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 - 14 avril 2024 - Sainte Lidwine
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Homélie

samedi, 12ème semaine du temps ordinaire

Après le lépreux, nous abordons aujourd’hui le second et le troisième volet du tryptique de guérisons proposé par saint Matthieu au chapitre 8 de son évangile.
La demande vient à nouveau d’un « exclu », mais pour d’autres raisons que le lépreux rencontré hier. Il s’agit d’un étranger, un païen, et de surcroît un officier de l’armée occupante. Personnage en principe peu sympathique, mais qui manifeste pourtant une étonnante délicatesse de cœur : il se déplace personnellement pour « venir à Jésus et le supplie » de guérir son serviteur, c’est-à-dire son esclave. Ce n’est cependant pas par intérêt - pour ne pas perdre « un bon instrument de travail » - qu’il s’implique ; mais par compassion devant la terrible souffrance de cet homme sur lequel il a pourtant droit de vie et de mort.
Jésus a perçu le travail de la grâce dans le cœur du centurion et consent à sa demande : « Je vais aller le guérir » ; ce qui sous-entend : « Je vais me rendre au chevet du malade ». Or le centurion sait fort bien qu’un Juif n’a pas le droit d’entrer dans la maison d’un incirconcis sous peine de contracter une impureté rituelle. S’il s’adresse néanmoins à Jésus, c’est donc qu’il croit sans hésitation en la puissance performative de la Parole du Maître. Celui-ci n’a pas besoin de s’approcher du patient pour effectuer sur lui des passes comme le faisaient les thaumaturges de l’époque. Si la parole d’un centurion a autorité sur des soldats, a fortiori la Parole de Jésus saura-t-elle s’imposer à la maladie, même à distance. Cet officier souligne cependant qu’il ne tient son autorité sur ses subalternes que parce que lui-même est soumis à un supérieur. Autrement dit, il ne fait que représenter l’autorité militaire qui s’exprime efficacement à travers lui. Le centurion a donc pressenti que Jésus opère avec la puissance de Dieu lui-même dont il est l’envoyé plénipotentiaire ; c’est pourquoi il s’adresse à lui en le nommant « Seigneur ».
On comprend l’étonnement émerveillé de Jésus : Notre-Seigneur jubile en constatant l’accès de ce païen à la foi. L’universalité de la Bonne Nouvelle s’affirme dans les faits : tout homme qui consent à se rendre attentif à l’action de l’Esprit, peut reconnaître la Seigneurie du Christ, le Verbe de Dieu venu dans la chair pour nous restaurer dans la vérité de notre filiation adoptive. Le plus surprenant, c’est qu’en fin de compte Jésus ne prononce même pas de parole de guérison à proprement parler. Il se contente d’annoncer au centurion la réalisation de ce qu’il espérait en venant à sa rencontre. Car la Parole qui guérit et qui sauve, c’est la Personne même de Jésus, le Verbe de Dieu livré pour nous. En reconnaissant Jésus, ce païen s’est non seulement laissé investir par la grâce, mais il en est devenu le médiateur pour son serviteur.
Il n’y a pas que les païens qui ont besoin de guérison : tout porte à penser que la belle-mère de Pierre était une juive pratiquante, bien intégrée dans la communauté religieuse de Capharnaüm. Elle représente dans notre récit la nation sainte, celle qui devait accueillir le Messie pour le donner au monde ; et voilà qu’elle est incapable d’exercer son ministère en raison d’une fièvre qui la cloue au lit. Pour qu’elle puisse se lever et le servir, il faut d’abord que Jésus lui prenne la main, en signe de compassion et qu’il la rétablisse elle-aussi en relation avec Dieu, en la délivrant de la fièvre du péché.
« Le soir venu, on lui amena beaucoup de possédés » : y avait-il donc tant de cas de possession en Israël du temps de Jésus ? Ou bien s’agit-il d’hommes et de femmes qui, hier comme aujourd’hui, ont besoin de la Parole de Jésus pour être libérés de leurs multiples aliénations ? Hélas peu de nos contemporains sont encore conscients du besoin de libération qui affecte tout homme depuis le péché des origines.
L’évangéliste souligne que dans chacune de ces guérisons, Jésus intervient dans un élan de solidarité, et par compassion pour le triste état de notre humanité : « Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies » (Is 53, 4). Ne faut-il pas entendre dans cette insistance, une invitation à ouvrir nos cœurs à l’action de l’Esprit, afin que le Christ puisse continuer à travers nous ce ministère de compassion, comme le centurion nous en donne l’exemple ? Cela suppose que nous commencions par nous laisser saisir la main par Jésus, afin d’éprouver d’abord nous-mêmes la puissance de libération et de guérison de sa Parole.

« “Seigneur je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et je serai guéri” de mon égoïsme, de mon indifférence, de ma peur de m’engager. Dis seulement une parole et je pourrai me lever pour te servir en servant mes frères, dans la paix et la joie de l’Esprit. »


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