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 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
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Homélie

Saint Eusèbe de Verceil, évêque,

« Des scribes et des pharisiens venus de Jérusalem » : il s’agit d’une délégation officielle, parlant au nom du collège des sages. Leur reproche concerne la liberté que prennent les disciples de Jésus par rapport aux ablutions traditionnelles.
Jésus ne répond même pas à la question de ses interlocuteurs ; ce qui laisse supposer que leur demande n’est pas droite : ils ne cherchent pas à comprendre le motif du comportement des disciples, mais seulement à fustiger l’autorité de ce Rabbi qui prend décidément trop d’ascendant sur le peuple.
Notre-Seigneur « appelle la foule » - qui s’était sans doute éloignée à l’approche des notables - et l’exhorte vigoureusement à se libérer du joug des observances stériles qui font barrage à la rencontre avec le Dieu de l’Alliance. Jésus ne prend pas la défense de ses disciples : il reconnaît les faits qu’on leur reproche. Mais il ne se considère pas lié par les prescriptions de « la tradition des anciens », qui marquaient la séparation d’avec les autres hommes - les ablutions prétendaient en effet purifier les fils d’Israël des souillures contractées au contact avec des non-juifs.
Poussant plus loin sa critique du formalisme religieux, Notre-Seigneur récuse implicitement la distinction entre aliments purs et impurs, puisque rien de « ce qui entre dans la bouche ne rend l’homme impur ». « Dieu a créé les aliments pour que les fidèles, eux qui connaissent pleinement la vérité, les prennent avec action de grâce », expliquera plus tard Saint Paul, qui ajoute : « car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter si on le prend avec action de grâce. En effet, la parole de Dieu et la prière le sanctifient » (1 Tm 4, 3-5). Nous avons du mal à imaginer l’ampleur de la révolution religieuse provoquée par Jésus, et il n’a pas du être facile pour le pharisien Paul, disciple de Gamaliel, d’accéder à cette liberté, dont il deviendra le grand héraut. Dans la lettre aux Romains il généralise même cette position en affirmant : « Je le sais, j’en suis convaincu par le Seigneur Jésus : rien n’est impur en soi. Mais une chose est impure pour celui qui la considère comme telle » (Rm 14,14).
Cette liberté nouvelle par rapport aux règles extérieures, se double cependant d’une exigence bien plus grande : « Mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur ». Jésus précisera quelques versets plus loin ce qu’il entend par là : « Ce qui pénètre dans la bouche va dans le ventre pour être éliminé, tandis que ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. Car c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations. C’est tout cela qui rend l’homme impur ; mais manger sans se laver les mains ne rend pas l’homme impur » (Mt 15,17-20). Nous voilà renvoyés à notre responsabilité personnelle face au péché, qui seul nous rend « impur » devant Dieu. Remarquons aussi que les péchés évoqués par Jésus renvoient tous à un manque de respect envers nos frères : il est clair que Notre-Seigneur veut nous libérer d’une religiosité formelle pour que nous puissions nous engager résolument sur le chemin concret de la charité fraternelle.
Les pharisiens ont du manifester ostensiblement leur réprobation par une attitude scandalisée, que les disciples, inquiets, rapportent à leur Maître. La réponse de Jésus est tranchante : « Il n’y a rien à attendre de ces pseudo-guides au cœur endurci. Ils n’appartiennent pas à la vigne du Père. Leur “tradition” n’impose que des préceptes humains sans valeur religieuse. Ce sont des aveugles entraînant d’autres aveugles à leur perte : “laissez-les dire” mais ne les écoutez pas. N’espérez pas le salut de l’observance de préceptes humains ; veillez plutôt à accueillir la miséricorde divine, et à coopérer généreuse à l’action de la grâce dans le beau combat de la charité ».

« “Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit” (Ps 50). Purifie moi du pharisaïsme qui m’empêche de reconnaître mon péché et de recourir à ton pardon, dans l’illusion de pouvoir me sauver par mes œuvres. Veille sur mon cœur et mets une garde à mes lèvres, que je ne trahisse pas ton Evangile d’amour et de paix. »


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