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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

jeudi, 12ème semaine du temps Ordinaire.

« Il ne suffit pas de me dire “Seigneur, Seigneur !” pour entrer dans le Royaume des cieux » ; mais ce qui importe c’est de « faire la volonté de mon Père ».
A première vue nous pourrions croire que Jésus oppose les beau-parleurs qui n’agissent pas, à ceux qui discrètement mettent en pratique les principes énoncés par les premiers. Mais qui d’entre nous n’aimerait avoir accompli les bonnes œuvres que le Seigneur met sur les lèvres de ses interlocuteurs imaginaires : « En ton nom nous avons été prophètes, nous avons chassé les démons et fait beaucoup de miracles ». Et pourtant la réponse de Jésus ne laisse aucun doute : « Je ne vous ai jamais connus ».
Il nous semble que le reproche du Seigneur est double.
Certes, c’est au nom de Jésus - la mention « en ton nom » revient par trois fois - que ces hommes ont accompli des œuvres de puissance. Mais leurs actions ne les ont pas ouvert à la personne du Père qui leur donnait le pouvoir d’agir. Dès lors leurs œuvres relèvent davantage de la magie que de signes annonciateurs du Règne de Dieu. Comment entreraient-ils dans le Royaume des fils alors qu’ils ignorent le Père ?
De plus, les personnages mis en scène se prévalent de leurs actions pour revendiquer une proximité avec le Seigneur, comme si la reconnaissance dépendait des œuvres. Or la filiation - puisque c’est bien de cela qu’il s’agit - ne peut être que de l’ordre du don. D’ailleurs, que pourrions-nous revendiquer au nom de nos œuvres, puisque les talents qui nous permettent de les accomplir, nous sont intégralement donnés ?
A nouveau l’enseignement - quelque peu provoquant - de Jésus veut concentrer toute notre attention, au-delà même des œuvres les plus louables que nous pourrions accomplir en son Nom, vers la Personne du Père. Car le Royaume ne s’instaure que là où des hommes et des femmes reconnaissent la paternité de Dieu, et s’engagent résolument à vivre sous son regard des relations nouvelles de fraternité, que seul l’Esprit rend possible.
Ainsi donc, Jésus ne reproche pas à ses interlocuteurs d’avoir accompli des miracles, mais il qualifie leurs oeuvres en fonction de leur origine : tout ce que nous faisons par nous-mêmes, ne vaut strictement rien. Pire encore, Jésus dénonce fermement ces actions comme incompatibles avec l’état de disciple, et même dommageables : « “Ecartez-vous de moi, vous qui faites le mal !” Certes vos œuvres ont l’apparence du bien : matériellement elles semblent répondre aux exigences du Royaume ; mais en fait elles ne sont qu’actions humaines sans valeur, car elles ne sont pas accomplies dans l’esprit filial ; il leur manque la bonté que seul l’Esprit Saint peut donner à ce qu’il touche ».
A travers cette mise en garde sévère, Jésus veut nous enseigner que seul peut proclamer en vérité que « Christ est Seigneur » (cf. Rm 10,9 ; 1 Co 12, 13), celui qui, comme lui, choisit de dépendre radicalement du Père, recherchant sans cesse sa volonté, afin d’y communier dans l’amour.
« Tout homme qui entend » : du verbe « shama », qui signifie à la fois entendre, écouter et obéir. L’insensé est celui qui « ne met pas en pratique » ce qu’il entend de la bouche de Jésus ; c’est-à-dire qui construit sa vie en se fiant à sa propre évaluation de ce qu’il convient de faire. Le caractère subjectif de ses choix ne résistera pas à la confrontation à d’autres idéologies ou à d’autres systèmes de valeurs, tout aussi pertinents que les siens ; aussi son œuvre aura tôt fait de s’écrouler dans la tempête des contestations et des crises qui menacent inévitablement les réalisations humaines.
L’homme avisé par contre est celui qui « met en pratique » la parole que Jésus vient de dire sur la filiation ; c’est-à-dire qui décide de construire sa vie sur la Parole du Père en qui il a mis toute sa confiance. Celui-là est « pré-voyant », car en obéissant au Maître de l’histoire, il travaille à la venue du Royaume qui ne passera pas. Les éléments du monde peuvent bien se déchaîner, ils ne détruiront pas ce que Dieu réalise à travers son serviteur, son fils, son ami.

« Père, envoie sur nous ton Esprit Saint ; que sa rosée féconde nos esprits, nos âmes et nos corps ; alors, comme un arbre planté près d’un ruisseau, nous donnerons du fruit en toute saison et notre feuillage ne se flétrira pas (cf. Ps 1, 1-3). Puissions-nous ainsi te plaire en toutes choses et te rendre grâce par toute notre vie, par Jésus, le Christ, Notre-Seigneur. »


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