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 - 14 avril 2024 - Sainte Lidwine
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Homélie

Férie de Carême

La controverse sur l’autorité par laquelle Jésus chasse les démons, est introduite par la mention de la délivrance d’un homme que le démon rendait muet. Ce récit très sobre nous donne la clé de lecture de la suite de la péricope.
Créé à l’image de Dieu, l’homme est l’être de la parole ; de même que Dieu se dit entièrement dans son Verbe, l’homme était appelé à s’exprimer et ainsi à se connaître par et dans la parole. C’est dans celle-ci que se nouent les relations, et plus particulièrement, c’est sur la vérité de la parole que se fonde l’amour.
En rendant l’homme étranger à Dieu, le péché a aliéné l’homme de lui-même : il ne se connaît plus et ne peut plus ni se dire ni se donner en vérité, tant il est vrai que je ne peux donner que ce dont je dispose, et donc ce que je connais. Mes pensées ne sont plus unifiées autour de mon « Je » spirituel dont elles émanent et qu’elles expriment, mais mon intériorité est dispersée en une multitude de pensées qui m’échappent, et bourdonne dans ma tête comme un essaim de mouches. Etymologiquement, « Béelzéboul » signifie précisément : le « Seigneur des mouches ». Voilà le nom de celui qui est à l’origine, par sa ruse mensongère, de la rupture dramatique de la relation de l’homme avec Dieu, de l’éclatement de sa relation à l’autre, et de son éparpillement intérieur. Or la vie est essentiellement relationnelle ; par conséquent cette triple rupture ne peut qu’engendrer la mort, à quelque niveau que ce soit. Voilà pourquoi Jésus affirme que le dia-bolos - celui qui nous sépare (diabolein) de Dieu et des autres tout en nous divisant intérieurement - est père du mensonge et homicide dès les origines (Jn 8,44). Aussi est-ce en chassant le démon que Jésus redonne la parole à cet homme – et à tout homme qui se tourne vers lui. Ce faisant, il nous sauve de notre triple aliénation : de Dieu, des autres, de nous-mêmes, et nous restaure dans notre vocation première.
Accuser Notre Seigneur de chasser le démon au nom de Béelzéboul est évidemment contradictoire : certes les démons se haïssent entre eux, puisqu’ils sont incapables de nourrir d’autres sentiments ; mais ils convergent dans leur commune volonté de détruire l’œuvre de Dieu, de faire retourner la création au chaos d’où le Tout-Puissant l’a appelée pour la faire participer à sa gloire, en le reconnaissant, lui son Créateur, comme Providence et Père. Chasser les démons au nom de leur chef signifierait que celui-ci s’est converti (ce qui est impossible en raison de sa nature angélique) et ne serait dès lors plus un démon. C’est par la seule force de l’amour que Jésus triomphe de notre ennemi ; qu’il nous redonne, dans le face à face avec lui, notre unité intérieure, qu’il nous rétablit dans notre relation à Dieu puisqu’il est le Verbe fait chair, et aux autres puisqu’en lui, le fils de l’Homme, nous rencontrons tout homme.
On comprend dès lors que Notre Seigneur puisse affirmer : « Celui qui ne s’efforce pas de rassembler avec moi dans la charité les enfants de Dieu dispersés par la malice du démon, a rejoint son camp, et se dresse contre moi pour faire obstacle à l’œuvre de recréation que le Père m’a confiée ».

« Seigneur envoie sur nous ton Esprit, que nous puissions devenir tes coopérateurs dans l’édification de la civilisation de l’amour, en témoignant par notre vie transformée, que le pouvoir du démon est vaincu, et que "le Règne de Dieu est survenu pour nous". »


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