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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Férie du Temps Pascal

Un notable parmi les Juifs vient trouver Jésus en secret. Sa démarche est personnelle : il s’est désolidarisé du groupe des pharisiens auquel il appartient. Par mesure de prudence, il préfère cependant rester discret : il vient de nuit, symbole du manteau d’ignorance qui couvre notre humanité depuis qu’elle s’est retirée de la présence de Dieu.
Ce fils d’Abraham voit les « signes » que Notre-Seigneur accomplit et qui témoignent indubitablement de la présence agissante du Tout-Puissant ; il « sait » que c’est « de la part de Dieu » que ce Rabbi délivre son enseignement. Le pluriel « nous savons » suggère même que le groupe des chefs religieux auquel il appartient est unanime sur ce point : « aucun homme ne peut accomplir les signes que tu accomplis si Dieu n’est pas avec lui ». Mais contrairement à ses collègues du Sanhédrin qui disqualifient a priori celui qu’ils considèrent comme un rival, Nicodème vient rencontrer Jésus dans l’espoir de pouvoir discerner son identité profonde.
« En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu ». La question implicite de Nicodème portait sur la personne de Notre-Seigneur, et celui-ci le renvoie vers un « Royaume » qui se donnerait à « voir » - c’est-à-dire à connaître – que sous certaines conditions. L’identité véritable de Jésus ne se révèle donc que sur un autre horizon, qui n’appartient pas à cette terre : « le Royaume de Dieu ». Pour y accéder, il s’agit de « naître » à cette réalité mystérieuse, c’est-à-dire d’accueillir une vie que nous ne possédons pas encore et qui nous vient « d’en haut ». La tournure de la phrase suggère une opposition avec notre vie naturelle, qui viendrait donc « d’en bas », de cette terre, qui est encore entre les mains du Prince de ce monde. C’est donc à une connaissance par co-naturalité que nous sommes invités pour pénétrer le mystère de l’identité véritable du Christ Jésus ; il faut par la foi devenir fils de lumière pour pouvoir reconnaître celui qui est la Lumière du monde, il faut dans la foi accueillir la grâce de la filiation pour pouvoir confesser le Fils unique et adorer le Père « en esprit et en vérité » (Jn 4,23).
« Comment un homme peut-il naître, étant vieux ? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » Comme seule réponse, Jésus réitère avec insistance la même exigence, tout en précisant ce que signifie « naître d’en haut » : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu ». Curieusement, dans l’analogie utilisée par Jésus pour décrire cette nouvelle naissance, il semble qu’il y ait deux principes : « l’eau » et « l’Esprit », tous deux étant nécessaires pour nous engendrer à la vie nouvelle. Ce mystère s’éclaircira tout au long du quatrième Evangile, dans l’annonce progressive de la venue de l’Esprit Saint, qui introduira les disciples dans la vérité toute entière. Plongés avec le Christ dans les grandes « eaux » purificatrices de sa mort, nous sommes appelés à ressusciter avec lui dans le souffle de « l’Esprit ». Tout cela sera l’œuvre exclusive de Dieu lui-même, comme le suggère l’utilisation de l’expression « naître d’en haut », qui évite de nommer Dieu tout en le désignant sans ambiguïté.
De même que le Ressuscité échappe définitivement aux prises des hommes, ainsi en est-il « de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit » : tout en étant encore au cœur de ce monde, il se meut déjà dans le Royaume. Il a compris que « ce qui est né de la chair n’est que chair » et retournera à la poussière ; mais que « ce qui est né de l’Esprit est esprit » et participe à la vie même de Dieu. C’est pourquoi il est suprêmement libre par rapport aux puissants de ce monde, n’étant plus attaché à ce qui les obsède et ne craignant plus leurs menaces.
C’est bien le témoignage que nous laisse la première communauté chrétienne (1ère lect.). Alors que l’orage gronde et que s’annoncent les persécutions, loin de demander à Dieu d’éloigner d’eux cette menace, ils s’en remettent à lui en toute confiance, le priant seulement de les renouveler dans l’Esprit Saint, afin qu’ils puissent annoncer la Parole de vérité « avec une parfaite assurance », et accomplir « au nom de Jésus » les signes qui l’accréditent.
En ce temps de cheminement de Pâque à la Pentecôte, faisons nôtre cette ardente prière, afin que, renouvelés nous aussi dans le souffle de l’Esprit, nous soyons les témoins courageux que le Seigneur convoque et envoie pour la nouvelle évangélisation.


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