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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

4e dimanche de l’Avent

Après Jean-Baptiste, la liturgie de ce jour introduit la seconde figure clé de l’Avent : la Vierge Marie. Plus encore que le Précurseur, elle est le modèle pour l’Eglise durant le « grand Avent » préparant le retour glorieux du Seigneur, mais aussi pour l’accueil du même Epoux dans ses venues quotidiennes, sous le voile des différentes formes que revêtent sa présence réelle au milieu de nous. Jour après jour, l’Eglise doit être cette terre vierge qui se laisse féconder par la « pluie bienfaisante » qui descend des nuées, afin de « donner naissance au Sauveur » (Or. ouv.) dans les âmes des fidèles. L’Eglise, c’est-à-dire l’ensemble des baptisés rassemblés dans une même foi, mais aussi chacun d’entre nous, dans le face à face personnel qui constitue l’essence même de notre vie spirituelle. Car Dieu veut habiter parmi nous, faire en nous sa demeure éternelle : tel est « le mystère qui est maintenant révélé : il était resté dans le silence depuis toujours, mais aujourd’hui il est manifesté » (2nd lect.). Et ce mystère, c’est que tout être humain est prédestiné à accueillir « la germe impérissable, la Parole vivante de Dieu » (1 P 1,23), afin de collaborer à la naissance du Christ en lui.
On ne peut dire plus clairement que la femme en sa maternité, est l’archétype de l’humanité dans le plan de Dieu. La Vierge enceinte nous révèle la capacité de la nature humaine à recevoir Dieu en sa chair. A l’heure où la société cherche légitimement à trouver la place spécifique de la femme au sein de la culture, il est bon de se souvenir que la finalité de toute vie humaine est de participer à un mystère d’enfantement : « afin que le Christ soit formé en vous » (Ga 4,19). Ce qui suppose que face à Dieu, la dimension spirituelle de l’être humain est essentiellement féminine. « A la paternité divine comme qualificatif de l’être de Dieu, répond directement la maternité féminine comme spécificité religieuse de la nature humaine, sa capacité réceptive du divin » (Paul Evdokimov).
C’est pourquoi l’annonciation dépasse l’événement de l’incarnation du Verbe dans le sein de la Vierge : il est l’annonce de la maternité de l’Eglise tout entière, c’est-à-dire de chacun des croyants, qui tous sont appelés à participer à l’enfantement du Corps du Christ, né de la Vierge Marie. Nous imaginons sans peine que pour accueillir un tel hôte, il y aura besoin de quelques transformations intérieures, disons d’un certain rafraîchissement des peintures et des papiers peints. Heureusement, le Seigneur nous fait dire « qu’il nous fera lui-même une maison » dans laquelle nous pourrons vivre avec lui « des jours tranquilles, délivrés de tous nos ennemis » (1ère lect.). Ce que Dieu a accompli en Marie par une grâce prévenante, il veut l’accomplir également en nous par une grâce purifiante qui nous rende digne de devenir son Temple. En fait ce grand œuvre est déjà commencé : depuis le jour de notre baptême, nous sommes « le Temple de Dieu et l’Esprit de Dieu habite en nous » (1 Co 3, 16). Nous aussi, « la puissance du Très-Haut nous a pris sous son ombre » afin d’enfanter en nous le « Fils de Dieu ».
Comment « à cette parole », ne pas être « tout bouleversés » : est-il possible que les pauvres pécheurs que nous sommes, soient appelés à une telle destinée de gloire ? Devant notre désarroi, l’Ange nous rassure tout comme Marie : « “Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu” : le mystère de ta « participation à la vie divine » (2 P 1,4) n’est ni ton œuvre, ni la récompense de tes mérites, mais le don gratuit du Dieu de miséricorde ». Notre sanctification est le fruit de l’action de l’Esprit, qui opère la naissance miraculeuse de Jésus au fond de notre âme. Aussi est-ce à chacun de nous que le Père promet : « Je serai pour toi un père, et tu seras pour moi un fils » (1ère lect.) ; « Tu me diras : “Tu es mon Père, mon Dieu, mon roc et mon salut”. Et moi, sans fin, je te garderai mon amour ; mon alliance avec toi sera fidèle » (Ps 88).
Forts de telles promesses, n’hésitons pas à renouveler notre engagement baptismal en disant avec la Vierge de l’Annonciation : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole ». Nous le savons bien : ces quelques mots ne sont pas pour Marie un point d’aboutissement, mais le départ d’une grande aventure, dont Dieu seul connaît le chemin. En disant son « fiat », elle a mis ses pas dans ceux du patriarche Abraham, qui « eut foi en Dieu, et de ce fait, Dieu estima qu’il était juste » (Rm 4,3). Comme lui elle a couru le risque de la vraie liberté en obéissant à la Parole de vérité, et elle s’est mise en route dans la confiance au Dieu fidèle. « Espérant contre toute espérance, elle a cru, et ainsi elle est devenu la mère d’un grand nombre de peuples, selon la parole du Seigneur : “Vois quelle descendance tu auras !” » (cf. Rm 4,18-19). Jamais elle n’a faibli dans la foi : au pied de la Croix, au moment de l’enfantement dans la douleur de l’Humanité nouvelle, elle a redit son « oui », et à la demande de son Fils devenu son Maître, la parfaite disciple nous a tous reçu pour ses enfants.
C’est à la lumière de cette maternité de Marie, Mère de miséricorde, qu’à notre tour nous sommes invités à prolonger dans nos vies son ministère, en enfantant le Corps du Christ qui est l’Eglise. Le Seigneur attend de chacun de nous, qu’à notre tour, nous prononcions notre « fiat », que nous donnions sens à notre pèlerinage en l’orientant résolument vers sa finalité surnaturelle. Ce qui suppose de nous mettre chaque jour à nouveau en route à la suite du Christ, sur un chemin que nous ne connaissons pas, même si nous savons que c’est celui de l’Evangile. Car nous non plus nous ne savons pas ce que la vie nous réserve de joies, mais aussi de difficultés, d’épreuves, de morts à traverser. Mais en contemplant la vie de Marie, nous pouvons acquérir cette certitude qu’aucune souffrance n’est jamais vaine : toutes contribuent à l’enfantement du Christ dans nos vies, dans l’Eglise et dans le monde. Oui en vérité, aucune larme n’est jamais versée en vain : les Anges du ciel viennent délicatement les recueillir pour les déposer, comme des diamants précieux, sur l’autel de Dieu.

« Père, ouvre nos yeux au sens caché de la souffrance. Donne-nous de la voir comme notre part dans les douleurs de l’enfantement de ton Fils dans notre vie et dans celle de nos frères ; comme une participation au ministère de l’Esprit sanctificateur ; comme une communion d’amour au Christ en agonie jusqu’à la fin des temps ; comme une participation à ton œuvre de rédemption. Fais nous pressentir la fécondité de nos petits “fiat” quotidiens prononcés dans la peine, dans l’incertitude, dans la peur du lendemain, et donne-nous la certitude qu’ainsi nous aussi, nous pouvons “concevoir dans notre vieillesse, alors que notre vie était stérile ; car rien n’est impossible à Dieu”. Avec tous ceux qui se sont aventurés sur les chemins de la vraie liberté, nous pourrons alors exulter en proclamant avec Marie : “Gloire à Dieu, le seul sage, par Jésus-Christ et pour les siècles des siècles. Amen”. »


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