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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Irénée, évêque et martyr,

Après avoir averti ses disciples sur les exigences à marcher à sa suite, Jésus s’embarque avec eux pour passer sur la rive orientale du lac de Tibériade.

C’est alors que la tempête éclate, violente qui plus est, puisque les vagues, nous rapporte l’évangéliste, en arrivent à recouvrir la barque. Jésus, quant à lui, dort. Le contraste est saisissant. D’un côté, la violence et le fracas des vagues qui se déchaînent contre l’embarcation ; de l’autre, le calme et la sérénité de Jésus qui dort paisiblement. Les disciples, eux, semblent tiraillés entre les deux, ne comprenant pas trop ce qui se passe. Pourquoi cette tempête subite et pourquoi Jésus ne paraît-il aucunement troublé par ce déchaînement des forces de la nature ?

Du coup, Jésus, dans son sommeil, leur semble loin comme hors de porté. D’ailleurs, Matthieu nous précise qu’ils se rapprochent de lui pour le réveiller. Eux, qui prétendaient le suivre et s’attacher à lui, s’en étaient donc éloignés. La violence de la tempête et leurs premières tentatives pour éviter à la barque de chavirer leur auraient-elles fait oublier le présence de Jésus à leurs côtés ? « Seigneur, sauve-nous, nous périssons » ! Autrement dit : « Seigneur, la mort nous menace, viens à notre aide, tire-nous de ses griffes » !

Le salut appelé ici par les disciples se limiterait-il à un simple secours apporté pour sortir vivant de la tempête ?
L’épisode va prendre alors tout son sens. Jésus se lève et « debout » menace les vents et la mer qui, à sa voix, s’apaisent et redeviennent calmes. Le verbe utilisé par l’évangéliste pour exprimer que Jésus se relève de son sommeil est le même qu’il emploie pour parler de la résurrection. Jésus anticipe donc la victoire de sa résurrection. De même qu’englouti sous les vagues Jésus se lève pour imposer silence aux éléments naturels déchaînés, de même après s’être plongé dans le sommeil des abîmes de l’Hadès, il se relèvera ressuscité, victorieux du péché et de la mort. C’est une véritable théophanie à laquelle nous assistons ici, mise en évidence d’ailleurs par l’étonnement qui saisit les disciples : « quel est donc celui-ci, pour que même la mer et les vents lui obéissent ? »

Mais les disciples n’en sont ici qu’à l’étonnement. Ils n’ont pas encore reconnu le mystère de la personne même de Jésus. Ce n’est qu’après sa résurrection qu’ils pourront relire cet épisode comme une manifestation de la toute-puissance divine du Fils de l’homme. Ce n’est qu’après elle, que Matthieu pourra faire ressortir toute la densité de leur cri en l’exprimant ainsi : « Seigneur » - « Kurios » en grec - , qui désigne le Christ ressuscité, « sauve-nous » !

Pour l’heure, les disciples doivent encore cheminer. Jésus veut les faire passer sur cette « autre rive » de la foi : « pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? »
La foi est ici cette certitude du salut en la personne du Christ. Elle est cette confiance inébranlable en lui, en sa proximité, au cœur des plus grandes et des plus troublantes tempêtes de la vie.
Même si parfois le Christ nous semble dormir, il n’en demeure pas moins présent à nos côtés. Cette seule présence devrait nous suffire et la seule pensée que le Christ dort dans notre barque, en nous faisant confiance pour mener le combat en première ligne, devrait nous réjouir.
Oui, la foi n’est-elle pas ce mouvement intérieur qui nous fait revenir dans la proximité du Christ Seigneur à travers le voile de toute les affections qui nous troublent et de tous les raisonnements vains pour les résoudre ?
Il nous faut bien avouer que ce retour s’effectue souvent pour nous dans un cri : « Seigneur sauve-nous, nous périssons » ! Il nous faut alors remarquer que Jésus ne reproche pas à ses disciples de crier mais de rester dans ce cri paralysés dans leur peur. Autrement dit de ne pas sortir de leur angoisse tout en voulant s’ouvrir à sa présence.
Crier dans la foi, c’est, au contraire, sortir de soi, sortir de ses troubles, de ses peurs et de ses angoisses pour s’ouvrir à l’Autre. Crier dans la foi c’est cesser de raisonner et de lutter par ses propres forces. Crier dans la foi, c’est s’abandonner au Fils en confessant sa divinité du fils et le salut qu’il nous a acquis.
Alors le cri de la foi apparaît bien comme l’œuvre déjà en nous de la grâce. Il est cet appel à ce quelqu’un d’invisible pour le rendre présent en chair et en os à nos côtés.
Crier vers Dieu dans la foi c’est déjà rencontrer Dieu. Crier vers Jésus dans la foi c’est déjà rencontrer le ressuscité vainqueur des ténèbres et de la mort. Telle me semble être tout le chemin intérieur que Jésus veut faire parcourir à ses disciples dans cette péricope : du cri du désespoir au cri de la foi pour rencontrer le Ressuscité déjà là à nos côtés. Engageons-nous, nous-aussi sur ce chemin. Il est chemin de paix, de liberté et de vie.


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