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 - 21 avril 2024 - Saint Anselme de Cantorbéry
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Homélie

vendredi, 12ème semaine du temps ordinaire

Les lépreux sont tenus de se tenir à distance, ou s’ils s’approchent, d’annoncer leur venue par des cris afin de permettre aux biens-portants de s’éloigner. Exclus de la société, privés de leurs droits civils et religieux, ils n’ont plus à vrai dire le statut de personnes. La rencontre du lépreux avec Jésus dans le récit que nous venons d’entendre se situe dans un tout autre contexte : franchissant l’interdit, cet homme se présente au Rabbi dont il vient d’entendre les enseignements, de manière éminemment personnelle. Avec l’audace de celui qui n’a plus rien à perdre, il s’est probablement infiltré discrètement dans la foule pour pouvoir rejoindre Notre-Seigneur sans se faire reconnaître. Son attitude et le titre de « Seigneur » par laquelle il s’adresse à Jésus, témoignent d’une foi naissante et d’une immense espérance.
- « Tu peux me purifier » : en d’autres termes, tu en as le pouvoir effectif ; ce qui constitue à proprement parler une prérogative divine, car Dieu seul peut purifier de la lèpre.
- « Si tu le veux » : s’agit-il d’un doute sur la bienveillance de Jésus ? Ou faut-il interpréter cette réserve comme un subtil chantage : « si je ne me relève pas guéri, c’est que tu ne l’auras pas voulu, ce qui serait incohérent avec ce que tu viens de prêcher sur la montagne… ».
Notre-Seigneur répond par un geste de tendresse compatissante totalement gratuit : il touche le malade qui ne se tenait qu’à une longueur de bras, et d’une parole, il accomplit instantanément le miracle : « Je le veux, sois purifié ».
La question subsiste cependant : à qui attribuer le prodige ? A Dieu de qui vient le pouvoir de guérir la lèpre ? A Jésus qui a accordé la guérison sur la demande du malade ? Ou au lépreux lui-même, qui a réussi à convaincre Notre-Seigneur d’accomplir sa volonté ? Nous avons vu en effet que le face à face entre les deux personnages n’était pas sans ambigüité en raison du chantage mis en œuvre par le malade. Aussi Jésus lui impose-t-il silence : « ne dis rien à personne ». Ce n’est pas à lui à interpréter le miracle : les Ecritures s’en chargent. Il suffit qu’il aille se présenter au prêtre chargé de vérifier la guérison, et qu’il offre l’offrande prévue par la Loi en vue de sa réintégration sociale. Ce comportement est suffisamment éloquent par lui-même : toute parole supplémentaire risquerait de détourner l’attention de la finalité de la guérison accordée - à savoir la glorification du Dieu d’Israël, seul auteur du miracle, à qui revient dès lors l’offrande. Ce n’est que dans ces conditions que la guérison « sera pour les gens un témoignage » de l’amour de Dieu pour ses enfants.
Une fois de plus, Jésus s’efface derrière l’agir de son Père, interprété à la lumière des Ecritures qu’il est venu accomplir : Notre-Seigneur n’est pas venu pour faire sa volonté, ni pour chercher sa propre gloire, mais pour manifester au monde la bienveillance du Dieu d’amour. Contrairement aux gourous de tous bords qui attirent sur leur propre personne l’attention et l’affection de leur entourage, enfermant ceux qui les approchent dans une dépendance carcérale, Jésus est venu pour nous libérer de la lèpre du péché et de toutes les aliénations qui s’en suivent, afin de nous restituer dans notre liberté filiale. Son seul souci est de nous tourner vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu (cf. Jn 20,17) dont il est venu nous révéler le visage de tendresse.

« Seigneur, non seulement je suis sûr que tu veux me guérir, mais je crois que sur la Croix, tu as déjà accompli ma purification. Chaque jour et dans chacun de tes sacrements, tu étends la main, tu me touche et me dis : “Je le veux, sois purifié”. Accorde-moi de pouvoir reconnaître ces moments de grâce, de pouvoir les accueillir comme des manifestations de ta tendresse et des signes de l’instauration de ton Règne ; et donne-moi de pouvoir en rendre témoignage dans l’Esprit, afin qu’en voyant tes œuvres de miséricorde, le monde croie que tu es son Sauveur. »


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