Catholic.net International English Espanol Deutsh Italiano Slovensko
 - 16 avril 2024 - Saint Benoît-Joseph Labre
Navigation: Homélie

 

Homélie

Dédicace de la basilique Sainte-Marie Majeure,

« Si quelqu’un veut marcher derrière moi » : Jésus se présente comme un guide, en partance pour une terre étrangère. Personne n’est exclut du voyage : à chacun de se décider librement. Notre-Seigneur précise seulement les conditions de l’expédition.
Pour commencer il s’agira de « marcher derrière » lui, car nous ne connaissons ni le chemin ni la région dans laquelle il va nous introduire. Il nous faut donc renoncer à prendre des initiatives : tout notre savoir et notre expérience se révèleront vains en ces contrées étrangères dont nous ne connaissons pas les mœurs et coutumes.
« Qu’il prenne sa croix » : le périple s’annonce difficile ; de quelle croix s’agit-il ? Jésus ne le précise pas, mais le pronom possessif semble indiquer qu’elle est personnelle, différente pour chacun. De plus cette fameuse croix semble être le seul bagage qui soit autorisé : serait-ce donc qu’elle suffise pour accéder à cet autre monde ?
« Et qu’il me suive » : il ne suffit pas de « marcher derrière » Jésus, il faut encore le « suivre ». Ce verbe suggère dans les Evangiles la proximité, l’intimité réservée au disciple.
Le verset suivant est introduit par « car » : il s’agit donc d’une proposition explicative de la précédente. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera ». Le ton dramatique du discours se confirme ; notre vie semble sérieusement menacée en ce monde, au point que tous nos efforts pour la sauver vont s’avérer stériles : nous finiront pas la perdre. Seuls celui qui mise tout sur le Christ et se met à sa suite vers cette terre inconnue, sera sauvé et gardera sa vie. Ce départ est cependant un véritable saut dans le vide : « qui perd sa vie à cause de moi ».
La suite n’est pas davantage pour nous rassurer : Jésus nous invite à lever le nez du guidon, et à réfléchir à l’échéance inévitable. Même si nous parvenions à « gagner le monde entier », ou à nous enrichir comme Crésus, tout notre pouvoir et notre avoir ne nous servirait de rien pour échapper à l’étape finale vers laquelle converge et dans laquelle s’épuise toute vie.
Non seulement la mort est inévitable, mais elle n’est pas un simple anéantissement : au-delà du voile, bien des surprises nous attendent ! « Le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite ». Il y aura donc un jugement qui se fera sur base de nos actions en ce monde : sommes-nous sûrs de faire le poids ?
Il est donc grand temps de nous préoccuper de cet « au-delà » de notre vie quotidienne ; mais comment faire puisque par définition, personne n’est revenu de la mort, et que nous ne savons pas ce qui nous attend ?
A moins que le mystérieux voyage auquel Jésus nous invite, consiste précisément en une anticipation de la vie de l’autre côté du voile. Notre-Seigneur nous propose de vivre dès à présent dans les conditions du Royaume auquel la mort nous donnera accès, afin de ne pas être surpris au moment du grand passage.
Nul n’est descendu du ciel sinon le Fils de Dieu fait homme ; et il y est remonté après avoir traversé notre mort, afin de nous préparer une place dans la demeure de Dieu son Père. Si « par le baptême nous avons été mis au tombeau avec le Christ, avec lui nous avons été ressuscité, et notre vie reste cachée avec lui en Dieu » (Col 2,12 ; 3, 3). C’est à cette vie nouvelle que Jésus nous invite dès à présent. Nous comprenons mieux dès lors qu’il ne sert à rien de nous encombrer de bagages : le seul qui nous soit utile, c’est cette fameuse croix, la seule clé d’accès au Royaume des cieux.
Autrement dit, Jésus nous propose de vivre dès à présent au cœur de ce monde qui passe, comme des citoyens du monde à venir qui ne passera pas. Le pèlerinage auquel nous sommes conviés consiste à devenir ce que nous sommes en vertu de notre baptême : des fils de Dieu dans le Fils unique ; celui-là même qui chaque jour, dans chaque Eucharistie, vient au-devant de nous, pour nous nourrir du pain de la route et nous entraîner à sa suite.

« “Père, la sainteté est ton chemin ! Tu rachetas ton peuple avec puissance, tu le conduis comme un troupeau par la main” (Ps 76) de ton Fils bien-aimé. Donne-nous assez de confiance pour oser nous détacher de ce monde éphémère, et pour nous attacher de tout notre cœur, de toute notre âme, et de toutes notre force à Jésus. Puissions-nous, dans la force de l’Esprit d’amour, le suivre jour après jour sur le chemin qui conduit jusqu’à toi, Père, dans le Royaume où tu nous attends pour nous donner part à ta propre vie. »


Accueil | Version Mobile | Faire un don | Contact | Qui sommes nous ? | Plan du site | Information légales