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 - 28 mars 2024 - Saint Gontran
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Homélie

lundi, 4ème semaine du temps ordinaire

Jésus passe en Décapole - terre païenne – apparemment sans autre motif que d’y rencontrer le malheureux tombé sous l’emprise des démons. La description suggère qu’il s’agit d’un cas de possession particulièrement grave : les forces du mal se déchaînent et obligent le malheureux à s’autodétruire. La possession est décrite comme une dissociation interne : l’homme est écartelé entre deux motions contradictoires qui s’affrontent et le déchirent : « Voyant Jésus de loin », il accourt et se prosterne devant le Seigneur dans un geste d’adoration, d’abandon, de supplication. Mais lorsqu’il ouvre la bouche, c’est un autre qui parle en lui et qui tente de maîtriser le Seigneur par une adjuration.
Ce genre d’aliénation ne nous est pas étrangère : elle pourrait même représenter le triste sort de notre humanité gisant sous le joug du péché. Certes nous ne sommes pas « possédés » au sens fort du terme, mais ne sommes-nous pas dans l’incapacité d’accomplir le bien auquel nous aspirons ? Or c’est précisément au creux de cette prise de conscience que la Bonne Nouvelle apparaît dans toute sa puissance libératrice : Jésus délivre ce malheureux par la seule autorité de sa Parole souveraine ; l’homme retrouve instantanément ses esprits et adopte un comportement normal : il est redevenu « raisonnable ». Quant aux démons - aux nombreux démons puisqu’ils sont légion ! - ils demandent d’être envoyés dans les porcs : les esprits impurs cherchent les animaux impurs ; ils passent du cimetière à la mer, deux lieux symbolisant la mort.
L’ordre nouveau que le Seigneur vient instaurer, dévoile nos complicités avec le chaos démoniaque ; il effraye les concitoyens de l’ex-possédé - comme chacun de nous ? - qui « supplient Jésus de partir de leur région ». En sa personne, le Seigneur nous offre la possibilité de mettre fin au compromis entre le bien et le mal auquel l’humanité a consenti depuis le péché des origines ; mais il ne nous impose pas cette séparation libératrice. Oserons-nous choisir de venir à la lumière ?

« Comment se fait-il Seigneur que tu nous aies libérés et que pourtant nous ployons encore sous le joug de l’ennemi ? Serait-ce donc que nous t’empêchons de déployer ta victoire dans nos vies ? Ne permet pas que la peur devant l’irruption de ta grâce dans nos vies nous éloigne de toi, mais donne-nous d’oser nous exposer à ta parole de salut. Nous pourrons alors assurer ce témoignage de proximité que tu nous confies, et annoncer à nos proches "tout ce que tu as fait pour nous dans ta miséricorde". »


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