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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

samedi, 14ème semaine du temps Ordinaire.

« Le disciple doit se contenter d’être comme son maître » : méprisé, traité de Béelzéboul, soupçonné, condamné, exclu… Si le Seigneur nous rappelle cette exigence, c’est sans aucun doute pour dénoncer nos rêves d’un christianisme triomphant qui trahirait son message. N’est-ce pas dans la mesure où l’Eglise oublie cette parole, cherchant à se faire accepter par le monde au lieu d’en être la conscience vive, que le monde la méprise ? Etonnant paradoxe : tant qu’il se fait l’écho de l’exigence évangélique dans toute sa radicalité, le christianisme est persécuté certes, mais respecté ; par contre il est méprisé et rejeté dès qu’il tente de se séculariser pour recevoir un droit de citée au cœur du Royaume terrestre. Si le pape Jean-Paul II a forcé l’admiration, même de ses ennemis, ce n’est pas en raison de compromissions avec la vérité, mais tout au contraire, parce qu’il est demeuré fidèle à sa mission de défenseur des valeurs et des droits de l’homme, appelé en Jésus-Christ à retrouver sa dignité de fils de Dieu. C’est dire s’il est inconfortable d’être chrétien ! Tout disciple du Christ sait qu’il se trouvera tôt ou tard en porte-à-faux avec l’esprit de ce monde, dont les valeurs sont antinomiques avec celles du Royaume.
L’Evangile n’a décidément pas fini de nous surprendre ! Nous rêvions d’un Dieu manifestant sa toute-puissance en triomphant de nos ennemis et en nous préservant de la souffrance. Or lorsque le Seigneur se révèle, il nous avertit tout au contraire que nous aurons peut-être à payer du prix de notre vie, le droit de « proclamer sur les toits » ce que Jésus nous a enseigné. Devant notre appréhension légitime, Jésus nous répond : « Qu’à cela ne tienne : le Prince de ce monde et ceux qui lui appartiennent ne peuvent rien contre vous. Non seulement ils n’ont aucun pouvoir sur votre âme, mais ils n’en ont sur votre corps que dans la mesure où votre Père le permet. “Sois sans crainte petit troupeau” (Lc 12,32) : de même que le Père m’a arraché à la mort pour me glorifier auprès de lui, ainsi vous sauvera-t-il vous aussi, et vous donnera-t-il part à sa propre vie dans l’Esprit ». Fort de cette promesse, Saint Paul à son tour nous exhorte : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? » (Rm 8,31-32). Le monde entier pourrait bien se déchaîner contre nous : ne sommes-nous pas dans la main de Dieu ? Or « nul ne peut rien arracher de la main du Père » (Jn 10,29). Oui, « j’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8,38-39).
A condition bien sûr de ne pas le « renier devant les hommes » ; car Notre- Seigneur ne s’impose pas à nous : il s’offre à notre liberté, pour qu’en le choisissant nous puissions retrouver notre orientation originelle vers le Père. Jésus s’engage même solennellement à intercéder auprès de Celui-ci en faveur de ceux qui ne craignent pas de se compromettre, fût-ce au prix de leur vie, en prenant position pour lui devant les hommes.

« Père, donne-nous assez de foi pour bannir toute crainte, et ne plus chercher à nous tenir “au-dessus de notre Maître” : c’est sous les ailes de la poule que les poussins sont à l’abri ! Apprends-nous à ne pas désirer une autre condition que celle qui nous échoit, puisque ton Verbe, en l’assumant, lui a donné un poids de gloire éternelle. Nous “contentant d’être comme notre Maître”, nous pourrons alors recevoir en lui la vie filiale à laquelle tu destines ceux qui te demeurent fidèles jusqu’au cœur des contradictions endurées pour l’Evangile. »


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