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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Pierre Chrysologue, évêque et docteur de l’Eglise,

La renommée de Jésus inquiète : on en parle dans les chaumières, mais aussi dans les palais du Roi Hérode. Un homme hors de l’ordinaire, qui de surcroît accomplit des miracles : il n’en faut pas plus pour mettre en branle l’imaginaire. Qui peut bien être ce personnage insolite ?
Hérode cherche du côté d’un revenant : selon lui Jésus serait Jean Baptiste ressuscité des morts. Il faut vraiment que le Précurseur hante la conscience de notre roitelet de pacotille pour qu’il le voie ressurgir ainsi dans la personne du Rabbi de Nazareth ! Que c’est-il donc passé pour qu’il soit obsédé de la sorte par le Baptiste ? Pour comprendre cette réaction, Mathieu nous invite à faire un flash back sur les circonstances particulièrement sordides de la mort du Précurseur.
Jean avait eu le tort de reprocher publiquement à Hérode qu’il n’avait pas le droit d’épouser la femme de son frère. Ce tyran sanguinaire n’avait guère l’habitude de se laisser dicter sa conduite ; aussi aurait-il voulu faire payer très cher au Baptiste cette intervention déplacée. Mais il était obligé de tenir compte de l’opinion de la foule, cette masse stupide qui « tenait Jean pour un prophète ». Il se contenta donc de le faire arrêter et jeter aux fers.
La présentation de l’évangéliste Marc est un peu plus nuancée : « Hérode craignait Jean, nous dit-il, sachant que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait (sous-entendu contre la jalousie d’Hérodiade). Quand il l’avait entendu, il restait fort perplexe ; cependant il l’écoutait volontiers » (Mc 6,20). Jean était en quelque sorte la « conscience » d’Hérode : celui-ci était touché par sa parole, qui réveillait en lui le meilleur de lui-même. Dans cette perspective, Hérode a peut-être consenti à l’emprisonnement de Jean pour calmer la fureur d’Hérodiade, qui avait juré sa mort.
Les choses vont se précipiter lors d’une fête en l’honneur du Roi. La fille d’Hérodiade danse devant une assemblée saturée de vin décantés, et le Roi, dans son ébriété fanfaronne : se prenant pour un Dieu disposant de toutes choses selon son bon vouloir, il s’engage par serment à accéder à la demande de la jeune fille, quelle que soit sa requête. Hérodiade saisit l’occasion tant attendue, et persuade sa fille de demander « la tête de Jean le Baptiste ».
Hérode n’aurait eu aucune difficulté à reprendre sa parole : il y a une telle disproportion entre la promesse donnée et l’exigence de la jeune fille, qu’il aurait pu se tirer d’affaire avec une réplique humoristique, sans que l’incident ne nuise à sa réputation. Mais une telle attitude supposerait que notre personnage possède encore une échelle de valeur à laquelle se référer. Or il s’est mis délibérément hors de la Loi de Dieu, pour être à lui-même sa seule référence.
L’instant est crucial, car en demandant la tête du Baptiste, la jeune fille lui demande par le fait même de sacrifier sa conscience.
Hélas, lorsque les passions de l’âme aveuglent l’intelligence et paralysent la volonté, on peut s’attendre au pire. Entraîné par l’inertie du péché, le Roi ira jusqu’au bout du chemin de confusion sur lequel il s’est engagé en commettant l’inceste. Ne respectant plus les interdits de Dieu ni ceux des hommes, il va transformer un repas d’anniversaire - qui devrait être une action de grâce pour la vie reçue - en un festin sordide où Hérodiade peut rassasier sa haine en savourant le spectacle de la tête du Baptiste, qui lui est présentée sur un plat.
La perte du sens du caractère sacré et inviolable de la vie, joint au relativisme éthique qui prétend que les normes morales ne sont que des conventions arbitraires que chacun peut fixer à sa convenance - en attendant de s’en débarrasser définitivement - pourraient bien conduire notre humanité dans une impasse dramatique.
Car lorsque l’homme, pour satisfaire ses passions, étouffe sa conscience, il peut très rapidement tomber plus bas que les bêtes. L’histoire de notre pauvre humanité ne fournit que trop d’illustrations de ce processus de régression à des comportements infrahumains.
L’expérience montre qu’il est hélas plus facile de descendre la pente de la perdition que de la remonter. D’où l’importance de ne pas s’y engager. Toute compromission avec la vérité risque toujours d’être le premier pas dans un engrenage qui finit par nous entraîner là où nous n’aurions pas voulu aller.

« Esprit Saint, Esprit de lumière, donne-nous de discerner le bien et le mal, et garde-nous vigilants dans le combat spirituel, car les yeux de notre cœur sont enténébrés par le péché. Attire-nous dans le silence pour y écouter ta voix, qui du fond de notre conscience, nous exhorte à éviter les abîmes des ténèbres, et nous indique le chemin de la vérité et de la vie que nous ouvre le Christ. »


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