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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Bonaventure, évêque et docteur de l’Eglise,

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat » : Par ces mots, Jésus touche à une des institutions les plus fortes et les plus identitaires du Judaïsme. Pour le juif, le sabbat se présente avant tout comme une invitation à imiter Dieu qui s’arrête au terme de son œuvre créatrice. Par son travail, l’homme imite l’activité du Dieu créateur, par le chômage du septième jour, il imite le repos sacré de ce même Dieu qui sanctifie sa création et, en son centre, l’homme qu’il a modelé à son image et à sa ressemblance. Le sabbat est donc un signe donné à Israël pour qu’il garde en mémoire que Dieu le sanctifie et découvre peu à peu que le vrai repos ne se réduit pas à la cessation de l’activité mais à son accomplissement.

Mais quel homme pourrait soutenir avoir achevé son œuvre au soir du sixième jour ? Et quel homme pourrait justement prétendre au repos sacré du septième ? Si l’homme s’arrête le jour du sabbat, n’est-ce pas, somme toute, pour mieux reprendre, dès le lendemain, son activité ?

L’imitation à laquelle la loi du sabbat convie l’homme n’est en réalité qu’une succession de pauses et de reprises. Pour l’homme, le sabbat ne sera jamais pleinement réalisé ici-bas. Il ne sera, en fait, qu’une relance pour un repos sanctifié toujours davantage. Il y aurait illusion à croire que l’imitation du Créateur pourrait être parfaite. Car en tant qu’imitation le sabbat de l’homme ne restera toujours qu’une imitation du sabbat de Dieu. Mais loin d’être une limite, cela en fait au contraire toute sa richesse.

Par la loi de succession d’arrêts et de reprises qu’il impose à l’homme, le sabbat le garde de tout mythe prométhéen. Il vient purifier en l’homme le désir de l’œuvre envisagée et lui apprend à la recevoir de Dieu. Pour rester dans la symbolique biblique, on pourrait dire que le sabbat vient ébranler au fondement la tour de Babel que tout homme est tenté de se construire.

Quel est donc l’homme qui pourrait se prétendre « maître du sabbat » ? Le Fils de l’homme ? Mais se fait-il pour autant l’égal du Créateur ? En réalité, qui se fait l’égal de Dieu ? Celui qui se présente comme le « maître du sabbat » ou bien celui qui sait mieux que Dieu lui-même qu’en Lui « repos » doit s’identifier à « inaction » ?

Mais voilà, au terme de la création, « repos de Dieu » n’est pas synonyme d’inactivité : Dieu continue de régir le monde et de vivifier les hommes. C’est bien ce que Jésus a conscience d’imiter et qu’il accomplira en plénitude dans sa résurrection. Le sabbat de l’homme rejoindra alors le sabbat de Dieu. Le devenir sera un éternel présent et le présent sera un éternel devenir en Dieu. En Jésus ressuscité, la distance entre l’homme et Dieu sera définitivement abolie. Voilà pourquoi, la clôture de la loi, gardienne de vie pour l’homme qui tendrait à se faire l’égal de Dieu, peut en Jésus être définitivement franchie. Oui, seul le Fils de l’homme est bien le maître du sabbat. Et en lui tout homme est appelé à le devenir.

« Seigneur Jésus Christ, apprend-nous à recevoir de ta main chacune de nos entreprises. Apprend-nous que le repos de ton sabbat n’a rien de commun avec une inactivité qui conduirait à la mort mais qu’au contraire il est le signe et le rappel que tout ouvrage humain, à l’image de ton œuvre de création, est appelé à s’accomplir dans le triomphe de la vie. »


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