Octave de Noël

Le déploiement du mystère de Noël se poursuit dans la liturgie et dans le temps. Après avoir été révélé aux bergers dans une mangeoire, le Seigneur est l’objet d’une nouvelle révélation : elle a lieu dans le temple, quarante jours après sa naissance.

Ce sera à l’occasion de deux événements rassemblées en un seul jour et situés, selon la volonté de Marie et de Joseph, dans le temple, dans la Maison du Père. Leur motivation est l’obéissance à la Loi (référence mentionnée trois fois) qui prescrit à la mère un rite de purification et demande le rachat du premier né. Cette obéissance dévoile la délicatesse de cœur et l’humilité de Marie : la toute pure se soumet à un rite de purification ; son fils, le fils aîné venu racheter ses frères rendus esclaves de leur péché, doit être racheté par une offrande rituelle. Mais Marie et Joseph ne se contentent pas d’un légalisme qui ne consisterait qu’à appliquer la Loi avec minutie : ils choisissent que ces rites aient lieu dans le temple et ils décident d’y présenter l’enfant lui-même, ce qui n’est nullement requis. Ils montrent ainsi qu’il n’ont nulle emprise sur l’enfant Jésus, il est le fils du Père au service duquel ils se sont librement placés et qu’ils serviront jusqu’au bout.

Quand elle est pauvre, une femme qui vient d’accoucher « prend deux tourterelles ou deux pigeons, l’un servant à un holocauste et l’autre à un sacrifice pour le péché ; quand le prêtre a fait sur elle le rite d’absolution, elle est purifiée » précise le livre du Lévitique (Lv 12,8). L’Exode précise quant à lui la nécessité de consacrer le premier né à Dieu (Ex 13,12). Marie et Joseph présentent ainsi l’offrande des pauvres, signe qu’ils ne peuvent offrir un agneau âgé d’un an. Mais il nous donne ainsi à voir en Jésus l’agneau du rachat qui s’offre par leurs mains. De même, il n’y a pas de prêtre pour présider à cette humble cérémonie. Comment y en aurait-il besoin, quand le Messie est présent, lui le grand prêtre de la nouvelle Alliance. Il se présente aujourd’hui à la fois comme l’Agneau et le Prêtre.

Une cérémonie d’une telle importance méritait l’introduction solennelle de cet évangile : « quand arriva le jour fixé ». Nous sommes à l’heure de l’accomplissement de toutes les prophéties, le jour où le Seigneur a choisi de révéler son identité profonde et sa mission.

Mais Jésus n’agit jamais seul. Il choisit de compter sur nous ; il nous rend participant de la réalisation et de l’annonce de notre propre salut. Ainsi le vieux Syméon, veilleur plein d’espérance, est-il saisi par l’Esprit Saint et poussé vers la Sainte Famille. Ces personnes humbles et désireuse de voir l’œuvre de Dieu se rejoignent dans un même élan, partagent la même adoration, se communiquent leur découverte. Marie et Joseph présentent l’enfant et exposent le sauveur à l’adoration du vieil homme. Syméon reçoit d’eux de voir le salut et leur partage ce que l’Esprit lui montre de sa destinée : il délivre alors un message que même l’archange Gabriel n’avait pas communiqué à Marie. De cette adoration commune naît un enrichissement commun.

Le fils de Marie et Joseph, le fils du Très Haut est la lumière des nations. Il n’est pas seulement le Messie d’Israël, il est le sauveur du monde. Les nations païennes ne seront pas témoins mais bénéficiaires de la rédemption. Nouvelle inouïe qui déconcerte Marie et Joseph, prophétie qui s’accompagne de l’annonce des circonstances dramatiques de l’accomplissement de cette mission unique. Marie entend qu’elle aura à souffrir plus que tout autre de l’accueil réservé à son fils. Joseph entend que ses deux trésors les plus précieux vivront la plénitude du don d’eux-mêmes dans un rejet et une souffrance dont il porte aussitôt le poids, dans sa compassion.

Seigneur Jésus, merci pour cette ultime révélation que ton salut parviendra aux extrémités de la terre. Fais nous le don d’une adoration en esprit et vérité, comme celle de Syméon, de Marie et de Joseph dans le temple, pour que ton sacrifice transforme nos vies et que les dons de l’Esprit à chacun des tiens fassent resplendir l’Église tout entière dans l’éclat de ta lumière.