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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Saints premiers martyrs de l’Eglise de Rome,

« Voilà qu’on lui apporte un paralytique ». Une telle phrase, dans les évangiles, évoque immédiatement des scènes bien connues. Parmi elles, on se rappelle par exemple cet épisode où les amis d’un paralytique font un trou dans le toit de la maison où enseigne Jésus pour lui présenter leur camarade. Cette fois-là, comme à chaque fois, leur audace et leur foi sont récompensées : l’homme repart guéri, son brancard sous le bras, sa rencontre avec le Seigneur l’a transformé pour toujours.

Le récit que nous lisons aujourd’hui est un peu différent. « Voilà qu’on lui apporte un paralytique ». Notre attention est d’abord portée sur un groupe indistinct, « on », composé des porteurs et du paralytique. Il nous est impossible de les distinguer, ils sont ensemble, ils avancent comme un seul corps. Jésus ne les distingue d’ailleurs pas, qui prend la parole « voyant leur foi ».

Quant à eux, ils n’ont rien dit. Leur foi est réelle, Jésus et ceux qui l’entourent la remarquent tous, mais elle est une foi muette. Une foi collective et globale. Nous pouvons même ajouter : une foi est imparfaite. Jésus en effet ne fait pas de compliment sur cette foi, il se contente de la mentionner, et son premier mot est un appel à la confiance filiale, c’est-à-dire un appel à la foi : « confiance, mon fils ».

Remarquons que cette interpellation est adressée personnellement au paralytique. La première action de Jésus consiste donc à le distinguer du groupe, à l’inviter à un rapport personnel avec lui. Enfin Jésus lui manifeste cette alliance particulière par le pardon de ses péchés à lui, pas ceux des autres membres du groupe.

La dynamique de ces événements est particulièrement intéressante pour nous, parce qu’elle surprend, et parce qu’elle déçoit. Soyons francs : en voyant arriver le groupe des porteurs avec le paralytique nous nous attendions, tout comme eux, à ce que Jésus guérisse cet homme. Voilà qu’il lui pardonne ses péchés…

Cette absolution est cependant très originale. La question de cet évangile n’est pas que Jésus revendique posséder l’autorité de Dieu pour pardonner les péchés, mais qu’il rende pur cet homme qui est paralysé. Il ébranle ainsi la conception commune à l’époque que péché et infirmité vont toujours de pair. Or, en différant la guérison, Jésus montre que la justice de l’âme n’est pas incompatible avec l’infirmité du corps. Il montre que les croyances traditionnelles de son temps ne sont pas toujours ajustées.

Nous qui savons déjà ce qu’il en est du prétendu péché des infirmes (nous le savons parce que Jésus nous l’a appris), nous redécouvrons combien cette association du péché et des infirmités nous touche. Plus précisément, nous redécouvrons combien culpabilité et maladie sont liés. La maladie a originellement sa source dans le péché des hommes, c’est pourquoi elle est liée à la culpabilité, mais la maladie, à prendre au sens général qui décrit notre cœur à tous, la maladie handicape moins que nos culpabilités.

Ce sont elles en effet qui nous conduisent à paralyser notre vie de foi dans des attitudes convenues. Pour éviter de les affronter, pour s’épargner la douleur de rechercher leurs origines dans nos vies, nous consentons à des renoncements à la vie, nous évitons d’approfondir la cohérence du mystère du dessein de Dieu sur nos vies ou encore nous nous rassurons dans la soumission servile à diverses croyances traditionnelles. Nous ressemblons alors au groupe indistinct des porteurs et du paralytique.

Certes, nous avons la foi. Certes, nous allons vers Jésus. Malheureusement l’évangile de ce jour nous révèle que nous croyons croire. Nous croyons comme ces hommes, d’une foi muette, globale, impersonnelle. Nous croyons d’une foi imparfaite qui nous handicape et empêche le Seigneur de se servir de nous aussi naturellement qu’un homme utilise ses membres. Reprenons conscience que la réquisition du Seigneur s’adresse en nous en tout et pas seulement à ce que nous connaissons de nous-même et de notre foi.

L’appel qui nous est lancé par le Seigneur est un appel à entrer librement dans son alliance : « confiance, fils ». Dans cette interpellation, Jésus nous fait la grâce d’une foi débarrassée de toute culpabilité, d’une foi qui voit plus loin que la limite de nos connaissances, d’un élan qui ose accueillir le Seigneur comme il se révèle : notre sauveur, tout simplement et radicalement. Saisissons cette grâce et donnons au Seigneur la joie de nous voir habités d’une foi authentique et pure, une foi qui fait grandir, une foi qui rend gloire à Dieu.


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