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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Férie de Carême

Matthieu est lié à son bureau de publicain : il y est assis, immobile, obsédé par son idole : l’argent. Puisqu’il est incapable de s’approcher de Jésus, c’est le Seigneur qui vient jusqu’à lui, et prononce la parole qui le libère de sa fascination : « Suis-moi ». Lévi est arraché à sa prison, non de force, par une intervention violente, mais par une invitation insistante, par la douce persuasion de l’amour, qui parvient à détourner son regard de l’objet de sa convoitise.
Lévi était seul avec son argent : les autres représentaient pour lui une menace, car ils enviaient son bien - c’est sans doute la raison pour laquelle ils étaient aussi durs avec lui. Jésus, lui, est totalement libre de cette avidité. C’est pourquoi Lévi peut entendre son appel, son invitation à entrer en relation avec lui, et même à s’engager dans une relation durable : « Suis-moi » implique en effet : « Demeure avec moi ». Ce faisant, Jésus a réveillé le désir profond de cet homme, mis au banc de la société civile et religieuse : le désir d’une amitié authentique et durable, que ni les épreuves, ni même les faux-pas ne pourront ébranler. Tous ceux qui ont bénéficié d’une telle amitié peuvent témoigner combien elle est source de force, de consolation, de courage ; comment elle parvient à donner sens à la vie alors que tout apparaît absurde ; avec quelle douceur elle éclaire les pages les plus sombres de nos histoires, et comment elle entretient la flamme de l’espérance au cœur des plus profonds découragements. N’est-il pas vrai que ce qui nous fait le plus souffrir dans les épreuves, c’est la solitude ? Nous sommes essentiellement des êtres de relation, et nous ne pouvons intégrer les événements de notre vie - les joyeux comme les douloureux - que sur la trame des relations que nous nouons au fil des jours avec notre entourage.
Or Jésus s’offre précisément à nous comme cet ami le plus intime, dont la fidélité ne nous fera jamais défaut. Dans la joie il s’attable avec nous ; dans la tristesse et la solitude, sa douce présence nous rejoint et nous console ; dans l’épreuve il est notre force ; dans l’égarement il vient nous chercher pour nous redire : « Suis-moi ». Oui, si nous répondons à son appel, si nous acceptons de nous mettre en route avec lui, c’est-à-dire de le prendre pour Maître et pour ami, « le Seigneur sera notre guide ; en plein désert, il nous comblera et nous rendra vigueur » (1ère lect.).
Certes nous ne sommes pas dignes d’avoir un tel ami, nous qui sommes infidèles, rivés à nos idoles, égoïstes et pleins de malice ; mais Jésus nous répond comme aux pharisiens de l’Évangile : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs, pour qu’ils se convertissent ». Nous convertir signifie cesser de nous regarder - y compris dans nos laideurs - et nous tourner résolument vers celui qui passe dans nos vies et nous appelle gratuitement à sa suite. Par nous-mêmes, nous ne parviendrons jamais à nous rétablir dans la justice et la vérité. Mais c’est en lui, en Jésus, que nous retrouvons notre beauté originelle, dans la mesure où nous le suivons, c’est-à-dire où nous conformons notre vie à la sienne. L’attitude de Lévi est sur ce point exemplaire : « Abandonnant tout - donc aussi ses remords stériles comme ses prétentions absurdes à l’autojustification - il se leva et se mit à suivre Jésus ». C’est en changeant concrètement de vie, en réponse à l’appel de Jésus qui nous donne la force de nous lever et de nous mettre en route, que nous sortirons de notre narcissisme et que nous nous ouvrirons à la vie véritable, dans la liberté de l’amour.
Aujourd’hui, en ce temps privilégié du carême, Jésus passe près de nous et nous appelle personnellement à le suivre : « Suis-moi ». Ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur qui nous propose son amitié ; et abandonnant nos idoles, levons-nous et mettons-nous à le suivre.

« Seigneur donne-moi, à l’image de Lévi, de pouvoir m’arracher à mes convoitises, de pouvoir me dégager de mon égoïsme, afin de connaitre la joie et la liberté du disciple. “Toi qui est bon et qui pardonnes, plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie ” (Ps 85), et accorde-moi de croire que tu es venu m’appeler personnellement, toi le médecin et l’Époux de mon âme. »


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