Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

jeudi, 5ème semaine du temps ordinaire

Après avoir parcouru la Galilée et fait une incursion très rapide dans la région de la Décapole (Mc 5,1-10), pour la première fois chez saint Marc, Jésus va séjourner de façon prolongée en territoire païen, dans la région de Tyr, en Syro-Phénicie.

Cette décision de Jésus n’allait pas sans poser de problème car on sait combien une haine féroce opposait les juifs aux païens à cette époque. Selon la Loi de Moïse, aucun contact n’est toléré avec eux. Et voilà, Jésus qui rentre pourtant dans une maison païenne, faisant en sorte, vu ce contexte d’animosité entre juifs et païens, que personne ne le sache. Cependant, nous dit l’évangile, « il ne réussit pas à se cacher. »
Une femme « païenne », précise saint Marc, vient se jeter à ses pieds pour l’implorer de libérer sa fille de l’esprit mauvais qui l’assaille. Quelle confiance et quelle audace chez cette femme qui ose venir ainsi aborder ce rabbi juif (cf. v. 25) !

C’est alors que Jésus va saisir l’occasion de cette rencontre pour faire rayonner tout l’éclat de sa judéité. Car, en exauçant cette païenne, cette étrangère, cette non-juive, Jésus va conduire le judaïsme jusqu’au bout.
Le vrai juif sait, en effet, que le pain qu’il détient est pour tous. Mais pour le toucher, il faut avoir la foi. C’est dans cette perspective qu’il nous faut interpréter la réponse de Jésus à la demande de la syro-phénicienne. Elle n’est pas une fin de non recevoir. Non, elle est une invitation pour cette femme à passer d’une demande païenne à une prière de foi qui ne cherche plus la guérison en tant que telle mais l’accueille comme une surabondance de la bonté du Seigneur, comme une œuvre de salut au cœur même de la contingence de son histoire.
Le parallèle à cet épisode chez saint Matthieu, qui mentionne la réaction des disciples, fait ressortir avec encore plus d’éclat cette intention de notre Seigneur. Ne voulant pas être dérangés, les disciples suggèrent à Jésus une guérison expéditive qui les libérerait des cris de cette femme. Mais, répondre ainsi à sa détresse ce serait la cloîtrer dans sa condition païenne et l’empêcher d’accéder à la foi et, par elle, au salut qui vient d’Israël. Répondre ainsi à cette femme ce serait l’enfermer dans un particularisme et, par voie de conséquence, se condamner à rester replié dans sa propre particularité. En conduisant cette femme jusqu’à confesser sa foi, nous voyons que Jésus vient révéler à ses disciples le véritable sens de leur judéité, de leur élection qui a vocation universelle.

C’est donc en tant que juif que Jésus ouvre à l’universel. Et ici, cela est d’autant plus manifeste qu’il ne renie pas la particularité d’Israël pour exaucer cette femme. Bien au contraire, il la met en avant : « Il n’est pas bon de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Par ces paroles, Jésus ne rabroue en rien cette femme. Au cas où nous en douterions, l’épithète « petit », utilisé par Marc pour atténuer le terme de « chien », nous convaincra du contraire. Par ces mots, Jésus invite cette syro-phénicienne à reconnaître la particularité d’Israël en tant que peuple élu et à reconnaître que c’est parce qu’Israël est Israël qu’elle peut, elle, avoir accès au salut. Rappelons-nous ces paroles mêmes de Jésus dans l’évangile de saint Jean : « Le salut vient des juifs » (Jn 4,22).
Et c’est bien ce que cette femme reconnaît : « C’est vrai Seigneur ; mais justement, les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des petits enfants ». Elle qui se sait païenne, confesse que les seules miettes tombées de la table des merveilles de Dieu pour son peuple suffiront à la rassasier et à répondre à sa demande pour sa fille. Une telle profession de foi ne peut qu’appeler la guérison et le salut : « A cause de cette parole, va : le démon est sorti de ta fille ».

« Seigneur, donne-nous la même audace que celle de cette femme, la même foi qui tiendra greffées les branches de l’olivier sauvage que nous sommes sur le tronc de l’olivier franc (Cf. Rom 11, 20). Pour ceux qui se reconnaissent en toi fils d’un même Père, il n’y a plus désormais ni juif, ni païen, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme, car tous nous ne faisons plus qu’un en toi (Cf. Ga 3,27-28). Que cette union à toi dans la foi et dans l’amour appelle sur nous ton salut ! »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales