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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie de Carême

Dans l’Evangile de ce jour, Notre-Seigneur nous annonce « la venue du Fils de l’homme dans sa gloire ». Le pronom possessif souligne qu’elle est sienne, cette gloire : Jésus l’a définitivement acquise par sa victoire sur l’Ennemi, remportée au désert en refusant toute glorification acquise par la mise en œuvre de pouvoirs, fussent-ils divins. Le Fils unique ne reçoit sa gloire que de son Père, qui lui donne de participer à sa propre vie.
C’est précisément ce mystère de la filiation divine que la liturgie va nous inviter à contempler tout au long de cette première semaine de Carême, mystère que le Verbe fait chair nous offre en partage, si du moins nous acceptons les exigences qui en découlent.
Pour atteindre le but fixé dans une course en montagne, il faut garder les yeux rivés sur le sommet que l’on veut gravir. C’est pourquoi l’Eglise nous invite à contempler ce qu’il est convenu d’appeler la scène du « jugement final ». Il s’agit sans doute d’un des passages les plus déconcertants de l’Evangile, puisqu’il n’y est fait aucune référence à Dieu, ni au culte qui lui est dû, ni même à une confession de foi qui nous vaudrait le salut. Le roi sépare les brebis des chèvres uniquement sur base de leur comportement, plus précisément sur le critère de la compassion active qu’ils ont manifestée - ou omis de manifester - envers leur prochain démuni.
Les brebis sont justifiées eu égard à leur charité qui s’est mise en peine, sans considération pour leurs péchés, auxquels il n’est même pas fait allusion ! Quant aux chèvres, elles sont répudiées à cause de leur dureté de cœur, voire de leur simple indifférence, sans considération pour les autres aspects de leur vie que l’on peut imaginer « religieusement et moralement correctes ». On ne peut dire plus clairement que « la charité couvre une multitude de péchés » (1 P 4,8) - voilà pour les brebis ; par contre, « nous aurions beau avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, s’il nous manque l’amour, nous ne sommes rien » (1 Co 13, 2) - voilà pour les chèvres.
Un tel jugement a vraiment de quoi surprendre : l’amour et le service de Dieu ne priment-t-ils pas sur l’attention au prochain ? Dès lors, n’est-ce pas le culte qui devrait couvrir une multitude de péchés ?
Jésus nous donne lui-même la clé de ce paradoxe dans la mise en scène qu’il propose : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Certes, la devise « Dieu premier servi » demeure valable en toutes circonstances ; mais depuis que le Verbe s’est fait chair, le service de Dieu s’identifie précisément au service de l’homme auquel le Seigneur a voulu s’unir aussi intimement.
Tout cela nous le savons rationnellement ; mais si la liturgie nous propose de revenir à ce passage en ce temps de conversion, c’est bien sûr pour nous inviter à un examen de conscience sur la manière dont nous vivons concrètement cette exigence.
Les injonctions : « Allez vous en loin de moi ! » fulminée contre les réprouvés, et « Venez ! » adressée aux élus, indiquent clairement que « la vie éternelle », la vie bienheureuse, est une vie en communion avec le Christ ; mais nous n’avons accès à celle-ci que par la communion à nos frères dans un amour de charité qui se met en peine. C’est ainsi seulement que nous « recevrons en héritage le Royaume préparé par le Père depuis la création du monde », pour ceux qui acceptent de donner leur vie pour « l’un de ces petits », que Jésus a aimés jusqu’à mourir pour eux.

« Seigneur tu nous redis : “Soyez saints, car moi votre Dieu, je suis saint : tu aimeras ton prochain comme toi-même” (1ère lect.). Toi le premier tu nous as donné l’exemple : en ton Fils Jésus Christ, tu t’es fait proche de nous, pour nous aimer comme toi-même. Désormais tu nous aimes comme un Père, en Jésus comme des frères, et dans l’Esprit comme une Mère, à travers le Cœur immaculé de Marie, la pleine de grâce. En ce jour où nous célébrons Notre Dame de Lourdes, “viens au secours de notre faiblesse : fais que par son intercession, nous soyons guéris de nos péchés” (Or. d’ouv.), et puissions avancer sur le chemin de la vraie charité. »


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