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 - 27 mars 2024 - Saint Habib
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Homélie

Sainte Elisabeth de Portugal,

Dans l’évangile d’aujourd’hui nous sont présentés deux récits de guérison, imbriqués l’un dans l’autre : Celui de la fille du chef de la synagogue interrompu par celui d’une femme hémorroïsse qui subrepticement vient toucher la frange du manteau de Jésus. Le caractère inattendu de ce dernier épisode mérite notre attention.

D’entrée, il est remarquable que la guérison de la femme hémorroïsse est tout entière placée sous le signe du salut. Le terme revient trois fois : dans le propos de la femme, dans la bouche de Jésus et dans le récit du narrateur. C’est comme si le recouvrement de la santé par cette femme était pris tout entier dans le mouvement du salut qui s’étend du début à la fin du récit. Mais qui dit « salut » dit aussi mouvement de « foi ». C’est ainsi que dans cet épisode, nous nous retrouvons aussi les témoins de toute une démarche de foi qui ouvre au salut.

Cette femme ne demande rien à Jésus. Elle arrive par derrière, pensant agir à son insu. Elle veut simplement le toucher et elle met dans ce toucher toute son espérance : « Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée ». Cette parole qu’elle se dit à elle-même est aussi un aveu de son impuissance et l’expression d’une attente d’un retour en gratuité de la part de Jésus. Mais ceci n’est pour cette femme que le premier moment du salut que Jésus va porter lui-même à son achèvement.

Jésus réagit à ce toucher par une triple initiative : il se retourne vers la femme, il la regarde et il lui adresse la parole. Jésus rétablit ainsi la relation avec cette femme qui n’osait pas le regarder en face et encore moins lui parler. Jésus se retourne. C’est le tournant du récit. Jusqu’alors, Jésus était resté silencieux. Il avait suivi le père de la jeune fille sans rien dire. Mais dès maintenant, c’est lui qui reprend l’initiative de la parole et à travers elle, la maîtrise de l’action.
Il s’adresse ainsi à la femme : « confiance, ma fille, ta foi t’a sauvé ». Au monologue intérieur de la femme, Jésus substitue un dialogue où la parole de l’un suscite l’écoute de l’autre. La parole de Jésus n’est pas ici une parole performative de guérison. Jésus constate simplement le geste de cette femme et il l’interprète. Dans le toucher de cette femme, le « croire » se manifeste comme l’appropriation du don de Dieu dans une audace et une confiance aimante. Croire, c’est donc bien oser toucher Jésus.

Mais de quel toucher s’agit-il ? C’est ici qu’apparaît le déplacement que Jésus fait opérer à la femme hémorroïsse dans sa conception du salut. Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée ». Elle, se disait : « Je serai sauvée ». Elle s’imaginait le salut comme la conséquence d’un toucher qui la plaçait dans une position totalement passive. Jésus, au contraire, fait du salut l’œuvre de sa foi, même si cette foi est don de Dieu et ne peut se manifester que dans l’aveu de son impuissance à se sauver par ses propres forces. Jésus invite cette femme à s’approprier sa guérison et à travers elle sa foi. Jésus nous montre ici que croire c’est avant tout décider de s’approprier, une fois pour toutes, le don de Dieu. Voilà ce qu’est le véritable toucher de la foi.

Le mouvement du salut est arrivé à son terme. La foi a conduit à la guérison et l’appropriation de la guérison a nourri et fortifié la foi. La foi et la guérison sont dès lors intégrées dans l’unique avènement du « salut ». Le narrateur peut conclure : « Et la femme fut sauvée à l’heure même ».

Si l’humanité atteinte par le péché est à la fois une femme-mère qui se meurt et une jeune fille endormie dans la mort spirituelle, la foi en la puissance de la résurrection du Christ peut la sauver et la réveiller.

« Seigneur, voilà l’admirable échange que tu nous donne à contempler dans l’évangile de ce jour et qui se prolonge pour nous à chaque Eucharistie. Ô Christ, nous voulons t’apporter nos vies fragiles et blessées, marquée par le péché, que tu accueilles dans ta grande bonté. Merci de nous donner en retour ta vie de Ressuscité. »


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