lundi, 1ère semaine du temps ordinaire

Saint Marc ne propose pas de récits de l’enfance. Il se contente de situer son propos en quelques versets très sobres : une proclamation kérygmatique introductive : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu » (1, 1) ; le rappel du ministère de Jean Baptiste en six versets (1, 2-8) ; deux versets lui suffisent pour décrire le baptême du Seigneur (1, 9-11), et deux autres pour relater les tentations au désert (1, 12-13). Le Prologue de l’évangile de Marc ne compte donc que treize versets, après quoi nous plongeons dans la vie publique, avec le passage que la liturgie de ce jour nous invite à méditer.
Tout va d’amblée très vite : Jésus ne semble pas avoir une minute à perdre ; il part pour la Galilée, passe au bord du lac, appelle à sa suite Simon et André, puis Jacques et Jean. Les futurs disciples ont apparemment perçu l’urgence, puisqu’ils obéissent instantanément à son appel : « Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent ». Etonnant Rabbi qui n’invite pas ses disciples à s’asseoir posément pour recevoir ses enseignements, mais leur enjoint immédiatement de se mettre en marche à sa suite. Au fil des versets, l’évangile prendra de plus en plus l’allure d’un exode, impliquant un arrachement résolu au monde ancien, et un attachement inconditionnel et exclusif à la personne du Christ, nouveau Moïse, qui seul peut nous introduire dans le Royaume de Dieu son Père.
La succession des verbes marque les étapes : il s’agit d’abord de nous arracher à nos vieilles habitudes, aussi légitimes qu’elles aient été dans le temps de l’attente. « Laissez vos filets et vos barques, et "croyez à la Bonne Nouvelle" » : ce serait nous faire illusion de penser que nous pourrions croire vraiment en l’Evangile - c’est-à-dire fonder notre vie sur le Christ - sans poser des actes de rupture, sans renoncer à garder la maîtrise de nos vies. Cette conversion salutaire s’avère indispensable, si nous voulons éviter que l’appel du Christ ne soit que le « complément religieux » d’une existence toute humaine. Seul celui qui accepte de passer par la porte étroite et de tout miser sur le Christ, choisissant de devenir son disciple par une vie toujours plus conforme à sa Parole et à son exemple, verra le « Règne de Dieu » faire irruption dans sa vie.

« Jésus, que ta Parole déchire le voile ténébreux de nos habitudes, de nos compromissions, de nos peurs. Réveille-nous de notre léthargie spirituelle, arrache-nous à nos inerties, et donne-nous la force de te suivre nous aussi comme tes premiers disciples, afin de vivre le "temps ordinaire" qui commence en ce jour, comme un temps de conversion à la Bonne Nouvelle : "Le Règne de Dieu est tout proche". »