jeudi, 27ème semaine du temps ordinaire

La scène imaginée par Jésus - qui ne manque décidément pas d’humour - rapporte un dialogue entre deux amis : le terme apparaît quatre fois dans ces quelques versets. Lorsque Jésus nous invite à avoir de l’audace, de la persévérance, voire même du sans-gêne dans les demandes que nous adressons à Dieu, c’est au nom de l’amitié dans laquelle nous sommes rétablis avec le Très-Haut, au-delà de la fracture du péché. Notre-Seigneur se situe donc explicitement dans la perspective de son œuvre rédemptrice.
« Si vous qui êtes mauvais » : l’affirmation ne vise pas seulement les auditeurs de l’époque ; il s’agit d’un constat portant sur toute l’humanité, marquée par l’héritage du premier Adam [« Il n’y a pas de différence : tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu… » (Rm 3,23)]. Pourtant Jésus nous invite à oser nous considérer comme les amis de Dieu - plus exactement ses fils, puisqu’il est question du « Père céleste », qui est tout disposé à « donner l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » [« …lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus » (Rm 3,24)]. Le don de Dieu offert gratuitement aux hommes mauvais que nous sommes, que peut-il être d’autre que la Miséricorde qui nous réconcilie avec le Père et nous donne part à sa propre vie ?
Où est-il le Dieu méchant, vengeur, jaloux de l’homme qui hante nos inconscients ? N’est-il pas évident que nous avons créé une idole à notre image, aussi mauvaise que nous, voire pire encore ? Le curé d’Ars prêchait que la miséricorde est puissante « comme un torrent débordé qui entraîne les cœurs sur son passage », et plus empressée que la sollicitude d’une mère, car Dieu est « plus prompt à pardonner qu’une mère ne le serait à tirer son enfant du feu ».