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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Noël

Lorsque les Évangiles nous parlent d’un déploiement de « puissance », nous pensons spontanément aux miracles. Certes Jésus accomplit « les signes et prodiges » dans la puissance de l’Esprit. Mais nous découvrons dans le passage que nous venons d’entendre que cette puissance est avant tout au service de la Parole de Notre-Seigneur. D’ailleurs, lorsque « rempli de l’Esprit Saint Jésus fut conduit par l’Esprit à travers le désert », c’est par la puissance de sa Parole qu’il triomphe du tentateur (Lc 4,1-12). De même dans la synagogue de Capharnaüm, c’est encore et toujours par la puissance de sa Parole qu’il expulse le démon d’un « homme possédé par un esprit démoniaque » (Lc 4,33-35). La foule ne s’y trompe pas, et s’interroge sur l’origine d’une Parole douée d’une telle puissance : « Quelle est cette Parole ? Car il commande avec autorité et puissance aux esprits mauvais, et ils sortent ! » (Lc 4,36).
Dans la péricope de ce jour, saint Luc affirme explicitement que c’est la prédication de Jésus - bien plus que les miracles qu’il accomplit - qui attire la foule et suscite « l’éloge de tout le monde ». L’évangéliste précise : « Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue et se leva pour faire la lecture » - ce qui confirme que Jésus se présente avant tout comme un prédicateur itinérant. Dans le livre des Actes, nous verrons saint Paul adopter la même attitude : lorsqu’il arrive dans un endroit - ville ou village - il commence par se rendre au lieu de la prière commune pour y annoncer la Parole, la Bonne Nouvelle du salut, avec l’assurance que lui donne l’Esprit Saint.
Ce rapport étroit entre le ministère de prédication et l’Esprit Saint est d’ailleurs clairement exprimé dans le passage du rouleau d’Isaïe que Jésus proclame dans la synagogue : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Suit l’explicitation des missions confiées au Messie, en commençant par la plus importante d’où découlent les autres : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres ». La libération des prisonniers et des opprimés, la guérison des aveugles découlent de la proclamation de l’Évangile (la « Bonne Nouvelle »), qui ouvre « l’année de bienfaits accordée par le Seigneur ». Tout procède donc du ministère de prédication du Messie, qui peut prononcer les Paroles de vérité de la part de Dieu parce qu’il est consacré dans l’onction de l’Esprit. C’est cette Parole qui annonce aux prisonniers qu’ils sont libérés des chaînes de leurs péchés et de l’oppression du démon qui les tenait sous son joug ; qui les invite à sortir des ténèbres et à venir à la lumière ; bien plus : à entrer dans le grand sabbat de Dieu, l’Année Jubilaire promise par les prophètes pour le temps de la venue du Messie.
« Jésus referme le livre » de la première Alliance, qui a désormais accompli sa mission, puisqu’il a permis de désigner celui qui vient accomplir les Écritures. Jésus est « assis » dans la position de l’enseignant (cf. l’Évêque s’assied dans la « cathèdre » - siège épiscopal - de sa « cathédrale », d’où il enseigne avec autorité). L’homélie de Notre-Seigneur ne s’est probablement pas limitée aux quelques paroles rapportées par saint Luc, qui se contente de nous donner l’essentiel de son enseignement : « Cette parole que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Si les Écritures trouvent leur accomplissement dans l’acte de leur proclamation par Jésus, c’est donc qu’en vertu de « l’Esprit du Seigneur qui repose sur lui » sa Parole possède la puissance de réaliser ce qu’elle déclare ; autrement dit qu’elle instaure l’Année Jubilaire - et plus radicalement le Royaume - dont elle annonce la venue.
Les auditeurs ne s’y sont pas trompés : c’est bien un « message de grâce qui sortait de sa bouche ». Puissions-nous nous étonner comme eux de la nouveauté inouïe de l’Évangile qui nous avertit de l’irruption du Règne de Dieu ; nous pourrons alors nous aussi « rendre témoignage » à Jésus, en proclamant qu’ « il est le Christ » (1ère lect.), et naître en lui à la vie divine.

« Seigneur je veux croire que ta Parole accomplit dans ma vie ce qu’elle m’annonce ou me prescrit. Lorsque tu nous dis de nous aimer les uns les autres comme tu nous as aimés (cf. Jn 13,34), ce n’est pas simplement un pieux souhait, ou un discours moralisateur ; c’est une Parole qui crée en moi la capacité d’aimer mes frères dans la puissance de l’Esprit saint, que tu me communiques par et dans cette Parole - si du moins je l’accueille dans un cœur bienveillant et disponible.
Voilà pourquoi je ne peux pas prétendre t’aimer tout en haïssant mon frère ; car l’amour conduit à la communion, et la communion à la participation à ta vie. La preuve que je suis “né de toi” (1ère lect.), c’est que je commence à aimer comme toi tu aimes : dans la liberté de l’Esprit. »


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