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 - 27 mars 2024 - Saint Habib
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Homélie

Férie du Temps Pascal

Jésus prie afin que nous demeurions fidèles au « Nom » de son Père, ce nom qu’il « a reçu en partage ». Le nom désigne l’être même de la personne nommée ; Jésus révèle donc qu’il participe à la plénitude de l’Etre et du pouvoir divins de son Père. Ce qui nous entraîne au cœur du mystère trinitaire : les trois Personnes divines partagent la même Substance ; elles ne diffèrent que par les « relations subsistantes » (saint Augustin) qu’elles entretiennent à l’intérieur de cette unique Substance divine. Il n’y a pas trois substances - ce qui conduirait à trois dieux individuels - mais trois relations subsistantes qui définissent trois Personnes : celle du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.
Demeurer fidèles au Nom du Père, c’est-à-dire garder la foi en sa paternité, n’est pour nous possible qu’en demeurant fidèles au Fils qui partage son Nom. Cette fidélité n’est pas uniquement une affaire de constance dans un engagement verbal - comme peut l’être la fidélité à un serment. Il s’agit d’infiniment plus, puisqu’elle conduit à nous établir dans l’unité avec le Fils comme lui-même est en parfaite communion avec le Père. L’analogie trinitaire que le Seigneur suggère lui-même, nous fait pressentir qu’en adhérant au Christ dans la foi, nous lui sommes substantiellement unis, comme lui-même ne constitue qu’un seul Etre avec son Père.
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi, a la vie éternelle » (Jn 6,47) ; c’est-à-dire : il participe à ma propre vie divine filiale. Or pour devenir participant de la vie d’un Autre, il faut nécessairement lui être uni corporellement. Ne confessons-nous pas que par la foi et le baptême, nous sommes incorporés en Christ ? Ceci est encore plus perceptible dans le sacrement de l’Eucharistie, qui constitue pour cette raison l’accomplissement de toute la démarche sacramentelle : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. En effet, ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui » (Jn 6,56). Jésus ne craint pas d’insister sur la mystérieuse analogie entre son union ineffable au Père en tant que Fils unique, et notre union à lui en tant que disciples : « De même que je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6,57). Le Verbe a pris chair de notre chair, pour que par cette communion à notre nature créée, il puisse nous introduire dans la communion à sa nature incréée. Mais comme lui-même vit de la vie même du Père avec lequel il ne fait qu’un, nous-mêmes nous sommes dès lors unis substantiellement au Père par et dans le Fils.
Tel est le statut paradoxal du chrétien : greffé sur la Sainte Vigne du Père, participant de sa toute-puissance, il demeure pourtant fragile et sujet au péché. La vie divine en nous est sans cesse menacée par notre vie naturelle, qui s’insurge contre cette vie étrangère menaçant son hégémonie. Jésus le sait, il connaît notre combat ; c’est pourquoi il affirme : « J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu ; et maintenant que je viens à toi, Père, je te demande de les garder du Mauvais ».
La seule manière pour Dieu de s’assurer de notre fidélité, c’est de nous prendre sous ses ailes ; ou pour le dire dans un langage plus théologique, de nous « consacrer » à son service. Etymologiquement, con-sacrum ou con-sanctum signifie en effet : être mis par Dieu auprès de lui, « avec lui ». C’est précisément le ministère confié par le Père à l’Esprit de sainteté : nous couvrir de son ombre pour que nous soyons à l’abri sous la nuée divine. « Consacre-les par la vérité », c’est-à-dire « consacre-les dans l’Esprit de vérité ».
Et pour que Celui-ci puisse descendre et reposer sur nous, Jésus ajoute : « Je me consacre moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité ». Jésus ira jusqu’au bout de son chemin de solidarité et d’identification avec nous, descendant jusque dans notre mort, afin que par sa résurrection, nous soyons introduit par lui, avec lui et en lui, dans l’onction spirituelle qui l’unit au Père. Dès lors, à la Pentecôte l’Esprit ne descend pas sur des inconnus, mais sur ceux qu’il connaît déjà dans le Fils, pour les « consacrer eux aussi par la vérité ».

« Seigneur Jésus, tu as partagé notre vie pour nous donner part à la tienne ; tu as versé ton sang afin de nous introduire, saints et immaculés, en présence de Dieu ton Père. Ne laisse pas “les loups féroces s’introduire” dans notre bergerie. Ils sont légions de nos jours “les hommes qui tiennent des discours mensonger pour entraîner les disciples à leur suite” (1ère lect.) ! Demande encore à ton Père d’envoyer sur nous l’Esprit de vérité, qu’il nous guide vers la vérité toute entière (cf. Jn 16,13) et nous garde vigilants dans le combat spirituel, afin de ne rien perdre du message de grâce qui nous est confié. Car il est vie éternelle pour tout homme qui croit. »


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