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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Sainte Benoît, abbé

« Ecoute, ô mon fils, l’invitation du maître, et incline l’oreille de ton cœur »... Ainsi s’ouvre le Prologue de la Règle de saint Benoît. Pétrie de la Parole de Dieu méditée chaque jour, elle est plus qu’une norme pour les moines, elle est une école de vie filiale.

La liturgie ne s’y trompe pas, qui nous donne à entendre aujourd’hui un court passage de l’évangile de saint Matthieu, où Jésus nous parle de l’eschatologie, de la vie dans le monde à venir.

La question de saint Pierre, n’importe quel moine pourrait se l’approprier : Seigneur, qu’y aura-t-il pour ceux qui ont renoncé à tout, à fonder une famille et à leur carrière, à leurs proches et à leurs biens ? Mieux que saint Pierre, qui ne rentre pas dans le détail des renoncements, Jésus en connaît la liste et la valeur. Il n’a pas peur de l’énumérer : maisons, frères, sœurs, père, mère, enfant ou terre. Et il ne craint pas non plus, évidemment, de révéler la mesure de la gratitude de Dieu : « il recevra beaucoup plus, et il aura en héritage la vie éternelle ».

Ce dont il est d’abord question est donc un héritage. Et donc d’héritiers. Voilà la vraie dimension de la personne humaine : héritiers de la vie éternelle ! Etre soi-même, c’est être ce fils de Dieu qui reçoit en partage la vie même de Dieu.

Cette découverte ne manque pas d’actualité dans un monde où tous prétendent à une plus grande authenticité, où le désir d’être soi-même est exaspéré, et, paradoxalement, étouffé. C’est que vivre en accord avec ce que nous sommes, est vivre dans la paix née de l’amour du Christ. Cette paix donne leur qualité aux monastères. Si elle n’était que le fruit d’une ascèse particulière ou d’un effort psychologique, elle ne serait pas si intense, elle ne comblerait pas les âmes d’une plénitude incomparable.

Le secret de la vie monastique réside dans cet abandon total, choisir de ne rien préférer au Christ, préférer à tout une intimité continue avec le Dieu vivant et personnel qui fait naître et s’épanouir les profondeurs de notre être. Le pape Paul VI disait du moine qu’il est « l’homme regagné à lui-même ». Merveilleuse définition qui fait écho à la citation de saint Benoît : « Seul sous le regard du suprême témoin, il habita avec lui-même ».

Dire que la contemplation est la meilleure activité pour « se regagner soi-même », c’est marquer l’importance que la vie soit suffisamment intérieure pour qu’elle puisse s’extérioriser sans se perdre. Dire que la règle monastique veut fonder un laboratoire de la charité, c’est souligner que pour saint Benoît ce n’est pas d’abord l’ascèse ni la rigueur qui mènent à la conversion, mais la découverte d’un amour si fort qu’il peut nous détacher de nous-mêmes et nous faire triompher de nos résistances intérieures. L’amour de Dieu et du Christ est le premier ressort de la vie du moine, qui rencontre un Dieu qui ne doit pas seulement être adoré mais qui doit aussi être aimé comme un Père.

Cette rencontre faite, le monastère devient le lieu où aimer le prochain comme soi-même, dans l’espérance et la joie de l’Esprit. Les moines vivent en communauté car elle est le lieu où s’aimer fraternellement, tels que nous sommes, avec la franchise de gens qui se voient trop constamment et de trop prêt pour chercher à se jeter de la poudre aux yeux. C’est ainsi que l’on peut à juste titre parler de « famille » monastique. C’est ainsi que les enseignements de saint Benoît rejoignent aussi ceux qui pourraient s’en croire exclus puisqu’ils sont mariés. C’est ainsi que nous retrouvons la page d’évangile d’aujourd’hui.

Saint Matthieu nous le rappelle en effet, la vie chrétienne est ancrée dans le ciel. Par l’amour de Dieu et de nos frères nous anticipons dès ici bas le plein accomplissement de la vie que l’on obtient dans l’autre monde. Car Jésus ne s’adresse pas uniquement à ceux qui ont tout quitté pour le suivre. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’abonner les personnes mais les droits qu’on a sur eux. Jésus s’adresse à ceux qui ont compris que la qualité d’héritier résulte d’un don premier, la vie éternelle, laquelle magnifie tous les autres dons et multiplie au centuple les relations de parenté.

Que saint Benoît, par son exemple et son enseignement, nous obtienne d’ouvrir nos cœurs aux dimensions de l’infini de Dieu, pour que, renouvelés dans l’Esprit reçu au jour de notre baptême, nous vivions avec notre Dieu cette intimité ineffable dans laquelle il nous dit tendrement « Ecoute, ô mon fils… »


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