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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

21e dimanche du Temps Ordinaire

Nous continuons notre lecture du chapitre six de saint Jean. Dans le passage qui est proposé ce dimanche à notre méditation, nous voyons les disciples scandalisés par la tournure que prennent les paroles de Jésus : « ‘Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle.’ » Saint Jean ajoute : « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu s’écrièrent : ‘Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter !’ ». Jésus va alors mettre ceux qui le suivaient jusque là devant un choix radical : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » C’est alors que Pierre, au nom des autres disciples, se décide pour le Christ : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

Cette crise entre Jésus et ses disciples, les évangiles synoptiques la situent au cœur de la confession de Pierre à Césarée où Jésus interroge : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous qui suis-je ? » (Cf. Mc 8,27-33 ; Mt 16,13-22 ; Lc 9,18-22). Cela nous aide à comprendre que l’enjeu du passage de saint Jean que nous lisons ce dimanche n’est pas tant ce que dit Jésus mais ce qu’il est pour ses disciples, pour chacun de nous… Car ce qui a choqué la plupart des disciples ce n’est pas que Jésus prétende donner sa chair à manger - au sens propre du terme –. On ne peut les soupçonner d’une interprétation littérale aussi grossièrement matérielle. Ce qui les a heurtés c’est qu’il prétende être d’origine divine et se présente comme le don ultime et définitif de Dieu.
Jésus a d’ailleurs bien compris que c’est ici que le bât blesse. Voilà pourquoi il insiste sur sa divinité en se révélant comme celui qui vient accomplir la prophétie du Fils de l’Homme du prophète Daniel (Cf. Dn 3, 14) : « Cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (versets 61-63). Jésus pointe bien le lieu de vérité de notre foi dans notre manière de nous situer par rapport au mystère de sa personne.

Comme les disciples, nous sommes, nous aussi, invités à nous positionner. Jésus est-il pour nous le Fils de Dieu ou bien un prédicateur comme tant d’autres ? Est-ce que nous le considérons comme étant le seul capable de répondre à notre soif de bonheur parce que nous reconnaissons en lui la Parole divine de vie éternelle ? Au fond, être chrétien, n’est-ce pas se remettre chaque jour face à ces questions pour confesser à la suite de saint Pierre : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ! »
L’évangile nous montre qu’une telle réponse ne peut résulter que d’un pur acte de foi. En effet, suivre Jésus est bien plus que le fruit d’une sympathie humaine : sur le chemin à sa suite, arrive pour tous un moment où l’humain ne suffit plus et où il est nécessaire de choisir de rester fidèle uniquement par foi.

Le passage de saint Jean nous renvoie alors à la première lecture et à la scène du renouvellement de l’Alliance avec Dieu au terme de l’entrée en terre promise, juste avant que Josué ne meure après avoir accompli sa mission. Le texte semble nous dire que ce qui compte le plus ce n’est pas d’avoir une terre où habiter mais de décider quel Dieu suivre et servir. Pourquoi ? Parce que notre véritable patrie c’est le Seigneur ! Il s’agit de nous décider pour lui. Entendons résonner pour nous ces paroles de Josué : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ; les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur » (Cf. 1ère lecture). Comme le peuple d’Israël, ce jour-là à Sichem, puissions-nous répondre de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu ».

Mais comment ne pas être pris de vertige devant un tel choix ! Comment ne pas douter de notre capacité à tenir un tel engagement ! Comment ne pas remettre sans cesse à demain une telle décision !
C’est ici qu’il faut détourner notre regard de nous-mêmes pour le tourner vers le Seigneur. De même qu’il nous aimé le premier, il s’est engagé le premier en notre faveur et c’est dans son propre engagement à notre égard que nous trouverons la force de tenir le nôtre. A l’assemblée de Sichem (Cf. 1ère lecture), Dieu vient de donner la Terre Promise. Elle est là, devant les yeux du peuple hébreu. Ainsi, Dieu demande de se donner à lui après avoir donné ce qu’il avait promis. Il invite à demeurer fidèle après avoir manifesté combien lui s’est montré fidèle : « C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés » (Cf. 1ère lecture).
Mais il y a encore bien plus. Notre Dieu nous dit que même s’il nous arrivait de nous montrer infidèles, lui resterait fidèle car il ne pourrait se renier lui-même (Cf. 2 Tm 2,13). Dès lors comment aurions-nous peur ?
A cela, ajoutons qu’en contemplant notre Seigneur, en écoutant résonner au plus profond de nous ses paroles, nous éprouvons à quel point il serait impensable de se refuser à l’Alliance d’amour qu’il nous propose. Cela, c’est l’Esprit Saint qui nous le fait pressentir, car là où est l’Esprit de Dieu, là est l’amour et là est la vraie liberté (2 Co 3, 17). Et seul l’amour, répandu en nos cœur par l’Esprit (Rm 5,5) nous rend libres de choisir de rester auprès de notre Seigneur.

« Au terme de cet été, Seigneur tu nous demandes à chacun : ‘Veux-tu continuer à me suivre tout au long de cette année qui commence ? Pour croire que ta vie ne dépend pas de tes seules forces mais de la grâce de mon Esprit Saint que je répands en toi… Pour continuer à chercher la communion avec moi dans l’écoute de ma Parole et dans le Sacrement de l’Eucharistie…. Pour vivre au quotidien tes relations dans ta famille, à ton travail, à l’imitation de celle que j’entretiens avec chacun des membres de mon Église’ (Cf. 2ème lecture). Puissions-nous avec saint Pierre te redire : ‘ Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Toi seul as les paroles de la vie éternelle !’ »


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