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 - 14 avril 2024 - Sainte Lidwine
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Homélie

Férie de l’Avent

« Voici la table des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham », nous dit saint Matthieu. Cette suite d’engendrements de pères en fils devenant pères à leur tour, est essentielle et signifiante en elle-même. Comme le livre de la Genèse se présentait comme le livre des « engendrements » de l’humanité, l’évangile s’ouvre sur la descendance d’Abraham, il déploie l’arbre généalogique des croyants. De cet arbre naîtra le sauveur que le monde attend. Ce dénombrement dépasse l’érudition ou l’anecdote historique, il trace un portrait précis du Messie. Évoquer ces figures de l’histoire sainte est nous faire entrer dans une famille, c’est nous dévoiler les traits dominants de cette dynastie. Le Messie est en effet l’héritier de ces hommes et de ces femmes que l’évangéliste nous présente.

La première lecture, du livre de la Genèse, nous présentait déjà une spécificité du Messie. Elle rapporte quelques paroles de Jacob s’adressant à ses fils réconciliés, quelques instants avant sa mort. Il salue particulièrement Juda, le frère qui a contribué à faire évoluer les fils de Jacob du complot visant à éliminer Joseph à une famille réunie autour de leur père. Le patriarche distingue le jeune lion qui a su renoncer à la violence du carnassier pour en mettre la force au service de la vie. Aussi, « la royauté n’échappera point à Juda, ni le commandement à sa descendance ». Jacob annonce ainsi, de manière prophétique, un trait du Messie : le lion de Juda, « celui à qui le pouvoir appartient, à qui les peuples obéiront », sera un agneau.

Cet agneau sera roi. Comme tout juif, il est fils d’Abraham, c’est-à-dire héritier de la promesse, mais il est aussi fils de David (ce nom revient à cinq reprises), à qui le royaume a été promis. Cependant, les ascendants que saint Matthieu a sélectionnés comptent quelques surprises. Parmi ces pères, on compte en effet quatre femmes. Non pas les quatre mères d’Israël, Sarah, Rébecca, Léa et Rachel, mais quatre femmes au prestige douteux : Tamar, qui s’était fait passer pour une prostituée afin d’avoir une descendance de son beau-père Juda (Gn 38) ; Rahab, la cananéenne, prostituée de Jéricho qui abrita les espions israélites (Jos 2) ; Ruth, la moabite, qui eut recours à la ruse pour séduire son parent Booz et le contraindre à l’épouser (Rt 3) ; et Bethsabée, pour qui David commis l’adultère et un homicide (2 S 11). De ces quatre femmes, seule Bethsabée était israélite, mais elle n’est mentionnée que par le biais de son époux, un hittite. Les étrangers, voire les gens peu recommandables, ont ainsi une place dans l’ascendance du Messie, une place décisive dans la réalisation de la promesse. Ils ont contribué à l’avènement du sauveur, le Messie est donc venu pour eux aussi.

La grandeur de cette considération se lira encore dans l’évangile, quand le Seigneur voudra être compté par les hommes de la terre entière, symbolisés les foules dont César Auguste voudra faire le recensement. Ainsi, le Verbe de Dieu prend notre condition, notre misérable condition. Mais il ne se laisse pas emporter par elle, il la sauve. La suite de tous ces engendrements trouve en effet une fin. La quarantième occurrence n’est plus à la vois active, il s’agit d’un passif divin. La généalogie de David cesse d’avoir de l’importance, car Dieu agit en personne et y met un terme en accomplissant la promesse. L’impératif d’engendrer, qui s’imposait à tous ces hommes parce qu’un fils parmi eux pouvait être le messie, cesse. Il est venu. Le but est atteint, ce n’est plus un homme qui engendre, mais l’Esprit Saint. Le Messie maîtrise royalement l’histoire du salut.

Seigneur Jésus, dans cette généalogie, tu nous présentes ta famille, celle que tu offres à tous les croyants, celle qui est devenue la nôtre. Tu nous dis également que notre famille humaine est réellement devenue la tienne, tu es vraiment l’un d’entre nous. Apprends-nous à laisser l’Esprit Saint engendrer en nos cœurs l’agneau qui renonce à toute violence et met sa force au service de la vie. En ces ultimes jours préparant ta venue, apprends-nous à laisser l’Esprit Saint préparer notre misérable pâte humaine en une crèche où tu pourras naître et régner sur nos vies. Car tu es notre roi à jamais, tu es le sauveur que nous attendons.


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