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 - 14 avril 2024 - Sainte Lidwine
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Homélie

Saint Laurent de Brindisi, prêtre et docteur de l’Eglise,

« Pourquoi parles-tu en paraboles ? » ; la réponse de Jésus pourrait se résumer : pour respecter votre liberté ; c’est-à-dire : pour permettre aux pauvres de cœur d’accéder aux mystères du Royaume, sans empêcher ceux qui croient savoir de demeurer dans leur suffisance. Les paraboles en effet parlent de Dieu sans le nommer ; elles suggèrent sa présence et son action sans les décrire. Nous pourrions dire que Dieu à la fois s’y cache et s’y révèle en transparence. Le discours théologique donne l’illusion d’avoir résolu « le problème Dieu » ; dans la parabole il nous échappe toujours. Dieu semble se retirer pour nous entraîner à sa suite dans les profondeurs de son mystère.
En choisissant cette méthode d’enseignement, Jésus ne fait que poursuivre une pédagogie divine qui se développe tout au long de la première Alliance. Il est long le chemin entre la théophanie de l’Horeb dont nous avons entendu le récit en première lecture, et celle dont fut gratifiée Elie en ce même lieu. Lorsque Dieu parle à Moïse, « la montagne du Sinaï était toute fumante, car le Seigneur y était descendu dans le feu ; la fumée montait, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait violemment. Le son de la trompette était de plus en plus fort. Moïse parlait, et Dieu lui répondait dans le tonnerre ». Quelques siècles plus tard, lorsque Elie pourchassé par Jézabel retourne à l’Horeb, le Seigneur l’invite à se tenir devant lui : « A l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après le tremblement de terrer, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Elie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne » (1 R 19, 10-12). Dieu n’est même pas dans la brise légère : celle-ci ne fait qu’annoncer sa venue. La nature est signe de la présence divine, mais ne parle de lui qu’à mots voilés. La force de Dieu se fait pressentir dans l’ouragan, mais sa toute-puissance est infiniment supérieure à tout ce que nous pouvons imaginer. De même pour les autres attributs divins : sa beauté s’annonce à travers la beauté de ce monde, mais elle n’en demeure pas moins ineffable. Toute théologie est nécessairement apophatique : elle est obligée de nier ce qu’elle affirme de Dieu à partir de la contemplation de la nature, car le Créateur est sans commune mesure avec la créature. Il en va de même dans l’ordre de la pensée : tout ce que nous pouvons concevoir de Dieu à partir de notre raison n’est que fétu de paille devant l’Au-delà de tout : « Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, mes pensées, au-dessus de vos pensées » (Is 55, 8-9).
Comment dans ces conditions pourrions-nous connaître Dieu ? La réponse nous vient de Jésus : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11,25-27). Seul le Fils peut révéler le Père en vérité à ceux qui s’ouvrent à son Esprit. Si Notre-Seigneur se sert des paraboles pour nous communiquer cette Révélation, c’est précisément parce qu’elle ne prétendent pas conceptualiser Dieu ; elles ne le présentent pas comme un objet de connaissance, mais elles suggèrent le chemin d’une rencontre personnelle avec lui dans l’amour. Les récits paraboliques ont le pouvoir d’élever celui qui se laisse conduire, d’une compréhension littérale à une intuition de ce qui y est suggéré concernant le Royaume. Mais ceux dont « le cœur est alourdi, qui sont devenus durs d’oreille, qui se sont bouchés les yeux », ne sont pas pour autant contraints de se convertir : ils demeurent libres de refuser la Révélation ainsi que la guérison que Notre-Seigneur leur offre à travers les paraboles. Par contre celui qui s’ouvre aux « mystères du Royaume des cieux, recevra encore et sera dans l’abondance » : à eux est réservé le bonheur de reconnaître en Jésus le Messie annoncé par les prophètes, d’entendre en lui la Parole ultime du Père, et de voir en sa Personne l’accomplissement de la promesse.

« “Bénis sois-tu Seigneur, Dieu de nos pères” (Dn 3, 52), “pour la grâce que tu nous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui nous avons reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu” (1 Co 1, 5). Ne permets pas que nos cœurs se ferment et s’endurcissent au point d’oublier tout le bien que tu nous as fait ; mais accorde-nous largement ton Esprit Saint, afin que nous puissions toujours être comptés parmi ceux que tu déclares “heureux” parce que leurs yeux voient, que leurs oreilles entendent, et parce qu’ils se laissent guérir. »


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