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 - 24 avril 2024 - Sainte Marie-Euphrasie Pelletier
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Homélie

Férie de Carême

« Amen je vous le dis, aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays ». On perçoit dans ces quelques mots toute la souffrance de Jésus rejeté par ceux dont il a partagé durant trente ans la vie quotidienne. Mais plus largement, ce verset exprime également la souffrance du Messie, que les descendants des prophètes refusent de reconnaître, eux dont la mission était précisément de l’accueillir et de le présenter au monde. Aujourd’hui comme hier - et probablement jusqu’à la fin des temps - l’incarnation demeure cause de scandale. Comment l’Infini peut-il s’inscrire dans la finitude d’un corps, et d’un corps mortel par surcroît ? Comment l’Eternel peut-il entrer dans le temps ? Comment le Transcendant, le Pur, le Séparé, le Saint, peut-il s’abaisser jusqu’à partager notre condition humaine ? N’est-ce pas contraire à sa nature divine de se « souiller » par le contact avec la matière ?
Nous pourrions accumuler les tentatives de réponses élaborées tout au long de la Tradition chrétienne ; mais aucune de ces réflexions ne prétend épuiser le mystère : exiger de « comprendre » l’Incarnation rédemptrice serait encore une manière subtile de vouloir « maîtriser » les événements de notre salut plutôt que de les recevoir dans la foi. Il nous faut consentir à un dépouillement radical et accepter de nous laisser enseigner dans le silence de nos cœurs, par Celui qui vient de la part de Dieu pour nous instruire à l’école de l’amour divin.
Chaque Eucharistie accomplit pour nous ce grand mystère : le Seigneur nous purifie dans le Sang de l’Agneau de la lèpre du péché ; et il nous sauve de la famine en nous offrant gratuitement le Pain du ciel. Ce qu’Elie et Elisée n’avaient accompli que de manière préfiguratrice, nous est offert en plénitude dans le repas eucharistique. Prenons garde à ne pas mépriser comme Naaman l’humilité des signes : la toute-puissance de Dieu se révèle bien davantage dans la discrétion que dans les prodiges, comme l’Evangile nous l’apprend de la crèche au crucifiement. C’est ce que – hier comme aujourd’hui - les hommes ont du mal à entendre. Dans un geste qui anticipe celui de la Passion, les concitoyens de Jésus le poussent hors de la ville en direction d’une colline pour en finir avec lui. « Mais lui, passant au milieu d’eux », c’est-à-dire accomplissant la Pâque au milieu des siens et pour eux, « allait son chemin » vers le Père pour nous y préparer une place.

« Seigneur, le monde refuse le salut que tu lui offres en ton Christ ; il méprise l’humilité des sacrements chrétiens et préfère les parcours initiatiques et les pouvoirs occultes qui exaltent le moi psychique. Mais tu nous redis : "Tel n’est pas le don de Dieu pour vous" (Dt 18, 14) ; aussi voulons-nous descendre humblement jusqu’au Jourdain et nous plonger dans les sept fleuves de la grâce sacramentelle : alors notre chair redeviendra semblable à celle d’un petit enfant : nous serons purifiés ! »


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