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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

Nativité du Seigneur

Une coutume antique prévoit pour la fête de Noël, trois messes dites respectivement « de la nuit », « de l’aurore » et « du jour ». Dans chacune, à travers les lectures qui changent, est présenté un aspect différent du mystère, afin d’en avoir une vision en quelque sorte tridimensionnelle. L’Evangile de la messe de la nuit se concentre sur l’événement, sur le fait historique. Il est décrit avec une simplicité déconcertante, sans aucune explication. Trois ou quatre lignes de paroles humbles et ordinaires, pour décrire l’événement incontestablement le plus important de l’histoire du monde : la venue de Dieu sur la terre.
La tâche de mettre en lumière la signification et la portée de cet événement est confiée, par l’évangéliste, au chant que les anges entonnent après avoir transmis l’annonce aux bergers : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». Dans le passé, cette expression était traduite différemment : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ». L’expression est entrée dans le chant du Gloria avec cette signification [c’est le cas en italien, ndlr], et elle est devenue une expression courante dans le langage chrétien. Depuis le Concile Vatican II, on a l’habitude d’indiquer avec cette expression tous les hommes honnêtes qui recherchent la vérité et le bien commun, qu’ils soient croyants ou non.
Il s’agit toutefois d’une interprétation inexacte qui a par conséquent été abandonnée aujourd’hui. Dans le texte biblique original il s’agit des hommes qui sont aimés de Dieu, qui sont objets de la bonne volonté divine, et non pas qui sont eux-mêmes dotés de bonne volonté. L’annonce devient ainsi encore plus réconfortante. Si la paix était accordée aux hommes pour leur bonne volonté, elle serait limitée à un petit nombre, à ceux qui la méritent ; mais comme elle est accordée en fonction de la bonne volonté de Dieu, par grâce, elle est offerte à tous. Noël n’est pas un appel à la bonne volonté des hommes mais une annonce éclatante de la bonne volonté de Dieu pour les hommes.
La phrase-clé pour comprendre le sens de la proclamation des anges est donc la dernière, celle qui parle de l’amour de Dieu pour les hommes, comme source et origine de tout ce que Dieu a commencé à accomplir à Noël. Il nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs, c’est « ce qu’il a voulu dans sa bienveillance » (Ep 1,5), écrit l’Apôtre ; il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, selon ce qu’il prévoyait « dans sa bienveillance » (Ep 1,9). Noël est l’épiphanie suprême de ce que l’Ecriture appelle la philanthropie de Dieu, c’est-à-dire son amour pour les hommes : « Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes » (Tt 3,4).

En venant au monde, Jésus a répandu en abondance parmi les hommes des dons de bonté, de miséricorde et d’amour. C’est ce qui fait s’exclamer saint Jean : « Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu » (1 Jn 3,1). Celui qui s’arrête pour méditer devant le Fils de Dieu qui est couché, sans défense, dans la crèche ne peut être que surpris par cet événement humainement incroyable ; il ne peut pas ne pas partager l’émerveillement et l’humble abandon de la Vierge Marie, que Dieu a choisie comme Mère du Rédempteur précisément en raison de son humilité. Dans l’Enfant de Bethléem, chaque homme découvre qu’il est gratuitement aimé par Dieu ; dans la lumière de Noël, se manifeste à chacun de nous la bonté infinie de Dieu. En Jésus, le Père céleste a inauguré une nouvelle relation avec nous ; il nous a rendus « fils dans le même Fils ».

L’Apôtre bien-aimé du Seigneur souligne que des fils, « nous le sommes » (1 Jn 3,1) : nous ne sommes pas seulement des créatures, mais nous sommes des fils ; de cette manière, Dieu est proche de nous ; de cette manière il nous attire à lui au moment de son incarnation, en se faisant l’un de nous. Nous appartenons donc vraiment à la famille qui a Dieu comme Père, car Jésus, le Fils unique, est venu planter sa tente parmi nous, la tente de sa chair, pour rassembler toutes les nations en une unique famille, la famille de Dieu, appartenant réellement à l’Etre divin, unis en un seul peuple, une seule famille. Il est venu pour nous révéler le véritable visage du Père. Et si, à présent, nous utilisons la Parole de Dieu, il ne s’agit plus d’une réalité connue seulement de loin. Nous connaissons le visage de Dieu : c’est celui du Fils, venu pour rendre les réalités célestes plus proches de nous, de la terre. Saint Jean remarque : « Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés » (1 Jn 4,10). A Noël, retentit dans le monde entier cette annonce simple et bouleversante : « Dieu nous aime ».
Ce n’est qu’après avoir contemplé la « bonne volonté » de Dieu envers nous, que nous pouvons nous occuper aussi de la « bonne volonté » des hommes, c’est-à-dire de notre réponse au mystère de Noël. « Nous aimons — dit saint Jean — parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier » (1 Jn 4,19). Ce mystère de Noël, de la "bonne volonté de Dieu", de l’Amour de Dieu, est désormais déposé entre nos mains pour que, en faisant l’expérience de l’amour divin, nous vivions tendus vers Dieu en étant tendu par la charité vers nos frères et sœurs en humanité.
A nous maintenant d’imiter l’action de Dieu à notre égard. Imiter le mystère que nous célébrons signifie abandonner toute pensée de se faire justice soi-même, tout souvenir de tort reçu, effacer de son cœur tout ressentiment, même juste, envers tous. N’admettre volontairement aucune pensée hostile, contre personne : ni contre ceux qui sont proches ni contre ceux qui sont loin, ni contre les faibles ni contre les forts, ni contre les petits ni contre les grands de la terre, ni contre aucune créature existant au monde. Et cela, pour honorer le Noël du Seigneur, car Dieu n’a pas gardé rancune, n’a pas tenu rigueur pour les torts reçus, il n’a pas attendu que d’autres fassent le premier pas vers lui. Si cela n’est pas toujours possible au cours de l’année, faisons-le au moins pendant le temps de Noël. Ainsi Noël sera vraiment la fête de la bonté car il sera fondé sur l’expérience du pardon offert gratuitement à la suite du pardon que Dieu nous a lui-même offert gratuitement.


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