reportage des événements de la fin, mais de nous conduire à vivre en disciples le temps présent qui est le seul qui nous soit donné pour accueillir le Seigneur qui vient.
Sans aucun doute, le Temple devait être très beau, avec ses colonnes et ses boiseries sculptées, ses draperies brodées, ses revêtements d’or. Les pèlerins devaient rester bouche-baie, un peu comme nous le sommes devant la Basilique Saint Pierre de Rome, et un Hindou devant le Taj Mahal. L’intervention de Jésus vient rompre le charme : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Pour les Juifs, ces paroles sont blasphématoires : le prophète Jérémie n’avait échappé que de justesse à la mort pour moins que cela. Ce sera d’ailleurs le motif de condamnation de notre Seigneur. Pour le moment, son auditoire ne veut entendre dans ces propos qu’une allusion aux événements de la fin du monde ; aussi les disciples le pressent-ils de leur révéler le temps et les signes avant-coureurs. Jésus ne répond pas à leur demande ; il les met plutôt en garde contre ce genre de curiosité malsaine et plus encore contre ceux qui prétendraient y répondre : seul le Père connaît le temps et l’heure ; il ne nous appartient pas de scruter ses intentions. « Ne vous laissez pas égarer, nous dit-il en substance, par de soi-disant signes de la fin prochaine du monde : les « tremblements de terre » et autres cataclysmes naturels, les « épidémies de peste et les famines » et même les « guerres et soulèvements » appartiennent aux conditions de ce monde déchu et ne sont en rien des signes de sa fin. Il y en a eu à toutes les époques, et il en sera hélas ainsi jusqu’au bout. S’il faut y lire un signe, c’est bien celui du dégât causé par le péché dans la création toute entière.
Au fond Jésus nous annonce qu’il en sera hélas toujours ainsi dans le monde ancien. Aussi le Seigneur ne viendra-t-il pas instaurer les temps nouveaux dans une mise en scène spectaculaire qui amplifierait les catastrophes que nous ne connaissons que trop bien. Son retour sera semblable à sa première venue : le Verbe de Dieu naît dans une étable au milieu de l’indifférence et de l’agitation générales, dues au recensement ordonné par l’Auguste empereur. Quelques mages en Orient ont vu monter son étoile, mais ils sont apparemment les seuls à l’avoir constaté. Sans doute parce qu’ils sont aussi les seuls, avec les bergers, à avoir le regard tourné vers le ciel et non vers la terre.
« Beaucoup viendront sous mon nom en disant : “c’est moi”, ou encore : “le moment est tout proche”. Ne marchez pas derrière eux ! » Tout au long des siècles, bien des voix se sont fait entendre, prétendant apporter réponse aux problèmes qui déchirent l’humanité mais les utopies se sont effondrées les unes après les autres et il en sera ainsi tant qu’il y aura des hommes. L’effort de résoudre les problèmes qui se posent à nous à chaque époque est certes louable, mais Notre-Seigneur nous invite à un sain réalisme : si l’homme avait la capacité d’instaurer un monde meilleur, il y a longtemps qu’il l’aurait fait. D’ailleurs comment prétendrions-nous changer le cours des événements du monde, alors que nous sommes incapables de gérer notre propre vie ?
Ce que Jésus constate et prophétise du temple de pierre, se vérifie pour le temple que nous sommes. Que d’attention ne portons-nous pas à notre aspect extérieur, notre prestance, notre réputation, notre réussite sociale, etc. Pourtant, de tout cela, « viendra un jour où il n’en restera rien » ! Ce n’est pas l’aspect extérieur du temple qui compte, mais l’authenticité du culte qui s’y déroule. D’ailleurs, au chapitre précédent, nous avons vu Notre-Seigneur « expulser les marchands » qui faisaient du temple « une caverne de bandits » au lieu d’une « maison de prière » (Lc 19,45). De même, ce ne sont pas nos « belles façades » qui sauveront le monde - entendons nos attitudes pacifiques toutes extérieures, nos discours-programmes et nos traités de paix ; mais la conversion humble et sincère, dans la docilité à la voix intérieure de l’Esprit Saint s’adressant à notre conscience.

« “Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit” : accorde-nous Seigneur de situer chaque instant de notre vie mortelle dans la perspective de l’immortalité qui seule lui donne sens. Purifie notre temple intérieur de toute complicité avec les idoles de ce monde, afin que le jour où tu nous appelleras à venir te rejoindre sur l’autre rivage, nous puissions quitter sans regret cette terre, pour entrer dans ton Royaume d’éternité. »


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